La Chanson de Roland est un poème épique et une chanson de gestenote du XIe siècle attribuée parfois, sans certitude, à Turold (la dernière ligne du manuscrit dit : Ci falt la geste que Turoldus declinet). Neuf manuscrits nous sont parvenus, dont un, le manuscrit d'Oxford du début du XIIe siècle, le plus ancien et le plus complet, est en anglo-normand. Ce dernier, identifié en 1835, est considéré par les historiens comme le manuscrit d'autorité. C'est donc lui que l'on désigne quand on parle sans autre précision de la Chanson de Roland.
La Chanson de Roland comporte 4 002 vers (dans sa version la plus ancienne ; elle en compte 9 000 dans un manuscrit de la fin du XIIIe siècle) en ancien français répartis en laisses assonancées, transmises et diffusées en chant par les troubadours et jongleurs. Elle s'inspire, trois siècles après, du combat fatal dans les Pyrénées du chevalier Roland, préfet de la Marche de Bretagne et de ses compagnons d'armes contre une force toujours identifiée avec difficulté, possiblement des Basques.
Les Annales du Royaume des Francs (Annales regni Francorum), chroniques de l'époque, ne mentionnent sciemment aucune défaite, seulement une expédition victorieuse en Espagne. C'est une vingtaine d'années après qu'est ajoutée une embuscade, à l'initiative des Basques, dans laquelle des personnes de haut rang périssent sans qu'elles soient nommées. Éginhard est plus précis dans sa Vita Karoli Magni, il évoque lui aussi les Basques et une description plus fournie des évènements lors de la traversée des Pyrénées : « dans ce combat furent tués, parmi bien d'autres, Eggihard, préposé à la table royale, Anselme, comte du palais, et Roland, préfet de la Marche de Bretagne ».
Quelques années plus tard, dans la Vita Hludovici de L'Astronome, le combat est rapporté, mais les protagonistes restent anonymes : « [...] les derniers corps de l'armée royale furent massacrés sur ce même mont Pyrénée. Les noms de ceux qui périrent étant connus, je me suis dispensé de les dire »
Du texte fondateur, de l'admirable chef-d'œuvre, après tant d'éminentes traductions, en voici donc une nouvelle.
Celle-ci donne enfin à lire le fabuleux récit dans sa verdeur
originelle, dans le rythme régulier qui scande inexorablement l'aventure
et le destin des personnages, dans les vers décasyllabes donc que le
mystérieux auteur destinait à la récitation publique. On lit comme
écoutait l'auditeur médiéval, on retrouve cette marche sublime, cette
implacable foulée.
Cette nouvelle traduction est écrite pour se laisser lire comme un texte
d'aujourd'hui : on comprend d'emblée, sans être gêné par une écriture
esclave de son modèle, sans la digression des notes ni la surcharge des
apparats critiques. Elle s'adresse au lecteur, non pas au spécialiste.
Le seul élément étranger au texte est une rapide présentation qui
permettra de n'avoir plus, au fil de la lecture, à se poser d'autres
questions que celles que suggèrent la beauté de l'histoire et la
grandeur des héros
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