La chronique scandaleuse s'est emparée très tôt du personnage d'Aliénor
d'Aquitaine; très tôt, puisqu'au XIIIe siècle déjà le facétieux
Ménestrel de Reims lui attribuait des aventures avec Saladin. Les
Français ne lui auraient-ils pas gardé rancune d'avoir abandonné la
couronne de France pour celle d'Angleterre ? Quoi qu'il en soit, la
réputation fâcheuse qu'on lui a faite aura marqué, pour la postérité,
une personnalité féminine hors pair, donc l'existence aura eu pour cadre
non seulement l'Occident européen de l'Aquitaine à la Saxe et à la
Sicile, mais le Proche-Orient avec Antioche et Constantinople.
Avec le recul de l'histoire, et la lumière des textes de son temps,la personne et l'action d'Aliénor d'Aquitaine prennent un relief étonnant. A travers elles s'opère la fusion entre le Nord et le Midi, entre la poésie des troubadours et la magie des vieux contes celtiques; on peut dire que sans Aliénor, la civilisation occidentale - celle de l'amour courtois, des romans de chevalerie, de Tristan et Iseult - n'eût pas été ce qu'elle fut. Or, cette femme lettrée s'est aussi rélévée, à l'occasion, une tête politque; deux fois reine, mère de deux rois, on pourrait lui appliquer l'épithète de "grand-mère de l'Europe" - comme à telle autre reine d'Angleterre - car ses enfants et petits-enfants peuplèrent non seulement les cours de France et d'Angleterre, mais la Sicile, la Castille et jusqu'à l'Empire germanique.
Admirablement attentive à son temps, toujours prête à faire face aux situations si tragiques fussent-elles, elle se montra, au cours d'une vie mouvementée s'il en fut, capable d'organiser la défense d'une forteresse, d'administrer non seulement son duché, mais tout un royaume, de prévoir l'importance qu'allait prendre, au XIIIe siècle, la bourgeoisie des villes.
Les textes contemporains, si sobres soient-ils, nous laissent entrevoir la femme passionnée, la mère vigilante, la reine énergique qu'elle sut être. Au total, selon l'expression de l'un d'entre eux, "une femme incomparable".Que lit Aliénor d'Aquitaine ... éternel gisant de l'abbaye de Fontevraud. Le 6 juillet 1189, Henri II Plantagenêt meurt à Chinon. Face aux circonstances, Aliénor passe outre la volonté du défunt et décide de l’inhumer à Fontevraud. Pour la reine, l’abbaye de Fontevraud doit désormais devenir aux Plantagenêt ce que la basilique Saint Denis est aux Capétiens : une nécropole royale qui symbolise de la puissance de la dynastie.
En 1982, rencontre avec la médiéviste Régine Pernoud
Régine Pernoud, conservateur aux Archives nationales de France et spécialiste du Moyen Âge, s'intéresse particulièrement au statut de la femme à l'époque féodale, comme le montrent ses ouvrages «Pour en finir avec le Moyen Âge» et «La Femme au temps des cathédrales». Interviewée par Marcel Brisebois, elle parle du pouvoir politique des femmes, de leur vie affective et sexuelle, et de la période noire de l'histoire pour les femmes, avec le code Napoléon qui renforce le rôle de l'homme dans la société.
Régine Pernoud 1909-1998 est une historienne, médiéviste, archiviste-paléographe française.
Elle est la sœur de Georges Pernoud (rédacteur en chef de Paris Match) qui épousera l'auteure Laurence Pernoud (1918-2009). Elle est également la tante de Georges Pernoud (1947), présentateur de Thalassa.
En 1929, âgée de 21 ans, Régine termine une licence en lettres à l'université d'Aix-en-Provence puis déménage à Paris où elle entre à l'École nationale des chartes d'où elle sort en 1933 avec un diplôme d'archiviste paléographe. En 1935, elle soutient sa thèse de doctorat en histoire médiévale à la Sorbonne. Les thèmes de sa thèse, "Essai sur l’histoire du port de Marseille, des origines à la fin du XIIIe siècle" seront repris dans une publication subséquente (1949).
Ayant grandi dans une famille à la situation matérielle précaire, puis attendu quatorze ans pour disposer d'un poste après sa sortie de l'École des chartes, Régine Pernoud exercera divers métiers (préceptrice, répétitrice, agent de classement dans des fonds d'archives) en parallèle de ses études universitaires et de ses travaux d'historienne. En 1946, elle publie son premier livre, "Lumière du Moyen Âge", qui obtient le Prix Fémina-Vacaresco.
En 1947, elle devient conservatrice du musée de Reims puis, en 1949, conservatrice des Archives nationales et du musée de l'Histoire de France.
En 1974, à la demande d'André Malraux, elle fonde le Centre Jeanne d'Arc à Orléans, qu'elle va diriger jusqu'en 1987.
Régine Pernoud a mené une œuvre d'historienne médiéviste mais elle a aussi publié des ouvrages de vulgarisation. Elle s'est attachée notamment à écrire les biographies de grandes figures féminines médiévales en soulignant le rôle du christianisme dans l'émancipation des femmes.
Elle fit un séjour à Chypre en 1988 pour profiter des richesses historiques de cette île qui joua un rôle important pendant les croisades.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire