Kate, journaliste politique française ; Cyd, Anglaise vivant à New York ; Flora, anarchiste espagnole ; Bernadette, dirigeante féministe ; Ysia, Chinoise attachée d'ambassade ; Louise, une claveciniste ; Deborah, la femme du narrateur... Telles sont les femmes. Le narrateur, un journaliste américain, nous dit tout sur elles, mais sa réflexion embrasse l'évolution du monde, ces dix dernières années : pouvoir féminin, érotisme, crise, terrorisme, idées et passions des intellectuels. Rien de plus actuel que ce vaste roman
L’interview de Philippe Sollers - Stupéfiant !
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« Femmes », de Philippe Sollers: chronique rusée d’un libertin catholique
Se présentant comme un manifeste antiféministes, ce livre est avant tout l’hymne à la liberté d’un Don Juan plongé dans l’enfer d’une société qui serait dominée par les femmes. Cet article est paru dans « Le Monde » le 4 février 1983.
Femmes, de Philippe Sollers, sera-t-il l’événement littéraire de la saison d’hiver ? Il y aurait des raisons pour cela, dont quelques-unes calculées. D’abord un changement d’écurie spectaculaire. Sollers, qui est né au Seuil, où il a acquis sa notoriété, entre aujourd’hui chez Gallimard. Là n’est pas le principal.
Femmes – venant après Drame, Nombres, Lois, H, ces romans abstraits, après Paradis, surtout, ce texte sans ponctuation ni alinéas publié en 1980 –, se lit en clair ou presque. Un tournant dans une manière. Il y a cette fois des virgules, des points, des points d’interrogation, d’exclamation, de suspension, une surabondance, même, comme dans les dernières chroniques céliniennes – Rigodon est une des références majeures du livre, avouée bien entendu. Il y a des paragraphes, des chapitres, des personnages, des scènes, des dialogues qui ne jureraient pas dans un roman de Sagan et le dessein, affirmé, exécuté, de peindre le monde contemporain.
Polémique et satirique
Un roman traditionnel, alors ? Pas si vite. La mise en œuvre n’est pas classique. Elle est essentiellement baroque, et le mot est à prendre dans tous les sens qu’il a : précis, s’appliquant à une esthétique qui revendique la liberté des formes et aspire à rendre le réel dans sa totalité exubérante ; courant, c’est-à-dire excentrique, fait pour surprendre et pour choquer. Femmes se présente comme une « hénaurme » machine de guerre contre la femme et l’idéologie féministe. C’est un livre polémique, satirique, volontairement provocant, où l’auteur s’amuse et bouffonne en prétendant révéler le fin fond des choses, la vérité cachée qu’il affiche dès la première page : « Le monde appartient aux femmes. C’est-à-dire à la mort. Là-dessus tout le monde ment. »
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