L'expression “crétin des Alpes” est insultante, mais elle recouvre une réalité médicale avant 1922. C'est à cette date que les scientifiques découvrent pourquoi les goitres et autres handicaps physiques ou mentaux affligent les habitants de nos montagnes : la solution ne manque pas de sel !
À la fin du XVIIIe siècle en Europe, bourgeois et aristocrates s’élancent vers les Alpes, à la découverte de ces paysages à couper le souffle, vers cette nature qui soigne le corps et qui apaise l’âme. La montagne est une promesse d’aventures. Les journaux de voyages, les guides de randonnée, les œuvres littéraires, mais aussi les traités scientifiques se multiplient et amplifient cette passion, qui croît encore durant le XIXe siècle.
Ces pérégrinations sont l’occasion de rencontrer ceux qui peuplent les montagnes. Au milieu du XIXe siècle, des milliers d’entre eux sont qualifiés de “crétins”. Peu à peu, ils deviennent un des personnages essentiels de la culture alpine. Les médecins et les pédagogues en font des cobayes de choix : faut-il les enfermer, les éduquer ou simplement les délaisser en altitude ? Ils sont tantôt dépeints comme des créatures inquiétantes aux frontières de la monstruosité, tantôt comme des êtres purs, préservés des dérives de la modernité et du progrès. C’est une carence en iode qui affecte est responsable de ce “crétinisme” : elle entraîne des dysfonctionnements thyroïdiens qui se manifestent par une série d’infirmités physiques et mentales, dont des goitres. Tandis que les médecins soignent les “crétins”, le tourisme alpin se développe et la découverte de ces paysages n’est plus uniquement réservée à quelques élites. Comment la passion des Alpes a-t-elle peu à peu conquis toute l’Europe ? Autour de quelles images s’est-elle construite ?
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