dimanche 13 juin 2021

Livre - Théatre - Musset


 Lorenzino, Lorenzetta, Renzo, Renzino: Musset module à l'infini les surnoms et les masques pour désigner Lorenzo de Médicis, androgyne à l'aspect maladif qui nourrit en secret un projet terrible. Lorenzaccio, cousin et favori du duc Alexandre, est un modèle de débauche qui a pourtant ses entrées chez ceux qui la déplorent. Il sait que son acte, désespéré mais nécessaire sur le plan privé, sera récupéré par le flux, transformé en geste public dérisoire sur le plan universel. De tirades cyniques en monologues poignants, Musset trace les contours d'une silhouette fantasmagorique qui se détache d'une Florence en pleine déchéance. Pris au piège de son jeu bien plus qu'Hamlet, Lorenzaccio cultive son drame. Non pas comme d'autres romantiques cultivent leur mélancolie, mais parce que c'est le seul lien qui lui reste avec la réalité. Musset, après l'échec cuisant de La Nuit vénitienne, décide de composer ses pièces sans les faire jouer. Son œuvre sera donc un théâtre de spectres et de visions fugitives où l'individu fait place à des types humains participant à l'histoire, modelée à souhait par un enfant, non pas du siècle mais de tous les temps. Sana Tang-Léopold Wauters 


Octave, bohème et libertin, plaide auprès de Marianne, sa cousine par alliance, la cause de son ami, le timide et romanesque Coelio. Mais il n'obtient d'autre résultat que d'intéresser la jeune femme en sa propre faveur.
Par "caprice," elle lui offre un rendez-vous. Octave alors s'efface au profit de Coelio, mais le fait ainsi tomber dans un guet-apens. Drame de l'amitié autant que drame de l'amour, les Caprices sont surtout le drame de l'identité perdue. Coelio est le double d'Octave; Octave est "une autre Marianne."
Le chassé-croisé des personnages, divaguant comme Octave toujours ivre, errant comme Coelio définitivement perdu dans ses rêves, ou trottant comme Marianne allant et venant de chez elle à l'église au rythme des heures canoniales, fait du caprice à la Goya la figure même d'un destin cruel et absurde.

Dans Les Caprices de Marianne, en 1833, Musset nous présente les deux visages d'une jeunesse désenchantée: d'un côté, le ténébreux Coelio, habité par un désespoir amoureux; de l'autre, son ami ironique, Octave, qui parie sur la dérision généralisée. Entre les deux, la capricieuse Marianne fait le mauvais choix - et Coelio est tué à la suite d'une méprise. Douloureuse impasse du romantisme: mourir d'amour ou ne plus croire en rien.


Valentin, vingt-cinq ans, mène une vie de dandy vouée aux plaisirs et jure qu'il ne se mariera jamais, de peur d'être trompé. Quand son oncle, las de l'entretenir, lui propose de s'unir à Cécile de Mantes, une riche aristocrate, Valentin parie qu'il séduira incognito sa promise... dans le seul but de prouver qu'il ne doit pas épouser une jeune fille aussi sensible aux avances ! Cette comédie, l'une des plus gaies de Musset, démontre avec grâce et fantaisie qu'en amour du moins, on ne saurait jurer de rien.
 

 

 

 

 

Épisode 4 :

"Alfred de Musset et le théâtre, l'auteur injouable" : une leçon de théâtre par Pierre Fresnay

1952 |Pierre Fresnay, Léon Chancerel et Monique Melinant dans "Prestige du théâtre" analysaient le théâtre d'Alfred de Musset, auteur réputé injouable, dans le premier volet d'une série de huit émissions consacrées à l'auteur de "Fantasio" et "Lorenzaccio". (1ère diffusion : 17/02/1952 Chaîne Nationale).

Durant deux mois, chaque dimanche, l'idée était de mieux connaître Alfred de Musset, "poète de théâtre né", dans ce but l'émission "Prestige du théâtre", avec la Société d'Histoire du théâtre avait convié le comédien Pierre Fesnay, tout désigné car c'était à son initiative que la Comédie Française en 1925 avait repris Fantasio... "pièce réputée injouable".

'Fantasio' publiée en 1834 avait été unanimement réputée injouable par les directeurs de théâtre d'alors. 

Léon Chancerel, Pierre Fresnay et Monique Melinant faisaient partager aux auditeurs le théâtre de Musset, à travers une causerie entrecoupée de la lecture d'extraits de La Nuit vénitienne et A Quoi rêvent les jeunes filles...

  • Par Léon Chancerel 
  • Réalisation : René Guignard
  • Prestige du théâtre - Alfred de Musset et le théâtre : l'auteur injouable (1ère diffusion : 17/02/1952 Chaîne Nationale)
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio Franc

 

 

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