Hemingway attachait plus d'importance à ses "histoires", ses nouvelles,
qu'à ses romans. Ecrire une bonne histoire, encore une bonne histoire,
fut l'obsession de sa vie, les lettres publiées ici en témoignent. C'est
là qu'il atteint la concision - son idéal d'écriture formulé très tôt
-, et qu'il obtient ce qu'il vise : la synthèse de l'imaginaire et de
l'expérience vécue. " La seule écriture valable, c'est celle qu'on
invente, celle qu'on imagine."
78 nouvelles sont réunies dans ce volume : toutes celles qu'il publia de
son vivant en recueils ; mais aussi les nouvelles, esquisses et
fragments parus dans des revues ou qui ont été retrouvés dans ses
papiers après sa mort.
" Fallait-il dire qu'elle avait fait, la première, ce que personne
n'avait jamais fait mieux depuis ; fallait-il parler des jambes brunes
et charnues, du ventre plat, des petits seins durs, des bras qui
enlaçaient si bien, de la langue agile, des yeux plats, du bon goût de
la bouche. Fallait-il parler ensuite de la gêne, de l'étreinte, de la
douceur, de la moiteur, de la tendresse, de l'étreinte encore, de la
souffrance de la plénitude et de cette fin qui ne finissait pas, qui ne
finissait jamais et tout d'un coup était là, quand le grand oiseau
s'envolait comme une chouette dans le crépuscule ; fallait-il dire que
cela n'arrivait qu'en plein jour au milieu des bois avec des aiguilles
de pin collées au ventre. "
Par le prisme des femmes qui ont partagé sa vie, le portrait inédit d’un géant de la littérature américaine. Correspondant de guerre et amateur de safaris et de pêche au gros, Hemingway a nourri son œuvre de son vécu.
Né en 1899, à Oak Park, une banlieue paisible de Chicago, Hemingway répond tout jeune à l’appel du large : à 18 ans, il s’engage comme ambulancier de la Croix-Rouge sur le front italien, où il sera blessé. Au lendemain de la Grande Guerre, devenu journaliste, l’intrépide est recruté en 1920 par le Toronto Star comme correspondant étranger. Ses pas et sa plume vont notamment le conduire à Paris, auprès des Républicains pendant la guerre civile espagnole ou encore à Londres, prise sous le Blitz hitlérien. S’embarquant pour des cieux plus ensoleillés que ceux de son Illinois natal, après s’être pris de passion pour la tauromachie, l’écrivain goûte aux plaisirs des safaris en Afrique et à ceux de la pêche au gros au large de Key West avant de recevoir, pour Le vieil homme et la mer, le Pulitzer et le Nobel de littérature, en 1954. Au cours de ces quatre décennies, il aura aussi épousé quatre femmes qui, tour à tour, tenteront de le sauver de ses démons, entre enfance compliquée, frénésie d’alcool et terreur de la page blanche.
Les femmes de sa vie
Pour explorer la vie romanesque dont Ernest Hemingway a nourri son œuvre, Virginie Linhart (Vincennes, l'université perdue) braque la focale sur les femmes qu’il a aimées et épousées et dont il a été aimé. Si aucune ne ressemble à l'autre, ces quatre histoires d’amour éclairent différentes facettes de sa personnalité et de son parcours, chacune correspondant à un territoire et une époque : Elizabeth Hadley, au Paris bohème des années 1920 ; Pauline Pfeiffer, à la Floride de la décennie suivante ; Martha Gellhorn, à l’Europe ravagée par la Seconde Guerre mondiale ; et enfin Mary Welsh, aux plages de La Havane et au retour dans l’Amérique profonde, jusqu'au suicide d'Hemingway en 1961. Riche de formidables archives (photos et films), racontées en voix off par la comédienne Anaïs Demoustier, une émouvante immersion dans l’intimité d’un écrivain hors norme.
Documentaire de Virginie Linhart (France, 2020, 53mn)
Disponible jusqu'au 04/11/2021
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