Huit cents ans exactement après le lancement par le pape de la croisade contre les Albigeois, sommes-nous enfin prêts à nous libérer des mythes et des préjugés concernant le phénomène cathare ? Malgré les travaux novateurs de toute une génération d'historiens depuis une trentaine d'années, il semble bien que les " bons hommes " et les " bonnes femmes " soient encore l'objet des spéculations les plus fantaisistes : certains continuent d'entourer leur spiritualité d'un ésotérisme de mauvais aloi, d'autres de les traiter de fanatiques, tandis que les réalités de leur persécution restent toujours sous-évaluées. C'est pourquoi il convenait de mener une " contre-enquête " sur cet événement qui a constitué un tournant majeur dans l'histoire de la France, de l'Eglise et de l'Europe. Jean-Philippe de Tonnac, écrivain et journaliste, s'est rendu sur les principaux lieux de cette épopée pour y interroger Anne Brenon, l'une des meilleures spécialistes du catharisme. Ensemble, ils tentent de faire la part du vrai et du mythe concernant les " hérétiques " cathares, leur vie quotidienne, leurs structures ecclésiales originales, leurs croyances, leur liturgie, leurs textes fondateurs... De ces conversations captivantes émerge une réalité historique moins folklorique mais plus riche que la légende : celle d'un mouvement spirituel foncièrement chrétien et non violent, qui ne put être éradiqué par la prédication et ne le fut, après des décennies d'Inquisition, que par le sang et par le feu.
SUR LES TRACES DES CATHARES ("Dans tes yeux" - Arte 2014)
D'eux-mêmes, ils disent «Nous, pauvres du Christ». Bernard de Clairvaux, lui, les nomme «apôtres de Satan». Qui sont-ils ? La vox populi suivra Bernard. Pendant des siècles, les cathares seront assimilés au pire à des hérétiques, au mieux aux tenants d'une secte étrange. Aujourd'hui, l'historiographie lève le voile sur l'un des pans les plus obscurs de l'histoire du Moyen Age. Les cathares étaient des hommes et des femmes au christianisme austère, soucieux d'évangélisme et assoiffés d'une vie apostolique dont l'Eglise s'était alors largement écartée.Ils constituèrent à ce titre une véritable Contre-Eglise et s'engagèrent dans la voie d'une dissidence qui allait exaspérer l'Inquisition et qui s'acheva par le drame de Montségur où périrent le même jour dans les flammes plus de deux cent cathares. Anne Brenon éclaire d'une lumière crue et simple ce courant essentiel des temps romans qui en fut sans doute l'un des paroxysmes spirituels et qui inaugura la terreur inquisitoriale, modèle pour plusieurs siècles d'une chrétienté européenne au visage répressif et militant.
Plus de 200 documents rarement réunis dans un même ouvrage : gravures françaises et allemandes, manuscrits enluminés, registres d'Inquisition, peintures, fresques, bas-reliefs, trésors de l'art roman, pour brosser un tableau aussi précis que possible du monde cathare.
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