Tiré d’archives inédites, ignorées pendant deux cents ans, de Saint-Denis, le « garde des livres » de l’Empereur, ce livre renouvelle considérablement la connaissance que nous avions de l’exil à Sainte-Hélène.
Napoléon, sa dernière passion dévorante à Sainte-Hélène
S’il fut un lecteur insatiable toute sa vie, Napoléon le fut encore plus durant ses années d’exil à Sainte-Hélène vouant une véritable passion à sa bibliothèque qu’il aurait aimée plus riche.
Une passion «méconnue et dévorante». C’est ainsi que Jacques Jourquin définit le lien qui unissait Napoléon Ier à sa bibliothèque lors des dernières années de sa vie en exil sur l’île de Sainte-Hélène, dans son nouveau livre «La dernière passion de Napoléon»*. Vice-président de l’Institut Napoléon, l’auteur s’est justement penché sur la constitution et le contenu de celle-ci, menant une véritable enquête à partir d’archives inédites et ignorées depuis 200 ans.
Napoléon Bonaparte a toujours lu. Mais, prisonnier des Anglais sur ce bout de terre perdu dans l’océan Atlantique, à l’ouest des côtes de l’Angola et de la Namibie, l’ancien empereur ne se contente pas de dévorer les ouvrages qu’il a à sa disposition, qu’il les ait amenés avec lui ou qu'on lui ait envoyés. Endossant le rôle de bibliothécaire, il en gérait lui-même l’organisation avec son fidèle serviteur Louis-Etienne Saint-Denis, plus connu sous le nom de «mamelouk Ali». «Au premier, l’invention, l’organisation, la décision, au second l’exécution et la rédaction des ordres, qui ne concernent plus maintenant les états et les mouvements de corps d’armée mais des bataillons de livres à ranger et à cataloguer», précise Jacques Jourquin.
Napoléon estimait devoir avoir, vu sa position, 60.000 volumes
Côté lectures, Napoléon a l’embarras du choix. Il dispose de livres d’histoire, de théologie, d’art militaire, de politique, de géographie, de sciences, d’art, de jurisprudence, de philosophie… ainsi que des romans, du théâtre, des récits de voyages, des biographies. Cependant, leur nombre ne le satisfait pas. Comme le rapporte Jacques Jourquin, le 15 juillet 1816, neuf mois après son arrivée à Sainte-Hélène, il interpelle vivement le gouverneur britannique Hudson Lowe en ces termes: «Il est impossible que votre gouvernement nous laisse ici. Mieux vaudrait être dans un cachot à Londres. J’aurai toujours une heure pour me promener, des nouvelles de ma famille, des gazettes, des livres. J’ai 1.800 volumes. Ce n’est pas là une bibliothèque pour un homme de ma position. Il me faut 60.000 volumes et les ressources d’une grande ville». Jamais il n’obtint bien évidemment autant d’ouvrages. A don décès la bibliothèque de sa maison de Longwood en comptait environ 3.500, selon les inventaires de Louis-Etienne Saint-Denis, récemment découverts et analysés en détail par l’auteur.
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