J'ai la mémoire de toutes mes photos, elles forment le tissu de ma vie et pal Ibis, bien sûr, elles se font des signes par-delà les années. Elles se répondent, elles conversent, elles tissent des secrets. À partir d'une cinquantaine de photos, Willy Rouis dessine son autoportrait. On le suit dans ses voyages, ses virées dans les rues de Paris et sur les bords de la Marne, ses reportages aussi. Une photo, c'est un moment pris sur le vif, mais c'est aussi l'histoire d'un jour. Ce jour-là : UN autoportrait à la manière d'un Je me souviens. C'est avec émotion due ce livre feuillette à la fois son être le plus intime, son talent de photographe et son talent de conteur.
Photographe français dont l'œuvre couvre tout le XXe siècle, Willy Ronis débute sa longue carrière dans les années 1930, après avoir suivi des études de droit et de musique. Il entre à l'atelier photographique de son père et réalise ses premiers reportages et premières photos à caractère social, arpentant les pavés de Paris son appareil à la main. En 1937, il décide d'être photographe-reporter-illustrateur indépendant, et archive la capitale autant que la montagne. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il travaille pour le Time, Life ou encore Point de vue et image du monde. Il multiplie les voyages en Europe, les reportages sociaux (grèves chez Citroën-Javel, retour des prisonniers de la Seconde Guerre mondiale, célèbre portrait du 'Mineur silicosé' en 51) et entre à l'agence Rapho.
Il obtient la médaille d'or à la Biennale de Venise en 1957. Dans les années soixante, il réalise diverses illustrations pour le musée et la Fondation Vasarely. Quittant momentanément Paris pour le midi de la France, il dispense des cours aux Beaux-Arts d'Avignon et aux facultés d'Aix-en-Provence et de Marseille. Il reçoit le grand prix national des Arts et des Lettres pour 'La Photographie' en 1979, puis le prix Nadar pour son album 'Sur le fil du hasard'.
Il connaît un véritable engouement dans les années 1980. Il enchaîne alors les publications et les expositions (Paris, New York, Moscou, Londres…), et collectionne les prix pour ses travaux. Nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 1989, Willy Ronis est un photographe de l'instant qui saisit la vérité avec un œil profondément humain, préférant le sens à la pure création et transformant les moments éphémères en éternité.
Dernier représentant de la photographie humaniste, Willy Ronis s'éteint en septembre 2009, alors qu'il ne photographiait plus depuis 2001, et avait fait don de son œuvre à l'État.
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