mardi 29 mars 2011

Livre - H - Lettres d'Abélard et Héloïse - Pierre Abélard

 


Les amours contrariées - ô combien contrariées ! - d'Abélard et d'Héloïse n'ont cessé de frapper les imaginations. Celle de Jean de Meun dans Le Roman de la Rose. Celle de Villon dans le Testament. Une jeune femme qui sacrifie vertueusement son amour est pour Rousseau une " nouvelle Héloïse ". Le mouvement s'amplifie avec le romantisme, quand les restes des deux amants sont transférés au Père-Lachaise. Si les amours d'Abélard et d'Héloïse ont été contrariées, la fortune littéraire, pourtant immense, de leur correspondance a elle aussi été semée de traverses. Aujourd'hui réhabilitée et mieux comprise, elle n'est toutefois pas aussi accessible qu'on pourrait le penser dans son texte original et intégral. Le présent volume comble cette lacune. Il offre une édition et une traduction complètes du récit autobiographique d'Abélard (" Histoire de mes malheurs ") et de la totalité des lettres échangées ensuite entre le maître illustre et persécuté, sûr de lui et amer, et son élève, amante, épouse, puis disciple en Dieu, dont l'humilité et la docilité contraintes ne peuvent masquer la passion et la grandeur. 

Extrait de Héloise et Abelard

Pierre Abélard 1079-1142 ou Pierre Abailard ou encore Pierre Abeilard est un théologien, philosophe et compositeur breton ayant vécu en France.
Il a été un des principaux acteurs du renouveau des arts du langage au début du XIIe siècle. Après son entrée en religion, ses travaux de théologien ont suscité la critique des autorités ecclésiastiques (concile de Soissons, 1121 ; concile de Sens, 1141). Il est encore plus célèbre pour sa liaison avec Héloïse et les lettres échangées par le couple.
Le 16 juin 1817, ses restes et ceux d'Héloïse ont été transférés au cimetière du Père-Lachaise.

Livre - H - Louis VII: 1137-1180 Père de Philippe II Auguste - Ivan Gobry

 


Louis VII, père de Philippe II Auguste, déclencha une guerre de trois siècles en laissant son épuose , Aliénor d'Aquitaine, qu'il avait répudiée, épouser le futur roi d'Angleterre et apporter en dot à ce dernier la moitié du territoire français. Doté d'une extrême piété, il eur pour adversaires des hommes dont l'intérêt l'emportait sur l'honnêteté; et la ruse sur la loyauté. Il n'en gouverna pas moins son royaume avec une applivation croissante. Il acquit lentement la sagesse, qui lui fit trop défaut à son avènement, grâce à sa soumission aux conseils de deux génies: le politique Suger et le théologien Bernard de Clairvaux.

 

 

 

 


Suger, né selon Charles Higounet à Chennevières-lès-Louvres en 1080 ou 1081 et mort à Saint-Denis le 13 janvier 1151, est un abbé et homme d'État français. Principal ministre des rois Louis VI le Gros et Louis VII le Jeune, il est connu surtout par ses ambitions théologiques et artistiques qui le conduisirent à reconstruire la basilique de Saint-Denis, première construction d'architecture ogivale, et à donner naissance à l'art gothique

Livre - H - Lettres d'humanité - Bernard de Clairvaux

 Prédicateur célèbre, correspondant des rois et des papes, Bernard de Clairvaux était également un frère, un père, un ami de toutes sortes de gens : des seigneurs, des moines, des jeunes gens. Dans les lettres qu'il leur adressait avec une « charité sans limites », c'est un aspect particulièrement attachant de cet homme de Dieu qui est mis en lumière. Invitations à pardonner, lettres d'amitié et conseils de discernement nous touchent aujourd'hui grâce à la simplicité de leur style et la profondeur de la foi qui s'en dégage.

Bernard de Clairvaux

Qui était vraiment ce Docteur de l?Eglise qui a prêché la croisade, participé à la réforme de l?ordre cistercien, combattu Abélard, etc ? Pour le découvrir, Régis Burnet reçoit le frère Raffaele Fassetta, cistercien, moine de l'abbaye de Tamié, et Laurence Mellerin, chercheur au CNRS et à l'Institut des Sources Chrétiennes. La Foi prise au Mot du 05/05/2008.

 

Saint Bernard de Clairvaux

Cette semaine, la Foi prise au mot s'associe aux grandes célébrations nationales et vous propose de célébrer la mémoire de Saint Bernard de Clairvaux. Né en 1090 dans une famille noble, il rentre bientôt à l'abbaye de Cîteaux fondée par Étienne Harding. Alors qu'il a à peine 25 ans, il est envoyé fonder une abbaye près de Bar-sur-Aube : c'est Clairvaux, à qui il va donner une renommée exceptionnelle et dont nous fêtons le 900e anniversaire. Mais Bernard n'est pas seulement un fondateur, c'est également un grand théologien et l'une des principales voix de l'Église du 12e siècle puisqu'il prêcha la même la croisade. Qu'est-ce que Clairvaux et qu'en fit Bernard ? Quelle fut l'oeuvre de cet énergique abbé et quelle fut son influence sur toute l'Église. Qui était-il ? Quelles furent son action et son oeuvre ? Quel est son rayonnement aujourd'hui ? Pour le savoir deux spécialistes apportent leurs éclairages : le Père Olivier Quenardel, actuel Abbé de Cîteaux, ainsi que l'historien Simon Icard. La Foi prise au Mot du 10/01/2016.

 



Livre - H - La réforme grégorienne - Sylvain Gouguenheim

 


Au XIe siècle, sur fond de lutte acharnée entre le Pape et l’Empereur, l’Occident connaît une révolution qui bouleversera à jamais son visage : c’est la réforme grégorienne, inspirée du nom du pape Grégoire VII, avec des effets qui durent encore aujourd’hui.
Les réformateurs du XIe siècle veulent corriger les mœurs, restaurer la discipline monastique et, de manière générale, séparer nettement dans la société les clercs et les laïcs, au profit des premiers. Ils conduisent à la querelle des investitures, marquée par des affrontements violents.
En voulant trancher la question de l’équilibre des pouvoirs entre deux puissances à vocation universelle – l’Empire et la Papauté –, la réforme grégorienne désacralise le pouvoir politique et conduit à un profond renouvellement des élites d’Église.
Paradoxalement, en séparant le temporel du spirituel, elle participe à son corps défendant à l’émergence d’un pouvoir laïc à la tête des sociétés médiévales. Marquant à jamais la chrétienté latine, l’œuvre des papes Léon IX, Grégoire VII et Urbain II constitue l’une des matrices du développement politique, religieux et culturel européen.
 

22 avril 1073  - Grégoire VII et la réforme grégorienne

La réforme grégorienne a fait l’objet de nombreux travaux depuis un siècle, mais jamais aucun n’aura été aussi accessible et aussi lumineux sur la façon dont ce lointain passé a façonné notre présent.

Hildebrand devient pape le 22 avril 1073 et prend le nom de Grégoire VII.

Ancien moine de Cluny, il s'est acquis une excellente réputation auprès des Romains en servant les papes précédents, Léon IX et Alexandre II. Il est proclamé pape par la foule romaine.

Le nouveau pape modifie profondément l'Église catholique pour la rendre plus morale et surtout plus indépendante des seigneurs et des souverains.

Ses mesures restent connues sous le nom de réforme grégorienne. Certaines, toutefois, ont déjà été ébauchées par ses prédécesseurs sous son inspiration.

Les prémices de la réforme grégorienne

Les prémices de la réforme grégorienne apparaissent avec Léon IX, pape imposé à Rome en 1049 par Henri III, le plus énergique de tous les empereurs germaniques. Pendant les cinq années de son pontificat, Léon IX n'a de cesse de parcourir l'Occident pour réformer l'institution ecclésiastique eet résoudre deux problèmes majeurs :

- la simonie, c'est-à-dire le trafic contre argent des biens d'Église.

- le mariage et le concubinage des prêtres, précédemment tolérés : les prêtres mariés sont en effet tentés de s'enrichir et de constituer une rente au profit de leurs descendants, privant l'Église des moyens matériels indispensables à l'accomplissement de sa mission.

Pour réussir dans son entreprise, le pape qui, au début du Moyen Âge, était simplement considéré comme l'évêque de Rome, veut imposer sa prééminence sur les autres évêques. C'est ainsi que s'élargit le fossé entre l'Église de Rome, qui prétend au qualificatif de catholique, c'est-à-dire universelle, et l'Église de Constantinople, qui se qualifie d'orthodoxe (en grec : conforme à la vraie Foi).

L'action de Grégoire VII

Grégoire VII commence par proscrire le mariage et le concubinage des prêtres puis condamne fermement la simonie. Il s'attelle ensuite à la formation des curés qui, trop souvent incultes, se souciaient assez peu d'évangéliser leurs ouailles.

Enfin, par vingt-sept propositions célèbres de 1075 (le Dictatus papae), il réserve au collège des cardinaux l'élection des papes.

Il condamne les investitures laïques, c'est-à-dire le droit qu'avaient les souverains de nommer les évêques. C'est une révolution dans un monde où, selon la tradition antique, on est encore porté à penser que l'empereur est le représentant de Dieu sur la Terre et que le clergé a vocation à le servir.

 


Conférence: Quand l'Eglise fit sa révolution au Moyen-Âge.

 

Dans une nouvelle série de nos [Cours d’Histoire], Arnaud Fossier présente la réalité du pouvoir des papes et de l’Eglise à l’époque médiévale, notamment dans ses rapports avec le pouvoir séculier et donc le pouvoir des rois. Ce deuxième volet est consacré à la réforme grégorienne. Arnaud Fossier, interrogé par Christophe Dickès, répond aux questions suivantes: - Qu’est-ce que la Réforme grégorienne, quand intervient-elle et pourquoi mettre une majuscule au mot « Réforme » ? - D’où vient cette Réforme ? Quelles en sont les raisons, contextuelles, mais aussi plus structurelles ? Et quels en sont les inspirateurs ? - Cette Réforme a-t-elle rencontré des oppositions, de la part de l’empereur notamment ? Et que nous dit-elle du rôle politique de l’Église à cette époque ? - Peut-on aller jusqu’à dire qu’elle est le moment de l’instauration d’une « théocratie » pontificale à l’échelle de la Chrétienté ? - Cette Réforme n’est-elle qu’une réforme de la tête de l’Église, in capite comme on le dit à l’époque ? Ses effets se sont-ils faits sentir à d’autres échelles ou d’autres niveaux ? - Comment ont évolué les rapports entre le clergé et les fidèles suite à cette réforme ? L’invité: Normalien et ancien membre de l’École française de Rome, Arnaud Fossier est actuellement Maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne. Ses recherches portent sur le gouvernement de l’Église et l’Italie médiévale. Il a publié à l’Ecole française de Rome: Le bureau des âmes, Écritures et pratiques administratives de la Pénitencerie apostolique (XIIIe-XIVe siècle).


Livre Conférences - H - Les papes au Moyen-Âge : la démesure du pouvoir ? Papes ou Rois : qui avait le plus de pouvoir au Moyen-Age ?

 


Les papes au Moyen-Âge : la démesure du pouvoir ?

 A tout seigneur tout honneur, Au risque de l'Histoire consacre son ultime émission à la papauté médiévale. Notre époque contemporaine a du mal à saisir le fait qu'il y a plusieurs siècles, le pape était un prince comme un autre: il possédait des territoires, faisait la guerre à cheval et défendait ses intérêts propres comme n'importe quel prince. Or, parallèlement à ce pouvoir temporel, le pape avait aussi un pouvoir spirituel en tant que successeur de Pierre. Ce double pouvoir se retrouve d'ailleurs sur le drapeau du saint-Siège à l'époque contemporaine dans les couleurs jaunes et blanches des fameuses clés de saint Pierre. Mais alors quelle était la réalité du pouvoir pontifical à l'poque médiévale? Les papes en ont-ils abusés? Se considéraient-ils au dessus des princes et des rois? Quels étaient aussi leurs rapports avec les deux grandes puissances de l'époque: le Saint Empire romain germanique puis le roi de France? Les médiévistes Olivier Hanne et Sylvain Gouguenheim répondent à l'ensemble de ces questions.

 

Papes ou Rois : qui avait le plus de pouvoir au Moyen-Age ? 

Dans une nouvelle série de nos [Cours d'Histoire], Arnaud Fossier présente la réalité du pouvoir des papes et de l'Eglise à l'époque médiévale, notamment dans ses rapports avec le pouvoir séculier et donc le pouvoir des rois. Ce premier volet est consacré à la définition même de ce pouvoir. Arnaud Fossier, interrogé par Christophe Dickès, répond aux questions suivantes:

- L’Église dispose-t-elle d’un pouvoir ou exerce-t-elle un pouvoir et si oui, de quelle nature est ce dernier ?
- De nombreuses doctrines du pouvoir ont ensuite vu le jour au Moyen Âge, parmi lesquelles celle du pape Gélase qui, dès le Ve siècle, distingue l’« autorité des pontifes » du « pouvoir des rois ». Que veut-il dire et quelle a été la fortune de cette distinction ?
- Comment les conflits entre le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel se sont-ils manifestés, et parfois résolus ? Quels cas sont emblématiques du conflit entre l’Église et les États alors en formation ?
- Que veut dire cette distinction entre spirituel et temporel ? Et peut-on parler d’une séparation avant l’heure de l’Église et de l’État ?
- Comment définir la théocratie pontificale? S’agit-il d’un idéal ou d’une réalité ?
- Le « pouvoir » de l’Église ne reposait-il pas sur sa capacité et sa légitimité à donner les sacrements ?

L'invité: Normalien et ancien membre de l’École française de Rome, Arnaud Fossier est actuellement Maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne. Ses recherches portent sur le gouvernement de l’Église et l’Italie médiévale. Il vient de publier à l'Ecole française de Rome: Le bureau des âmes, Écritures et pratiques administratives de la Pénitencerie apostolique (XIIIe-XIVe siècle).

 

 

 

 

 

Livre - H - Le Moyen Age en questions - Sylvain Gouguenheim


 Le baptême de Clovis est-il celui de la France ? Les serfs sont-ils des esclaves ? Jeanne d’Arc a-t-elle fait sacrer Charles VII ? Et finalement, à quelle réalité l’expression Moyen Âge renvoie-t-elle ?

Répondre à ces questions, c’est redécouvrir une société qui a suscité trop d’images, de préjugés, d’opinions variées et contradictoires.

À travers quarante thèmes, Sylvain Gouguenheim nous invite à plonger dans dix siècles d’histoire de l’Occident. Il nous entraîne alors sur les chemins des défricheurs de Brocéliande, dans les pas des pèlerins en route vers Jérusalem ; il nous emporte dans le tourbillon des foires de Champagne et dans le tumulte des cavalcades des chevaliers…



La guerre et la paix, le pouvoir, le travail, la foi et la culture, la mémoire et les mythes, autant de thèmes étudiés qui permettront de mieux comprendre les spécificités médiévales et de montrer comment le travail des historiens nuance, amende ou précise la plupart des idées toutes faites. Sylvain Gouguenheim nous invite à plonger dans dix siècles d'histoire qui ont façonné notre imaginaire, construit nos représentations politiques et religieuses ou structuré nos territoires, à travers une succession de tableaux qui forment un panorama de l'Occident chrétien. L'auteur nous entraîne alors sur les chemins des défricheurs de Brocéliande, dans les pas des pèlerins en route vers Jérusalem ; il nous convie aux assemblées des moines noirs de Cluny et aux réunions des corporations urbaines ; il nous emporte dans le tourbillon des foires de Champagne et dans le tumulte des cavalcades des chevaliers...

Livre - H - Le génie historique du catholicisme - Olivier Hanne

 


Relisant l’histoire du catholicisme au moyen d’une critique rationnelle, l’auteur apporte un regard dépassionné sur les grandes polémiques régulièrement agitées par les médias : la violence de l’Église, le dogmatisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’attachement aux régimes autoritaires, le conservatisme moral. Il développe le fil chronologique du long parcours de l’Église, de son rôle dans la société et dans l’élaboration de la culture et de l’identité européennes.

 

 

 

 


Entre la tentation de l’apologie et celle de la polémique, se dessine une troisième voie où se révèle le génie historique du catholicisme et c'est cette voie qu'a voulu explorer l'historien Olivier Hanne dans son dernier livre, paru aux Éditions de L'Homme Nouveau, Le Génie historique du catholicisme.

Dans les débats publics autour du catholicisme, reviennent toujours les croisades, les guerres de Religion et l’Inquisition. Ces vieilles controverses historiques ne sont pas closes et l’on reproche encore à l’Église d’avoir promu la violence et les bûchers, de s’être opposée à l’intelligence, aux libertés individuelles…

Relisant l’histoire du catholicisme au moyen d’une critique rationnelle, l’auteur apporte un regard dépassionné sur les grandes polémiques régulièrement agitées par les médias : la violence de l’Église, le dogmatisme, l’antisémitisme, l’islamophobie, l’attachement aux régimes autoritaires, le conservatisme moral. Il développe le fil chronologique du long parcours de l’Église, de son rôle dans la société et dans l’élaboration de la culture et de l’identité européennes. En scrutant les deux millénaires d’Histoire, et particulièrement le Moyen Âge, l’ouvrage élargit le champ des débats, souligne les grandeurs apportées par l’Église et identifie les misères dont les chrétiens ont parfois été les acteurs. 

Un travail de mémoire qui est aussi une réflexion historique sur le rôle de la religion chrétienne, un dialogue entre la foi et la raison. 

Olivier Hanne est essayiste, agrégé et docteur en histoire médiévale. Auteur d’une vingtaine d’ouvrages historiques et géopolitiques, il est professeur dans l’enseignement supérieur.

 

"En perdant le catholicisme, ce n’est pas seulement le rapport au Christ qui est menacé, mais tout le rapport au monde"

Olivier Hanne, docteur et agrégé en Histoire, vient de publier "Le Génie historique du catholicisme". Il a bien voulu répondre aux questions du Salon Beige.


1) Votre livre est, d'une certaine façon, un antidote à la fameuse "légende noire" du catholicisme. Y a-t-il vraiment matière à être fiers de nos aïeux dans la foi ?
La légende noire de l’histoire catholique est une construction du XVIe siècle, bâtie par les Réformés et les humanistes en indélicatesse avec l’Eglise, puis relayée par les Lumières au XVIIIe siècle et enfin par les historiens républicains au XIXe siècle. Depuis un siècle, cette légende, pourtant invalidée ou nuancée par les sources, continue d’être véhiculée, en raison d’une inculture historique générale, et parce que les universitaires ne font plus leur travail de vulgarisation. Ainsi, dès les années 1990, les chercheurs du CNRS et les spécialistes d’histoire italienne ont remis en question l’image d’un pape Pie XII pro-nazi, mais cette lecture apaisée du pontificat n’atteint plus l’opinion publique.
Nos ancêtres ont assumé leur foi selon les conditions que la société, l'Histoire et la Providence leur avaient données. La juste mesure du passé est de jauger en fonction des critères moraux qui étaient les leurs. Ainsi, les critiques contre l’Inquisition paraissent singulièrement rares jusqu’au XVIe siècle, et il n’est pas sûr que les médiévaux aient considéré les inquisiteurs comme des brutes ignobles. Le pape Innocent III (1198-1216) souvent perçu comme un pontife de fer, déclenchant la 4e croisade et la croisade des Albigeois, a souvent été critiqué pour s’être fait duper par le roi de France.

2) La plus grosse erreur de l'historien est clairement l'anachronisme. Cette erreur n'est-elle pas, pourtant, la plus commune pour tous ceux qui se penchent sur l'histoire de l'Eglise pour la juger à l'aune de nos critères ?
Ce qui est difficile à envisager pour nos contemporains est de parvenir à regarder le passé sans les oeillères du manichéisme et du positivisme : non, l’Histoire n’est pas une marche ascendante vers un progrès, condamnant nos prédécesseurs à un état inférieur dans le développement humain et moral. Finalement, nous sommes restés cruellement linéaires et scientistes dans notre approche du temps, erreur que n’a jamais commise l’Eglise : à toute époque, péché et grâce se mêlent, et la modernité technique n’est jamais un gage de progrès spirituel.
Mais cette carence intellectuelle sur le passé se retrouve chaque jour dans notre analyse du monde et de la géopolitique, ainsi concernant le Moyen-Orient. L’anthropologie et la sociologie des années 1970-1980 ont envahi toute notre approche du passé : les faits n’existent que par le regard qu’on leur porte, et tout n’est que représentation et manipulation du pouvoir. Louis XIV n’intéresse l’historien que par l’image qu’il renvoie du pouvoir monarchique, et non pas par sa législation ou ses actes. Mais en niant ainsi le réel, l'intellectuel est vite prisonnier de ses propres fantasmes et de ses opinions, il devient lui aussi un instrument au service des médias : le siège d’Alep importe moins que ce qu’on en dit ; si l’Eglise développe l’action caritative au Moyen-Âge, ce n’est pas pour aider les pauvres, mais pour les contrôler, et tous les faits sont ainsi réinterprétés...

3) Votre livre est titré "Le génie historique du catholicisme". Comment, dans l'histoire, définiriez-vous l'apport du catholicisme à l'humanité en général et à l'Europe en particulier ?
L’aspect le plus évident est que le christianisme a apporté le Christ, mais il y a un apport plus spécifique du catholicisme, c’est la révélation du Christ à travers une double incarnation de civilisation : la foi intérieure et la culture gréco-latine. Le catholicisme a éduqué les peuples qu’il a convertis à l’intériorité, au retour sur soi, propice à la découverte de Dieu, mais aussi à moyen terme à l’éclosion de la conscience. Il a aussi fait fructifier la culture millénaire grecque et latine et l’a portée à son plein épanouissement à travers la philosophie, la théologie, le droit, les belles lettres, une pratique spécifique du pouvoir.

4) L'Eglise a beaucoup aidé la civilisation européenne à découvrir la dignité de la personne humaine. En abandonnant ses racines chrétiennes, l'Europe ne risque-t-elle pas d'abandonner ce souci de la dignité humaine qui a fait sa grandeur ?
Bien sûr. Le catholicisme a transmis à l’Europe un christianisme hellénisé, c'est-à-dire une foi indissociable d’une doctrine rationnelle, de l’amour de l’étude et de la connaissance, qui attachent la personne au contrôle de soi et de ses passions. En perdant le catholicisme, nous voyons combien nos contemporains ont du mal à argumenter leurs convictions, à justifier leur foi par une parole libre et raisonnable, ainsi qu’à maîtriser leurs pulsions. Ce n’est pas seulement le rapport au Christ qui est menacé, mais bien tout le rapport au monde et à soi-même.

5) La mission de l'Eglise est de transmettre la foi. Pourtant, de cette transformation est née une civilisation (et même plusieurs, car la civilisation européenne n'est pas la sud-américaine, ni la nord-américaine…). Est-ce une sorte de paganisation, comme la Réforme en a volontiers accusé la Chrétienté médiévale, ou simplement une irrigation de la foi dans tous les actes de la vie?
La Chrétienté médiévale est atteinte au XIIIe siècle lorsque le droit canon et les sacrements rayonnent dans toute la société, faisant de l’Eglise l’institution la plus normative, au sens où c’est elle qui génère les normes de la vie quotidienne, avant même les monarchies. Mais cet apogée ne dura pas au-delà du XIIIe siècle, puisque l’étape suivante fut la fondation des nations. On a peine à imaginer à quel point nous sommes loin de cette Chrétienté unitaire et universelle. A l’époque, l’identité nationale ne se pose pas : vous avez en pleine France des évêques qui sont d’origine italienne, allemande ou anglaise. A l’époque, la première marque identitaire des personnes est celle du baptême. Mais ce système social unique, garanti par la papauté, était trop vaste, trop contesté pour pouvoir durer.

6) Il est d'usage d'opposer l'Eglise et la science. Vous affirmez qu'au contraire, la science moderne doit beaucoup au catholicisme. N'est-ce pas pousser un peu loin le goût du paradoxe et de la provocation ?
Nullement, puisque l’écrasante majorité des hommes de science entre le XIe et le XVIIe siècle sont des religieux ou des clercs ; leurs recherches sont permises par leur éducation catholique, elle aussi religieuse, assurée par les congrégations ou les jésuites. Leur capacité à énoncer, critiquer et synthétiser est une compétence puisée dans l’école catholique. Le goût de l’expérimentation leur venait de la redécouverte d’Aristote et de son officialisation à travers le thomisme. Si le réel est porteur d’idées divines, alors l’observation de ce réel devient une découverte de Dieu. De la même façon, lorsque les mouvements mendiants, comme les franciscains, renoncent au couvent ou au monastère pour une vie d’itinérance, de pauvreté et de souffrance, ils expriment combien le quotidien le plus trivial est porteur de sainteté. Le XIIIe siècle est le grand siècle du réel, qui ouvre la porte sur l’expérience, et donc sur les sciences modernes.

 

 

Livre - H - Innocent III - La stupeur du monde - Olivier Hanne


 En 1198, alors que la chrétienté est ébranlée par la chute de Jérusalem et par les appels à une réforme morale et religieuse, les cardinaux élisent un nouveau pape sous le nom d Innocent III. Issu de la noblesse romaine, théologien de renom et écrivain
spirituel, le jeune pontife il avait trente sept ans s engage aussitôt dans la lutte contre les abus. Il s attaque aux
contestations dans le clergé, aux débordements des princes laïcs contre les prérogatives de l Église, et lance un nouveau projet de croisade.
Mais l ambitieux pontife est confronté à des multiples résistances et jusque dans la ville de Rome. Esprit religieux peu à l aise dans les tractations diplomatiques, il doit prendre position dans la guerre civile en Allemagne, contre les rois de France et d' Angleterre et assumer la guerre contre les hérétiques en Languedoc. Dès 1204, la croisade qu il avait organisée lui échappe et s' empare de Constantinople au lieu de libérer Jérusalem. Pourtant, en quelques années, Innocent III parvient à réaffirmer l autorité de l Église romaine, à étendre son influence politique et temporelle et à convoquer le grand concile de Latran IV qui réforma en profondeur la vie chrétienne. Il laisse à sa mort, en 1216, une papauté redressée, une Église assainie, mais aussi compromise dans les affaires du temps. 

 

Innocent III: l'apogée de la monarchie pontificale.

Dans une nouvelle série de nos [Cours d’Histoire], Arnaud Fossier présente la réalité du pouvoir des papes et de l’Eglise à l’époque médiévale, notamment dans ses rapports avec le pouvoir séculier et donc le pouvoir des rois. Ce troisième et dernier volet est consacré à la personnalité incontournable qu'était Innocent III. Arnaud Fossier, interrogé par Christophe Dickès, répond aux questions suivantes: - Pourquoi avoir choisi Innocent III, qui n’est sans doute pas le personnage le plus célèbre du Moyen Âge, ni même de l’histoire de l’Église, pour un large public ? - Que dire de son parcours? - Quelle conception se fait-il de son pouvoir et de sa mission, une fois élu pape ? - Mais de quel œil les États séculiers ont-ils perçu l’affirmation de ce pouvoir ? Et plus largement quels furent les rapports d’Innocent III avec les souverains de l’époque ? - On ne peut être que frappés par la « modernité » de son gouvernement. Dans quelle mesure est-il l’inventeur d’un État et d’une administration particulièrement sophistiqués ? - Innocent III est aussi le contemporain, et même le grand orchestrateur du plus grand concile du Moyen Âge, à savoir celui de Latran IV (qui a lieu en 1215, peu de temps avant sa mort). Dans quelle mesure ce concile a-t-il littéralement transformé la société médiévale ? Et pouvez-vous revenir sur l’œuvre plus proprement religieuse et pastorale d’Innocent III ? - Qu’a-t-il laissé, voire légué, à un pape comme Boniface VIII (1294-1303), lui aussi connu pour ses élans théocratiques ? Et au-delà, son modèle de pouvoir n’a-t-il pas été remis en cause à la fin du Moyen Âge? L’invité: Normalien et ancien membre de l’École française de Rome, Arnaud Fossier est actuellement Maître de conférences en histoire à l’université de Bourgogne. Ses recherches portent sur le gouvernement de l’Église et l’Italie médiévale. Il a publié à l’Ecole française de Rome: Le bureau des âmes, Écritures et pratiques administratives de la Pénitencerie apostolique (XIIIe-XIVe siècle).

 

Livre - H - L'Alcoran - Olivier Hanne


 L’Europe découvre l’islam lors de la conquête de l’Espagne au VIIIe siècle, mais c’est avec les croisades du XIIe siècle que s’améliore la connaissance de la culture arabe. Des moines et des clercs recherchent la science grecque dans le monde musulman, apprennent la langue arabe et procèdent aux premières traductions du Coran, que l’on appelle à l’époque l’Alcoran. Le commerce et la diplomatie en Méditerranée exigent de comprendre l’adversaire dans sa langue pour mieux échanger. Des Européens polyglottes se rendent en Orient. Malgré les préjugés, la connaissance du Coran se répand, enrichissant les réflexions des savants de la Renaissance et des Lumières. L’arabe entre dans la culture classique européenne, jusqu’à susciter une véritable fascination au XIXe siècle, à travers l’orientalisme. Comment les Européens ont-ils appris l’existence du Coran et ont-ils pu se le procurer ? Comment traduisait-on ce texte dont la religion paraissait si étrangère ? Qui parlait l’arabe en Europe avant le XXe siècle ? Riche de 21 cartes, d’un lexique et d’illustrations, l’ouvrage retrace quatorze siècles d’étude de la langue arabe et du Coran en Europe, montre comment la civilisation occidentale a construit son rapport à l’islam, et pourquoi la dimension culturelle l’emporte souvent sur la différence religieuse.

lundi 28 mars 2011

Film - H - Documentaire - LE TEMPS DES CATHÉDRALES - Georges Duby

 LA SERIE « LE TEMPS DES CATHÉDRALES » EN INTÉGRALITÉ


La série documentaire en 9 épisodes, l’une des meilleures émissions historiques,  tirée de l’ouvrage “Le temps des cathédrales” de Georges Duby est désormais sur youtube:

Cette série est consacrée à l’art religieux du Moyen âge et s’intéresse aux différentes formes artistiques par rapport aux conditions politiques, matérielles, économiques, imaginaires et intellectuelles qui lui ont donné naissanceGrâce aux propos de l’historien Georges DUBY, ce monde lointain et oublié nous devient brusquement vivant. Cernée par la misère et la faim, dominée par la peur et la mort “l’Europe de l’an mil” est un monde sauvage d’où va jaillir la plus magnifique floraison d’art architectural que connaîtra l’occident. La période médiévale est celle de l’absolu pouvoir de la chrétienté. Aix la Chapelle, “la nouvelle Rome”, est l’exemple non seulement de la représentation de la religion mais aussi de la représentation du pouvoir de CHARLEMAGNE. Pour permettre l’édification de telles merveilles, la féodalité maintient le peuple dans la terreur, lance ses guerriers aux quatre coins du monde pour en ramener les fruits du pillage et édifie châteaux et forteresses. La tapisserie de Bayeux est un témoignage de cette réalité féodale. Au milieu de ce monde rustique, les monastères conservent à la fois ce qui subsiste de la culture romaine et ce qui va devenir le grand mouvement spirituel du moyen âge.

  1. L’Europe de l’an mille : Cernée par la misère et la faim, dominée par la peur et la mort "l'Europe de l'an mil" est un monde sauvage d'où va jaillir la plus magnifique floraison d'art architectural que connaîtra l'occident. La chapelle impériale Aix la Chapelle symbolise cette première renaissance. Elle est un sceau, comme un appel à de nouveaux efforts à perpétuellement 
  2. La quête de Dieu : 11ème siècle, la royauté s'est désagrégée sous l'exubérance de la féodalité. Les monastères jouent en ce siècle un rôle prépondérant dans le domaine de l'art et de l'enseignement. Ces monastères sont alors de grands ateliers dont la tâche est de donner à voir l'invisible, d'être un point entre le temps et l'éternité et leur architecture en témoigne.
  3. Dieu est lumière : Cluny, Souillac, Saint Denis... Voici venu le temps des grandes abbayes et celui, presque contemporain, des premières grandes cathédrales. Georges Duby nous montre, comme nous ne l'avons jamais vu, l'orgueilleuse splendeur de ces arches, lieux de transition glorieux entre la terre et le paradis.
  4. La cathédrale, la ville, l’école : A l'aube du 13e siècle, la création artistique restée longtemps le domaine des moines, qui seuls détenaient le savoir, va s'exprimer désormais dans l'art des cathédrales. L'éclosion fulgurante des cathédrales est indissociable de la croissance et du développement du savoir et de la connaissance. L'intelligence y jaillit comme les flèches d'un sanctuaire.
  5. Louis IX, chevalier-roi et saint : Le 13e siècle bat son plein et à Paris s'achève la construction de Notre Dame, témoin du renouveau de l'Etat et du pouvoir de Louis IX, incarnant à lui seul : la royauté, le ciel, la chevalerie. Tableau, fresques, vitraux, paysages... La caméra tourne, caressant les visages des statues de pierre de son œil, toujours plus curieux, scrutateur.
  6. Les nations s’affirment : Et le gothique jaillit ! C'est en Angleterre que l'art gothique fût le plus adopté tout en se transformant en fantaisie extravagante. Sur le fond uni de la chrétienté se détache de plus en plus clairement la volonté d'affirmation des nations, de leurs spécificités. Mais c'est aussi la fin du rêve d'un empire chrétien et la naissance d'une Europe des nations.
  7. Le tournant du XIVe siècle : Un vent de modernité souffle, c'est le retour à l'antiquité grecque et romaine dans les arts. On assiste à un mélange, encore impensable hier, de sacré et de profane. Cette profusion de l'art italien est arrêtée en 1348 par l'épidémie de peste bubonique "la peste noire". Le choc de ce cataclysme brise ainsi l'unité culturelle de ce siècle...
  8. Le bonheur et la mort : Les épidémies, les famines et les guerres ont aussi fait la fortune des héritiers survivants. Ce sont ces hommes très riches qui sont désormais les financiers de l'art. Ils ont malheureusement l'ostentation un peu vulgaire : passé des mains des intellectuels à celles des parvenus, l'art ne gagne ni en finesse ni en rayonnement spirituel.
  9. Vers les temps nouveaux : Le Moyen Age s'achève faisant place aux temps nouveaux des arts ! Paris n'est plus ce qu'il avait été au temps du duc de Berry, maintenant, le vif de la création artistique se rassemble dans les provinces les plus prospères. Cette diversité artistique est symbolisée par de talentueux peintres tel que Sutter, Donatello, Masaccio ou encore Van Eyck. 

 

Devant le trésor de Saint-Denis ou les vitraux de Chartres, les fresques de Giotto ou les palais florentins, qui ne s’est interrogé sur les conditions sociales et les représentations mentales qui ont environné et inspiré le geste de leurs créateurs ? Cette vaste sociologie de la création artistique, chef d’œuvre d’un grand historien doublé d’un écrivain, replace l’ensemble des hautes productions de l’Occident médiéval dans le mouvement général de la civilisation. Elle offre des clés pour pénétrer cet univers de formes complexe et fascinant.
Georges Duby montre donc comment, au XIe siècle, ce que nous avons appelé la féodalité transféra des mains des rois à celles des moines le gouvernement de la production artistique : comment, cent ans plus tard, la renaissance urbaine établit la cathédrâle au foyer des innovations majeures : comment, au XVIe siècle, l’initiative du grand art revint aux princes et s’ouvrit aux valeurs profanes. Le temps des cathédrales est ainsi encadré, entre celui des monastères et celui des palais.
L’influence de cet essai n’a cessé d’être déterminante aux avant-postes de la recherche historique. Aurpès du grand public, son succès est considérable. Et l’on sait que s’en inspira une longue série d’admirables images que la télévision continue de diffuser dans le monde entier.

 

 

Livre - H - Le temps des cathédrales. L'art et la société, 980-1420 - Georges Duby

 


Devant le trésor de Saint-Denis ou les vitraux de Chartres, les fresques de Giotto ou les palais florentins, qui ne s'est interrogé sur les conditions sociales et les représentations mentales qui ont environné et inspiré le geste de leurs créateurs ? Cette vaste sociologie de la création artistique, chef-d'œuvre d'un grand historien doublé d'un écrivain, replace l'ensemble des hautes productions de l'Occident médiéval dans le mouvement général de la civilisation. Elle offre des clés pour pénétrer cet univers de formes complexe et fascinant.
Georges Duby montre donc comment, au XIe siècle, ce que nous avons appelé la féodalité transféra des mains des rois à celles des moines le gouvernement de la production artistique ; comment, cent ans plus tard, la renaissance urbaine établit la cathédrale au foyer des innovations majeures ; comment, au XIVe siècle, l'initiative du grand art revint aux princes et s'ouvrit aux valeurs profanes. Le temps des cathédrales est ainsi encadré entre celui des monastères et celui des palais.
L'influence de cet essai n'a cessé d'être déterminante aux avant-postes de la recherche historique. Auprès du grand public, son succès est considérable. Et l'on sait que s'en inspira une longue série d'admirables images que la télévision continue de diffuser dans le monde entier.


02 Le Temps des Cathédrales - La Quête de Dieu - (G Duby) 1978

Livre - H - L'avènement d'Hugues Capet - Laurent Theis

 


On ne connaît pas la date de naissance de la France ni, d'ailleurs, celle d'Hugues Capet. Pourtant c'est dans cette deuxième moitié du Xe siècle, l'une des périodes les plus sombres de l'histoire occidentale, que s'est joué l'un des actes majeurs du destin français. Après l'époque glorieuse et bientôt légendaire de l'Empire carolingien, les invasions normandes et musulmanes, les querelles intestines, l'effondrement culturel conduisent à la division. La partie occidentale de l'héritage de Charlemagne se détache de la Germanie. Progressivement, la famille des Robertiens, implantée dans le Bassin parisien et le Val de Loire, supplante, non sans soubresauts, les derniers Carolingiens. Le sacre d'Hugues Capet par l'archevêque de Reims, le 3 juillet 987, est l'aboutissement d'une évolution à la fois politique et sociale, dans laquelle l'Église a joué un grand rôle. La dynastie nouvelle, fragile à ses débuts, durera plus qu'aucune autre au monde : huit cents ans. Dès le Xle siècle et jusqu'à la fin du Moyen Âge, les historiens se demandent ce qui s'est réellement passé ce dimanche d'été à Noyon : le destin posthume du premier Capétien est mieux connu que sa personnalité réelle. À travers l'événement de 987 et les images qui en furent données, les Français sentent qu'un événement fondateur s'est produit ce jour-là, qui les concerne au plus profond d'eux-mêmes. 

 

Laurent Theis 1948 est un historien médiéviste français, ancien élève de l'École normale supérieure.
Il est président honoraire de la Société de l'histoire du protestantisme français, qu'il a présidée de 1996 à 2002.
Agrégé d'histoire, après avoir enseigné à la Sorbonne, il a joué un rôle très actif dans l'édition tant chez Denoël que chez Tallandier, Fayard, ou, désormais, aux Éditions Perrin.
Il a été membre du Conseil d'administration du Centre national du livre et du comité d'orientation scientifique de la Maison de l'Histoire de France. Il a beaucoup fait pour la connaissance de l'histoire dans les média par ses comptes rendus dans le magazine "Le Point" et par ses interventions, de 2006 à 2009 à la chaîne de télévision "Histoire", née en 1997.
Laurent Theis est aujourd'hui membre des comités de rédaction des revues L'Histoire et Commentaire, après l'avoir été du Conseil scientifique des Rendez-vous de l'histoire de Blois.
Il a participé à la création et appartient au jury du Prix Provins-Moyen Âge. Il est également membre des jurys du prix Guizot-Institut de France, du prix du Sénat du livre d'histoire, des prix de la Fondation Napoléon, dont il est secrétaire général du jury depuis 2017, et du Prix de la biographie du Point.

Livre - H - L'an mil - Georges Duby


 A l'an Mil romantique, antithèse apocalyptique de la Renaissance, l'école historique française oppose un An Mil appelé à devenir classique : tournant majeur où s'opère, dans l'attente de la fin du monde, la passage d'une religion rituelle et liturgique à un christianisme d'action. Richer, Gerbert, Helgaud, Adémar de Chabannes et Raoul Glaber ne sont ici traités qu'en témoins d'une conversion psychologique et mentale. De Charlemagne et Cluny aux pèlerins de Saint-Jacques et du Saint-Sépulcre, aux croisés bientôt : temps d'espoir et de crainte, millénaire de l'incarnation que les contemporains vécurent comme la promesse d'une nouvelle Alliance, un nouveau printemps du monde.




01 Le Temps des Cathédrales - L'Europe de l'an Mil - (G Duby) 1978

 

Georges Michel Claude Duby 1919-1996 est un historien français spécialiste du Moyen Âge, période dont il a largement contribué à renouveler la connaissance.
Issu d'une famille d'artisans parisiens, il fait ses études à Mâcon et est lauréat du Concours général de dessin. Agrégé de lettres en 1942, il entame une carrière dans l'enseignement. Nommé assistant à la Faculté de lettres de l'université de Lyon à la Libération, il enseigne quelque temps à Besançon puis obtient la chaire d'histoire du Moyen Âge à la Faculté de lettres d'Aix-en-Provence en 1951, région où il s'établit alors définitivement.
Duby soutient en 1953 à la Sorbonne une thèse de doctorat ès lettres sous la direction de Charles-Edmond Perrin, intitulée La Société aux XIe et XIIe siècles dans la région mâconnaise. Il sait y utiliser la masse extraordinaire de documents de l'abbaye de Cluny pour définir la personnalité et expliquer « à fond » un espace particulier, le Mâconnais, retenant en cela la leçon des monographies régionales produites alors par l'école géographique française.
Les honneurs lui sont décernés après quelques années d'enseignement et plusieurs publications remarquables.
En 1970, il occupe la chaire d'histoire des sociétés médiévales au Collège de France (qu'il quitte en 1991).
Quelques années plus tard, en 1974, il est élu à l'Académie des inscriptions et belles-lettres en tant que membre ordinaire. Il succède enfin à Marcel Arland au 26e fauteuil de l'Académie française. Il y est élu le 18 juin 1987, le même jour qu'André Frossard. Il est reçu sous la Coupole en 1988 par Alain Peyrefitte. La cérémonie est intégralement télévisée sur FR3.

Livre - H - Abd er-Rhaman contre Charles Martel - Salah Guemriche

 


Peu de batailles dans notre histoire auront nourri autant de fantasmes que celle de Poitiers. Depuis Chateaubriand, les Français ont appris que la victoire de Charles Martel avait sauvé la France du péril musulman.
Mais de quelle France s'agit-il ? Ses frontières ne sont pas celles que l'on connaît aujourd'hui.
Et quel est ce péril musulman ? L'Espagne, conquise par les Arabes dès 711, s'étend, à la veille de Poitiers, au-delà des Pyrénées. Ainsi la Septimanie ? notre actuel Languedoc-Roussillon? est-elle une province arabo-berbère gouvernée par Munuza depuis Narbonne. Les religions du Livre y cohabitent jusqu'au jour où Munuza épouse une chrétienne, Lampégie d'Aquitaine, fille du duc de Toulouse. Pour l'émir d'Espagne Abd er-Rahman, Munuza est un renégat qu'il faut punir ; pour le duc des Francs, Charles, cette alliance est une menace et une provocation. Se mettent alors en place les conditions d'une confrontation qui demeurait jusqu'alors méconnue.
Salah Guemriche raconte la véritable histoire de la bataille de Poitiers, telle qu'elle fut vécue des deux côtés, musulman et chrétien. Il dissèque ce mythe national construit au fil des siècles pour faire peur. Poitiers, dit-il, ne fut pas le Waterloo des Arabes et, malgré les lourdes représailles exercées par les Francs dans le Midi, beaucoup de musulmans y firent souche. Sans que cela ait jamais gêné personne...

 

Livre - H - Les rois fainéants : De Dagobert à Pépin le Bref 629-751 - Jean Verseuil

 


Les règnes des rois mérovingiens dits fainéants font toujours sourire et Dagobert, depuis des siècles, continue à mettre sa culotte à l'envers. Jean Verseuil s'attache ici à démentir ce malheureux contresens. A rebours de cette sottise, le siècle de Dagobert est en effet l'un des plus brillants de l'histoire de France. L'Eglise joue un rôle prépondérant de civilisateur auprès du pouvoir. Les abbayes-Corbie, Jouarre, Fleury-sur-Loire-, lieux d'écriture et de culture, se développent au septième siècle comme jamais auparavant. Et sans cette extraordinaire floraison, sans les efforts d'unification entrepris au sein du royaume franc, les Carolingiens, à commencer par Pépin le Bref, n'auraient guère pu achever ce que les Mérovingiens avaient commencé: la construction de l'Europe. Au fil d'une histoire très concrète, l'auteur nous éclaire aussi sur la vie quotidienne des jeunes nobles de l'époque et sur le monde rural mérovingien.

Ainsi, les rois fainéants ne l'ont été que dans les chansons et les mauvais manuels d'histoire. Leur seul malheur fut de mourir trop jeunes.

Jean Verseuil est médecin. Il s'est laissé séduire par le Moyen-Age. Historien de la médecine, il se consacre à l'étude des concepts médicaux dans l'histoire de l'Occident médiéval. Il a déjà publié aux éditions Critérion Aliénor d'Aquitaine et les siens et Clovis ou la naissance des rois.

dimanche 27 mars 2011

Livre - H - Les Derniers Jours - Michel de Jaeghere

 Sans doute l'effondrement de la civilisation romaine n'eut-il ni l'uniformité, ni la fulgurance dont se plut à le parer l'imagerie romantique. La disparition de l empire d Occident n en fut pas moins le résultat d une submersion violente du territoire romain par des populations qui désiraient jouir de ses richesses sans adopter ses disciplines. Elle se traduisit, pour ses contemporains, par un désastre comme l histoire en offre peu d exemples.
Au fil d un récit plein de drames, de fureurs, de retournements, d où émergent les grandes figures de Théodose, de Stilicon, d Alaric, de Galla Placidia, d Attila, d Aetius, Michel De Jaeghere fait revivre le siècle décisif qui sépare l irruption des Goths, en 376, de la déposition, cent ans plus tard, de Romulus Augustule. Brossant le portrait de la société et des institutions de l antiquité tardive, comme celui des peuples barbares qui se pressaient alors aux porte de l empire, il analyse sur la longue durée le processus qui vit la montée en puissance des populations germaniques à l intérieur du monde romain, en ne négligeant ni l histoire militaire, ni les circonstances politiques, économiques et sociales qui réduisirent les autorités romaines à l impuissance.
Il inscrit, surtout, l ensemble de son livre dans une double réflexion sur la grandeur et les limites de la civilisation antique et sur les causes de la mort des empires.



Journaliste et écrivain français.
Michel De Jaeghere 1957 a une formation de juriste et d'historien. Après avoir travaillé à Valeurs actuelles puis été rédacteur en chef du Spectacle du Monde, il est actuellement directeur des Hors Série du Figaro qu'il a créés en 2001.
2002 "Le livre blanc de l'armée française en Algérie"
2005 "Enquête sur la christianophobie"
2005 "Le Menteur magnifique - Châteaubriand en Grèce"
2007 "La repentance:histoire d'une manipulation"
2008 "Ite Missa est"

Livre - H - Attila - Éric Deschodt


 " - Puis-je être vaincu ? demande Attila. - On peut toujours l'être, répond le vieil oracle. Mais au cours de ton prochain combat, c'est ton pire ennemi qui sera tué. - Mon "pire ennemi", c'est moi-même, rétorque l'empereur des Huns... " Attila (395-453) reste un mystère. Unique empereur des Huns, rassembleur génial de 'bandes anarchiques dispersées du cœur de l'Asie au cœur de l'Europe, diplomate hors pair, grand stratège, il constitue en moins de quinze ans un empire qui s'étend de la mer d'Aral au Danube. Après avoir battu et rançonné les deux empires romains d'Orient et d'Occident, il dédaigne étrangement de s'emparer de leurs capitales, Constantinople et Rome, préférant à leurs splendeurs son palais de bois démontable. Après avoir envahi la Gaule en 452, il est stoppé en Champagne, aux champs Catalauniques, et bat inexplicablement en retraite devant son ami d'enfance le Romain Aétius. Ayant achevé la réorganisation de son armée, il meurt subitement à la veille du déclenchement d'une nouvelle campagne militaire.


Au coeur de l'histoire: Attila, le fléau de Dieu (Franck Ferrand)


Éric Deschodt 1937 a été journaliste à la RTF, Jours de France, Spectacle du Monde, Valeurs actuelles, et collabora longtemps au Quotidien de Paris et au Figaro-Magazine.
Écrivain, il a publié une vingtaine d'ouvrages, parmi lesquels des biographies de Saint-Exupéry, Gide, Agrippa d'Aubigné, Barrès, ainsi qu'une dizaine de romans, dont Le roi a fait battre tambour, Le Royaume d'Arles, Le Scorpion d'or...
Il a signé des romans policiers écrits, en collaboration avec Christian Charrière, sous le pseudonyme de Bernard-Paul Lallier. Ainsi il publie "Le Saut de l'ange" (1968), un roman policier qui remporte la même année le prix du Quai des Orfèvres et est adapté sous le titre éponyme au cinéma par Yves Boisset en 1971. Le roman connaît une suite, "L'Ange du paradis", paru en 1969. En 1977, Deschodt reprend le même pseudonyme pour écrire, en collaboration avec "Philippe Heduy", le thriller "Terreur à Nantes".

Livre - H - Sainte Geneviève patronne de Paris

 

Qui était Geneviève, sainte patronne de Paris ? 

L’ancienne église devenue Panthéon, la montagne qui occupe la majeure partie du Quartier latin, la bibliothèque édifiée en 1851, les lieux nous rappelant l’importance de Geneviève, sainte patronne de Paris, sont nombreux. Mais qui était cette femme qui a vécu au Ve siècle de notre ère ? On vous raconte son histoire.


 Sainte Geneviève qui protège Paris des Huns devant l’Hôtel de Ville. Huile sur toile anonyme datant du début du XVIIe siècle. © Collections du Musée Carnavalet.

Le roi Attila contre la paysanne Geneviève

En 451, la Gaule est le théâtre de combats fratricides : Attila, roi des Huns, envahit les terres avec une armée composée de Burgondes, d’Alamans, de Francs et d’autres peuples germaniques. Face à ce bataillon de plusieurs milliers d’hommes, les Celtes et Romains, soutenus par les Wisigoth et quelques peuples coalisés, peinent à se défendre.

Attila fond sur la Gaule, détruisant toutes les cités sur son chemin et prenant possession d’une grande partie des terres à l’est de Paris. L’ennemi a beau être encore loin, les Parisiens savent que les Huns avancent inexorablement vers eux. Terrorisés, ils se préparent à fuir, abandonnant leur ville et leurs biens.

Une pieuse paysanne de 28 ans répondant au nom de Geneviève prend alors la parole afin de calmer les esprits et ranimer le courage de ses concitoyens. Elle convainc les habitants de Paris de ne pas abandonner leur cité aux Huns d’Attila. Ses paroles resteront célèbres : “Gens de Paris, mes amis, mes frères, on vous trompe, vos prétendus défenseurs qui courent aux armes ne vous effraient que pour mieux vous rançonner ; Attila s’avance, il est vrai, mais il n’attaquera pas votre ville, c’est au nom de Dieu que je vous en donne l’assurance.”

Sainte Geneviève bergère, tenant un livre ouvert et une houlette, assise dans un enclos de mégalithes. Gravure au burin anonyme publiée dans le “Magasin pittoresque” en 1856, reproduisant un tableau du XVIe siècle.

Clameurs et approbation se font entendre dans la foule et les Parisiens se rassurent : une jeune femme si pieuse et charitable ne peut qu’être douée du don de prophétie ! Et la suite des événements leur donnera raison. Attila et son armée n’essaieront pas de pénétrer dans la ville et se dirigeront vers Orléans (Aurelianum), qu’ils assiégeront durant de longues semaines. La légende de Geneviève, sainte parmi les saintes, est faite, mais un autre événement scellera définitivement son statut 25 ans plus tard.

Une négociatrice au service de sa ville

En 475, le chef franc Childéric décide lui aussi d’assiéger Paris. Il coupe tous les moyens de ravitaillement par la Seine afin de réduire ses habitants à la famine. Geneviève, devenue une figure respectée de la ville, s’embarque alors sur une petite flottille et parvient à se rendre en Champagne afin d’y obtenir des vivres qu’elle rapporte par bateau à Paris. Si Childéric parviendra à conserver son influence sur Paris, Geneviève gagnera la confiance du roi des Francs Saliens et servira ensuite d’intermédiaire et de négociatrice entre les habitants de la cité et le roi franc.

Reconnaissants, les Parisiens adopteront l’ancienne paysanne de Nanterre pour patronne de Paris sous le nom de sainte Geneviève. Elle est, encore aujourd’hui, fêtée le 3 janvier, jour anniversaire de sa mort.

 

Livre - H - Sainte Geneviève : La fin de la Gaule romaine - Joël Schmidt

 


La vie de sainte Geneviève, née en 423, ne correspond pas à
l'image naïve et réductrice de la jeune bergère gardant ses
moutons sur la colline de Nanterre. Femme d'affaires avisée au
sens politique hors norme, elle résista aux Huns d'Attila
menaçant Paris. Franque d'origine, elle fut l'âme de la
conversion du roi des Francs Clovis au christianisme et une
actrice majeure de la naissance de la France autour de la
basilique Saint-Denis. Dans un monde romain s'effondrant
tragiquement sous les coups des "barbares", elle fut un repère
d'une grande stabilité. Par cette biographie alerte, Joël Schmidt
restitue à la sainte patronne de Paris sa juste densité politique
et historique.

 

 

Couverture :
Portrait de la sainte patronne de Paris devant l'Hôtel de Ville et l'île de la Cité. Sainte Geneviève qui tient de la main droite un cierge et de la main gauche un livre
Peinture anonyme de l'école française du XVI ème siècle, musée Carnavalet, Paris

 

Selon la tradition, le tombeau de sainte Geneviève est placé auprès de celui de Clovis dans la crypte de l’église Saint-Pierre-Saint-Paul (future abbaye Sainte-Geneviève de Paris), construite par le roi des Francs. Vers 630, saint Éloi orne le sarcophage de pierre de la sainte de plaques d'or, finement ciselées, et de pierres précieuses. 

Livre - H - Grégoire de Tours, historien des Francs - Joël Schmidt

 Né en 538, vingt-sept ans après la mort de Clovis, Grégoire de Tours a vécu à une époque charnière entre la fin du monde antique et les débuts du Moyen Âge. D’origine gallo-romaine auvergnate, ce fils de sénateur et descendant d’évêque s’est rapidement tourné vers la religion chrétienne comme vers une lumière d’espérance, à une époque marquée par les meurtres incessants, les conflits fratricides et parricides des descendants de Clovis.
À la tête de l’évêché de Tours, Grégoire est au cœur de l’histoire de son temps. Il intervient dans la politique, dans la négociation des traités et des successions, tentant d’apporter le secours de sa piété, de sa charité et de sa miséricorde, mais aussi de son autorité et de son intransigeance.
Témoin direct et observateur indirect, Grégoire transmet à sa manière, dans la soumission totale aux signes de Dieu, aux saints et aux miracles, l’épopée dramatique et désordonnée de son temps. 


Grégoire de Tours sur KTO


Une figure passionnante, mais méconnue de notre histoire religieuse : Grégoire de Tours. Évêque de Tours du 6e siècle, c´est un grand historien et un grand amateur de la vie des saints et des martyrs. Si Saint Martin est encore un grand saint populaire, c´est grâce à Grégoire, et si nous savons que Clovis a cassé le vase de Soissons, c´est aussi grâce à lui. Partons donc à sa découverte, en compagnie de nos deux invités : Bruno Dumézil, historien, spécialiste du haut Moyen Âge, et Sylvie Joye, maître de conférences en Histoire médiévale. La Foi prise au Mot du 12/02/2017.

Livre - H - Clovis - Michel Rouche

Penser le baptême de Clovis avec les catégories qui sont les nôtres et voir dans cet épisode la naissance d'une France tout entière catholique dès le Vie siècle, c'est commettre un anachronisme majeur.
En 496 - ou 498, voire, plus vraisemblablement, en 499 - aucune nation n'émerge des ruines de la romanité, et la conversion du roi et de sa garde personnelle n'entraîne pas celle d'une Gaule qui reste largement le cadre de la France actuelle. Le baptême de Reims - au demeurant sincère et précédé d'une longue réflexion personnelle - est néanmoins capital parce qu'il met un terme à un siècle de désordres et d'invasions, alors que l'unité romaine est rompue.
En faisant le choix du catholicisme qui prend la suite de l'universalisme romain, et non celui de l'arianisme, religion de tous les autres rois barbares, Clovis rejette la confusion du spirituel et du temporel ; en faisant fusionner les coutumes barbares et le droit romain, il combat les particularismes et permet l'intégration, à égalité, des nouveaux venus ; En tournant le dos aux croyances et aux pratiques germaniques (solidarités lignagères, vendettas, ségrégation selon le sang, coutumes juridiques reposant sur la force), ce général de l'armée romaine fonde un ordre politique sauvegardant ce que Rome avait de meilleur et infuse un sang neuf à l'élite gallo-romaine.

La Foi de Clovis

Le roi des Francs Saliens, installés au sud de l'actuelle Belgique, n'était au début qu'un roitelet régnant sur une tribu germanique aussi pauvre en hommes qu'en biens et ne pouvait se prévaloir de l'ascendance prestigieuse du roi des Ostrogoths ou de celui des Burgondes.
Plus qu'à sa naissance et à sa puissance, il dut alors pour compenser ces faiblesses, corriger ses erreurs et réparer ses défaites, s'en remettre à son habileté et tirer profit des liens noués depuis longtemps par sa famille avec les Gallo-Romains.
Il eut aussi le réalisme de faire alliance avec quelques-unes des grandes figures religieuses du temps (Remi de Reims, Avit de Vienne et autres moines et évêques promoteurs d'un christianisme rénové) et de solliciter l'aide de deux femmes d'une envergure exceptionnelle - et celles-ci occupaient dans le monde germanique une place prééminente - : Geneviève, chef spirituel et politique d'une cité à la valeur stratégique et symbolique considérable, Paris ;
Clotilde, princesse burgonde qui devint sa femme et le rattacha aux plus illustres dynasties des nouveaux royaumes.
Tout inachevée qu'elle fût à sa mort (511), son œuvre fut décisive. Certes, il fallut après lui des siècles pour parfaire, non sans rechutes, sa construction politique, mais c'est bien de lui que procède la physionomie de l'Europe aujourd'hui.

Clovis et les Mérovingiens


-----------------------------------

Michel Rouche, professeur à l'université de Paris IV-Sorbonnes, est spécialiste de l'Antiquité tardive et du haut Moyen-Âge.


Bruno Dumézil : "Paris au temps de Clovis et de Sainte Geneviève"

La Foi de Clovis

La Foi de Clovis. De toutes les images de l'Histoire de France, celle du baptême de Clovis nous apparaît bien plus qu'un symbole : un événement fondateur, un événement inaugural qui, bien des siècles plus tard, le 1er juin 1980, fit dire au pape Jean-Paul II : « France, fille aînée de l'Eglise, qu'as-tu fait des promesses de ton baptême. » Mais que sait-on exactement de Clovis et de son fameux baptême ? Quelle était la situation du christianisme à cette époque ? La conversion du roi fut-elle sincère et quels rôles ont joué Remi de Reims et Clotilde ? Plongeons à la charnière des Ve et VIe siècle avec Christophe Dickès et son invité, le médiéviste Bruno Dumézil.

Livre - H - Clotilde. Epouse de Clovis - Anne Bernet

 


Quelle place, dans la Gaule du Ve siècle finissant, l'un des plus cruels que l'Occident ait connus, une femme, même princesse, pouvait-elle tenir ? Aucune, en principe, dans un univers entièrement dominé par la violence et la sauvagerie des hommes... Pourtant, lorsque, à vingt ans, Clotilde, princesse burgonde et catholique, accepte d'épouser le jeune roi païen des Francs, Clovis, elle ne doute pas un instant d'avoir un rôle déterminant dans l'histoire de l'Occident chrétien. Petite fille, épargnée par pitié lors de l'assassinat de ses parents, elle est destinée, dans l'esprit de l'oncle meurtrier qui l'a élevée, à devenir le pion docile d'une vaste stratégie diplomatique au sein d'un monde en pleine recomposition, où des souverains barbares ambitionnent de se tailler des royaumes. Clotilde, d'emblée, refuse le personnage qui lui a été assigné pour jouer le sien. Restée fidèle au catholicisme en dépit des pressions de son entourage arien hérétique, elle deviendra l'alliée de l'Église et conduira, malgré les épreuves, Clovis, son époux, à la foi de Rome, décidant ainsi du destin de la France. Veuve à trente-cinq ans, Clotilde est confrontée aux haines et aux rivalités qui minent sa famille et se retrouve complice involontaire des crimes de ses fils, prisonnière des vengeances familiales et des obligations de la charge royale. Douloureusement atteinte par des deuils répétés, elle se retire dans un monastère de Tours où elle finit sa vie, en 545, dépouillée de toute vanité terrestre. Malgré ses erreurs et ses fautes, la première reine de France incarne avec force le rôle missionnaire, pacificateur et civilisateur de la femme chrétienne.

samedi 26 mars 2011

Livre - H - Saint Martin. L´Apôtre des Gaules - Guillaume Hünermann

 


Abbé Guillaume Hünermann

Martin de Tours a bien mérité son surnom d'apôtre des Gaules : dix-sept siècles après lui, près de deux cent cinquante communes et trois mille sept cents églises de France portent son nom. Pourquoi cette gloire posthume ? L'auteur nous en donne la clé en racontant, avec sa verve coutumière, l'étonnant destin de celui qui fut officier romain, moine et évêque. Et il ressuscite avec brio Martin évangélisant les campagnes gauloises encore plongées dans les ténèbres du paganisme.

Dans cette biographie vivante, les lecteurs apprécieront de retrouver le visage attachant du cavalier qui partagea son manteau, du moine épris de solitude, et de l'évêque aux côtés de toutes les détresses.

 


Guillaume Hünermann, prêtre et écrivain d'origine allemande aujourd'hui décédé, a publié de nombreuses biographies de saints alliant une rigoureuse fidélité historique à un style pittoresque et romancé. 

 

MARTIN DE TOURS soldat, moine, saint

 

Livre - H - Martyrs de Lyon : 177 après Jésus-Christ - Joël Schmidt

 

Lorsque débute la persécution contre les chrétiens de Lyon en 177, l'empereur Marc Aurèle règne depuis 161. Personne, dans l'Empire romain, n'aurait pensé qu'un souverain de cette dimension intellectuelle et morale, formé à la philosophie grecque stoïcienne et épicurienne, figure de sagesse, se montrerait soudain intraitable à l'égard des chrétiens d'Occident. Cette année-là, sans doute parce qu'il s'inquiète du prosélytisme des chrétiens perçu comme un danger, il ne se contente pas de persécutions épisodiques sur dénonciation, il approuve par son silence persistant et odieux les atrocités antichrétiennes de ses représentants romains. La Gaule a été encore pourtant peu touchée par le christianisme jusqu'à cette époque, mais des chrétiens d'Orient et de Rome, voyageurs ou commerçants, ont débarqué à l'embouchure du Rhône, sans doute à Massalia (Marseille), ont remonté le fleuve et ont essaimé jusqu'à Lyon, la capitale des Gaules. Ils ont formé une communauté chrétienne active qui a répandu la nouvelle religion dans tout le pays et un évêque, Pothin, a pris sa tête Avec le talent d'historien qu'on lui connaît, Joël Schmidt retrace le destin tragique de ces témoins, obscurs ou plus connus, qui ont payé de leur vie leur appartenance à la foi chrétienne.

 

Au cœur de l'histoire: Les martyrs de Lyon (Franck Ferrand)

 

Livre - H - César - Eberhard Horst



 La carrière et le destin de César - dont le nom devait plus tard rayonner au-delà des frontières de l'Empire romain pour désigner, dans les langues des peuples barbares, le roi ou l'empereur - ont trop souvent été présentés par les historiens et les biographes comme une nécessité historique. En s'appuyant sur toutes les sources dignes de foi accessibles au chercheur, Eberhard Horst s'est employé à démontrer la fausseté de cette idée reçue. Il décrit et analyse les points de rupture dans la carrière du général et de l'homme d'Etat, les contre-courants qui faillirent l'emporter, les défaites auxquelles il ne survécut que par miracle, les victoires qu'il ne dut qu'à sa chance. Au cours de ses campagnes, César ne représentait pas seulement pour les peuples soumis un général vainqueur, mais le symbole de Rome : César était Rome. Ce regard des vaincus s'avéra déterminant pour la suite de sa carrière : César s'identifia lui-même à Rome, et lorsqu'il sauvait Rome, César sauvait aussi César. Cette imbrication est une autre " découverte " de la biographie d'Eberhard Horst, tout comme l'extraordinaire impatience de César - qui se jetait avec une audace frisant l'inconscience dans les actions et les situations les plus périlleuses. Seule une chance incroyable empêcha les campagnes d'Egypte et d'Afrique, par exemple, de tourner à la catastrophe. Sur les champs de bataille comme dans la vie politique, César s'efforça toujours de conserver l'initiative : c'est là que réside le secret de son succès.

Vocabulaire - Syndrome de l'imposteur

 Les personnes atteintes du syndrome de l'imposteur, appelé aussi syndrome de l'autodidacte, phénomène de l'imposteur, expérienc...