samedi 20 mars 2021

Livre - Le Hussard sur le toit - Jean Giono


 Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu'a-t-il fallu pour l'amener là ? Rien moins qu'une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d'abord un roman d'aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d'une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d'avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d'une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l'amour et le renoncement. 


Jean Giono : Le hussard sur le toit (1953 / France Culture)

Jean Giono : Le hussard sur le toit (1953 / France Culture). La version radiophonique du “Hussard sur le toit” a été réalisée en 1953 par René Wilmet, d’après une adaptation d’André Bourdil. © Photographie : Jean Dieuzaide, dernier portrait de Jean Giono, Manosque, 1968. Écrit en 1951, c’est un roman d’aventure, un roman d’amour, un roman de voyage. On y suit Angelo Pardi, un carbonaro italien en fuite, qui gagne la Provence mais qui, en guise de refuge, découvre une région infestée par le choléra. Au fil de son périple à travers un pays rendu fantomatique par l’épidémie, une question se pose : est-ce le choléra qui tue ou bien est-ce la peur ? Avec Gérard Philipe (Angelo), Jeanne Moreau (Pauline), René Lefebvre (récitant), Louise Conte (récitante), Mady Berry (la bonne), Jean Topart (le médecin), Jean Toulout (le gros monsieur), Nicolas Amato (l’officier), Paul Morin (la sentinelle), Léon Larive (l’aubergiste), Antonin Bayrel (le voyageur), Louise Debrakel (la paysanne). C’est Jean Giono que vous entendrez ensuite au micro de Jean Carrière, il détaille son processus d’écriture, le style, d’encre très noire, de papier mais aussi d’allumettes. 

Jean Giono, "Le Hussard sur le toit" (1951) : la "saloperie humaine"

1838. Angelo Pardi, hussard italien originaire de Piémont, est notre héros, en fuite après avoir remporté un duel mortel. Ses tribulations le mènent à Manosque, en Provence, où une épidémie de choléra fait rage. Poursuivi par les autorités, qui le croient coupable d’empoisonner les fontaines de la ville, il erre sur les toits des demeures délaissées. Il virevolte alors d’une maison à une autre, s’abstrait de l’abominable chaos de l’épidémie tout en s’offrant une contemplation impressionniste des paysages désolés d’une ville en agonie. Néanmoins, en bon personnage d'inspiration stendhalienne, Angelo accorde une importance particulière au devoir et à la vertu. Fort d’une immunité inexplicable et d’une noble dévotion, il se met au service de quelques condamnés dans l’espoir de les sauver du calvaire, se retrouvant aux premières loges de la danse macabre. Il s’insurge contre ce mal foudroyant qui, selon lui, révèle “la saloperie humaine”.


Invitée au micro de "la Compagnie des œuvres" en 2017, Sylvie Vignes, professeure de littérature française et spécialiste de Giono, défend que l’auteur a orchestré son intrigue autour du choléra pour sa force symbolique et révélatrice des passions humaines. Afin d’accentuer le souffle dramatique de son oeuvre, Giono s’est inspiré de la pandémie de choléra, bien réelle, de 1832, en exacerbant les symptômes de la maladie. On retiendra la puissance évocatrice des cholériques gioniens qui dégobillent une substance "semblable à du riz au lait". Surnommé “l’ami des peintres”, l’écrivain brosse avec génie le panorama d’une Provence tragique, en mobilisant des éléments picturaux dans ses descriptions de la nature. Giono inscrit ses personnages dans une exaltation épique et nous transporte sous la chaleur “écœurante”, “lourde et huileuse” d’un été maudit, tout en gardant une tonalité poétique et une construction musicale.


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