Paris romantique, Paris érotique
L'image de Paris comme capitale de l'amour semble aujourd'hui être une évidence. Pourtant, ce n'est qu'au XIXème siècle, avec son "haussmannisation", qu'elle acquiert ce titre. Comment s'est imposée cette réputation au monde entier ? Des grands boulevards aux quais de Seine en passant par la pénombre des portes cochères, le documentaire "Paris romantique, Paris érotique" revient sur la fabrication de ce mythe et revisite, à travers personnages emblématiques et archives savoureuses, un siècle d'histoire culturelle et sociale. Des boudoirs des grandes courtisanes du Second Empire aux amours libres dans le Saint-Germain-des-Prés de l'après-guerre, en passant par les nuits interlopes des cabarets de l'Occupation, retour sur un pan de l'histoire de la capitale.
« Paris, capitale de l’amour et des plaisirs » : le refrain est connu
dans le monde entier. Mais cela a-t-il toujours été le cas ? Du Second
Empire aux années 1960, ce film revient sur la construction d’un mythe.
Celui d’une ville sensuelle, à la fois licencieuse et romantique, fidèle
à une certaine idée d’elle-même.
À l’apogée du Second Empire, le baron Haussmann, préfet de la Seine,
parachève pour Napoléon III son grand œuvre : la réinvention totale et
radicale de la physionomie de Paris. Jusqu’alors, la ville avait la
réputation d’être celle des plaisirs ; désormais, elle acquiert son
titre de « reine de l’amour ». Et ce mythe du Paris amoureux va
s’épanouir durablement au cours du siècle flamboyant allant des
années 1860 aux années 1960.
Après le Second Empire et la Commune viendront la Belle Époque et la Grande Guerre, les Années folles et la crise de 1929, puis l’Occupation et la Libération, et enfin les Trente Glorieuses et Mai 68. Structuré autour de ces grandes périodes, le film montre combien chacune associe un temps faste, lumineux, spectaculaire à un temps de crise, sombre, conflictuel. « Ces deux facettes sont indissociables, et l’une permet de comprendre l’autre, explique la réalisatrice Mathilde Damoisel. L’histoire de Paris est mouvementée, et son mythe s’est souvent heurté aux réalités sociales et politiques. »
De nouvelles pratiques amoureuses
Les mutations sociales à l’œuvre sur la période sont ainsi mises en avant, à commencer par la place des femmes. Passant du statut d’objet de désir à celui de sujet de leur histoire (et de leurs amours), elles vont en effet gagner leur légitimité dans l’espace public. Et invalider la distinction tenace entre « filles publiques » et « femmes comme il faut ». Des demi-mondaines du Second Empire paradant le jour sur les Champs-Élysées et le soir à l’Opéra Garnier, aux amours de Juliette Gréco avec Miles Davis dans le Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre, en passant par la liberté amoureuse des Années folles et les romances clandestines sous l’Occupation, le film revient sur la transformation des pratiques amoureuses et la fabrication d’un imaginaire.
Ce faisant, c’est aussi une carte du Tendre parisien originale que découvre le spectateur. Des Grands Boulevards aux quais de Seine, de la pénombre des cabarets à celle des portes cochères, cette géographie amoureuse se révèle à la fois scandaleuse et émouvante. À travers des archives savoureuses et les destins des amoureux de Paris, cette déambulation dans le passé et dans la ville nous montre comment le mythe du Paris amoureux s’est épanoui au fil des ans. Jusqu’à devenir une marque internationale qui fait durablement rêver, de Pékin à Los Angeles.
La place des femmes dans Paris
Tout au long de ce grand siècle, des femmes ont contribué à édifier le mythe de Paris. Elles en ont personnifié toutes les facettes, au point d’en devenir des icônes : Hortense Schneider, la muse de Jacques Offenbach sous le Second Empire, et sa rivale Blanche d’Antigny ; la danseuse Cléo de Mérode et la sulfureuse Casque d’Or à la Belle Époque ; Mireille Havet, figure de la « garçonne », et l’artiste Kiki de Montparnasse durant les Années folles ; Fabienne Jamet, tenancière d’une des plus célèbres maisons closes parisiennes sous l’Occupation, et la jeune étudiante juive Hélène Berr ; Juliette Gréco et Miles Davis dans le Saint-Germain-des-Prés de l’après-guerre ; Audrey Hepburn, icône d’un Paris transformé par Hollywood…
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