« Rien n'a plu davantage dans les lettres persanes, que d'y trouver, sans y penser, une espèce de roman. On en voit le commencement, le progrès, la fin : les divers personnages sont placés dans une chaîne qui les lie. À mesure qu'ils font un plus long séjour en Europe, les mœurs de cette partie du monde prennent, dans leur tête, un air moins merveilleux et moins bizarre : et ils sont plus ou moins frappés de ce bizarre et de ce merveilleux, suivant la différence de leurs caractères. Dans la forme de lettres, l'auteur s'est donné l'avantage de pouvoir joindre de la philosophie, de la politique et de la morale, à un roman ; et de lier le tout par une chaîne secrète et, en quelque façon, inconnue. »
Montesquieu
(Catalogue de l'éditeur)
L'étonnement de deux voyageurs persans est prétexte à une peinture sans
tabou de la fin du règne de Louis XIV. Les particularismes du temps,
tout comme les faiblesses et les inclinations naturelles de la nature
humaine, sont observés d'autant plus attentivement qu'ils le sont d'un
point de vue extérieur. Usbek, principal locuteur de ce roman
épistolaire où les lettres s'entrecroisent pour créer un écheveau
d'impressions et d'intrigues, a quitté Ispahan pour des raisons
politiques. Il dirige donc son sérail depuis l'Europe et échange ses
impressions avec ses amis demeurés en Perse, avec Rhédi, en voyage
d'étude à Venise, puis avec son compagnon de route Rica, qui préférera
le tumulte de Paris et la curiosité qu'il y suscite au calme de la
campagne environnante élue par Usbek. Ce dernier, si lucide quant aux
vices du royaume de France, si critique quant aux traditions
européennes, se laisse pourtant duper par ses femmes.
Les « Lettres persanes », première œuvre de Montesquieu, publiées dans
l'anonymat en 1721, connurent un succès retentissant et furent rééditées
plusieurs fois au cours du XVIIIe siècle.
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