mercredi 23 juin 2021

Livre - Un avant poste du progrès - Joseph Conrad


 D'un voyage au Congo belge qui l'a bouleversé, Joseph Conrad a tiré le célèbre Coeur des ténèbres, et cet Avant-poste du progrès, qui n'est pas une version préparatoire de l'autre, mais son reflet inversé, encore plus étrange et plus trouble à certains égards. C'est une peinture terrible de l'entreprise coloniale et de son échec, C'est également le portrait inquiétant d'une humanité en grand désarroi dès qu'elle est transplantée loin de ses bases familières. Le lecteur ne trouve aucun manichéisme à quoi, se raccrocher : hommes blancs et hommes noirs suscitent tout autant l'inquiétude et la pitié. Sombre et ironique, le style de Conrad rappelle celui de Flaubert et de Maupassant, auxquels il fait ici de nets clins d'oeil. Dans cette nouvelle, on peut ainsi observer, comme sur le vif, la naissance d'un immense écrivain européen - Polonais écrivant en anglais dans l'inspiration d'écrivains français - pour qui la littérature devait traiter du monde entier.

 

 

Un avant poste du progrès de Joseph Conrad France Culture


Ecrit en juillet 1896, An Outpost of Progress est publié pour la première fois dans Cosmopolis en juin-juillet 1897, puis en 1898 dans le recueil de nouvelles Tales of Unrest traduit en français par Histoires inquiètes. En 1890, Joseph Conrad est nommé capitaine d'un petit vapeur navigant sur le Congo. Une expédition éprouvante et bouleversante dont il tirera Un avant-poste du progrès, puis, deux années plus tard, Au cœur des ténèbres. Moins connu que le suivant, le premier texte peint pourtant ce même univers colonial dans lequel se perd la civilisation. Avec un ton sombre et ironique, Conrad transforme le récit de voyage en plongée dans les méandres humains. Car derrière l’obsession du contrôle du territoire, c’est de la frontière entre raison et folie qu’il est bientôt question. En charge d'un poste commercial, deux colons belges, Kayerts et Carlier, débarquent sur la rive d'un grand fleuve africain. Ils s’entourent pour commercer de Makola, un Sierra-léonais qui leur sert d’intermédiaire. Le prochain ravitaillement doit normalement arriver dans six mois mais à mesure que le temps passe, Makola se rend de plus en plus indispensable, les hiérarchies se brouillent et la tension grandit jusqu’à rendre la jungle étouffante. Lu par Arnaud Bédouet

 

Aucun commentaire:

Vocabulaire - Syndrome de l'imposteur

 Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérienc...