Quelle place, dans la Gaule du Ve siècle finissant, l'un des plus cruels que l'Occident ait connus, une femme, même princesse, pouvait-elle tenir ? Aucune, en principe, dans un univers entièrement dominé par la violence et la sauvagerie des hommes... Pourtant, lorsque, à vingt ans, Clotilde, princesse burgonde et catholique, accepte d'épouser le jeune roi païen des Francs, Clovis, elle ne doute pas un instant d'avoir un rôle déterminant dans l'histoire de l'Occident chrétien. Petite fille, épargnée par pitié lors de l'assassinat de ses parents, elle est destinée, dans l'esprit de l'oncle meurtrier qui l'a élevée, à devenir le pion docile d'une vaste stratégie diplomatique au sein d'un monde en pleine recomposition, où des souverains barbares ambitionnent de se tailler des royaumes. Clotilde, d'emblée, refuse le personnage qui lui a été assigné pour jouer le sien. Restée fidèle au catholicisme en dépit des pressions de son entourage arien hérétique, elle deviendra l'alliée de l'Église et conduira, malgré les épreuves, Clovis, son époux, à la foi de Rome, décidant ainsi du destin de la France. Veuve à trente-cinq ans, Clotilde est confrontée aux haines et aux rivalités qui minent sa famille et se retrouve complice involontaire des crimes de ses fils, prisonnière des vengeances familiales et des obligations de la charge royale. Douloureusement atteinte par des deuils répétés, elle se retire dans un monastère de Tours où elle finit sa vie, en 545, dépouillée de toute vanité terrestre. Malgré ses erreurs et ses fautes, la première reine de France incarne avec force le rôle missionnaire, pacificateur et civilisateur de la femme chrétienne.
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