Le géant du streaming Netflix nous revient avec les mésaventures d'une criminelle, gérontophile à sa manière. Peut-on vraiment faire du neuf avec des vieux ? C'est le défi de Rosamund Pike, à l'affiche de I Care a Lot, nouveau film du MCU (Monstrueuse Connasse Universe), entamé avec Gone Girl.
UN FILM EN VIAGER
D’aucuns font fortune dans le commerce de bien précieux, bijoux, dorures et minerais rares. D’autres prospèrent en fournissant à leurs semblables d’indispensables matières premières. Marla Grayson, elle, s’est lancée dans le trafic et l’exploitation de vieux. Grâce à un vicieux stratagème légal, elle accumule les biens de ceux dont elle récupère la tutelle légale, jusqu’au jour où elle tente de détrousser une vieille dame liée au crime organisé.
En découvrant l’intrigue et les personnages du nouveau film écrit et réalisé par J Blakeson, on se dit que le monsieur a eu le temps de digérer le Cartel de Ridley Scott, tant on y retrouve le désir de confronter deux formes de criminalité (cols blancs et gangsters), tout en questionnant la place des protagonistes sur l’échelle de la prédation sociale. Il sera donc question ici d’établir qui est désormais le maître étalon du ma : des criminels endurcis, mais finalement assez conventionnels, ou des cyniques détournant le libéralisme américain pour en faire une mécanique de pure perversion.
Une idée toujours amusante, d’autant plus qu’elle est ici incarnée avec grand plaisir et voracité par un casting investi. Toujours tranchante quand elle prête ses traits à des personnages monstrueux, Rosamund Pike se délecte des horreurs qu’elle commet, et revient enfin à un rôle à sa juste-valeur depuis sa performance ahurissante dans Gone Girl.
De leur côté, Peter Dinklage, Dianne Wiest et Chris Messina semblent également bien s’amuser. Largement aidés par un montage enlevé, ils arrivent même à dynamiser quantité de séquences bavardes, trop fonctionnelles sur le papier.
LA MÉDIOCRITÉ EN HÉRITAGE
Avec son mauvais esprit de façade et sa facture technique maîtrisée, I Care a Lot divertit sans mal et de bout en bout. Sans mal, mais sans génie non plus, tant tout dans le film semble avoir été pensé pour le rendre le plus générique et convenu possible. De la photo acidulée et sur-colorée qui se refuse à laisser la moindre zone d’ombre exister, en passant par le découpage, efficace, mais impersonnel, jamais on n’a le sentiment qu’un auteur est à la barre.
Cette absence de sensibilité, cette non-personnalité envahissante se double d’une série de lacunes dommageables. Plus le récit avance, plus il se déconnecte de ses prémices sociales passionnantes pour simplement narrer la confrontation entre deux criminels. Et cet affrontement n’a rien à nous proposer que nous n’ayons déjà vu. Pire, il est incapable de s’assumer pour l’aventure amorale qu’il se promettait d’être, puisqu’en singeant L'Impasse et Layer Cake dans son dernier tiers, le réalisateur se transforme en moraliste au petit pied. Dès lors, il semble évident qu’en dépit d’un certain savoir-faire Blakeson appauvrit son sujet plus qu’il ne le traite.
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