Visionner le film
L'Amour et la Révolution est un film documentaire de Yannis Youlountas sorti au cinéma en 2018. Les bandes annonces longues et courtes sont disponibles sur la plateforme YouTube.
« Dix ans après les premières émeutes, les médias européens prétendent que la cure d’austérité en Grèce a réussi et que le calme est revenu. Ce film prouve le contraire. À Thessalonique, des jeunes empêchent les ventes aux enchères de maisons saisies. En Crète, des paysans s’opposent à la construction d’un nouvel aéroport.
À Athènes, un groupe mystérieux inquiète le pouvoir en multipliant les sabotages. Dans le quartier d’Exarcheia, menacé d’évacuation, le cœur de la résistance accueille les réfugiés dans l’autogestion. Un voyage en musique parmi celles et ceux qui rêvent d’amour et de révolution. »
Le film est à but non lucratif, et les bénéfices seront reversés à des initiatives solidaires autogérées en Grèce
Sur la seule forme, c’est déjà un beau film. La réalisation est simple, mais percutante par son authenticité. La bande-son est parsemée de belles chansons en tous genres, très engagées bien sûr, dont par exemple de la musique du rappeur antifasciste Killah P, assassiné par les néonazis d’Aube dorée en 2013. On ne s’ennuie pas pendant les une heure et quart que dure le film, on y rigole même assez souvent, grâce aux touches d’humour de « celles et ceux qui rêvent d’amour et de révolution ».
Désobéissance civile et action directe
Les premières minutes débutent sur des images de répression policière. Le film évoque cette répression ainsi que la misère dont elle tente de contenir la colère ainsi déclenchée, mais ni l’une ni l’autre ne sont le sujet principal du film. Bien sûr, elles ne sont pas dénuées d’intérêt, bien sûr que la soupe populaire, qui a vu sa fréquentation journalière passer d’environ 150 personnes en 2012 à plus de 2 000 personnes actuellement, ou bien les traitements inhumains des prisons pour réfugié.es méritent qu’on s’y attarde.
Le couple violence du capitalisme/violence de la répression n’est donc pas absent, mais il est seulement présent à travers les personnes qui lui résistent, au travers de leurs mots, leurs gestes, leurs yeux ou leurs émotions. Et c’est là le point fort du film : se focaliser sur la résistance des populations, et ce directement via les acteurs et actrices de cette résistance, de la lutte paysanne contre un projet aéroportuaire crétois, où s’exprime déjà la solidarité internationaliste avec la Zad de NDDL, au quartier d’Exarcheia où se déroule la résistance des exilé.es, en passant par le groupe anarchiste Rouvikonas qui adopte un moyen de lutte très intéressant situé à la croisée de la désobéissance civile avec l’action directe.
Lutte paysanne et résistance populaire
En bref, c’est la résistance des oppressé.es eux et elles-mêmes qui est au cœur de l’œuvre. C’est précisément le genre de documentaire militant dont on a besoin, qui ne s’attarde pas seulement sur le constat, c’est à dire l’oppression qui découle du capitalisme, mais qui promeuvent les possibilités concrètes de résistance, afin de développer notre combat pour une alternative communiste libertaire au capitalisme. Car, même si ce n’est pas son fonctionnement capitaliste qui est immédiatement soulevé, la plupart des gens sont d’accord sur le fait que le système politico-économique actuel est néfaste et crée de la souffrance (pour la simple et bonne raison que la plupart des gens le vivent) mais c’est sur la suite à donner à ce constat, la réaction à produire, que beaucoup abandonnent, souvent par fatalisme et défaitisme. En ce sens, des initiatives telles que les films de Yannis Youlountas sont les bienvenues et cela s’est confirmé par les réactions pleines d’enthousiasme des personnes vaguement dépolitisées dans la salle, lors du débat avec le réalisateur succédant la projection.
En bref, un film poignant. Celles et ceux qui connaissent et aiment le travail de Yannis ne seront pas déçu.es, L’Amour et la Révolution est un film dans la droite lignée des deux précédents. Pour les autres, la découverte n’en sera que meilleure.
« Non, rien n’est fini en Grèce ! »
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