Ce livre est sans conteste l'un des témoignages les plus bouleversants
sur l'expérience indicible des camps d'extermination. Primo Levi y
décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de
l'appartenance des juifs à l'humanité. Le passage où l'auteur décrit le
regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s'il
était transparent et n'existait pas en tant qu'homme, figure parmi les
pages qui font le mieux comprendre que l'holocauste a d'abord été une
négation de l'humain en l'autre.
Si rien ne prédisposait l'ingénieur chimiste qu'était Primo Levi à
écrire, son témoignage est pourtant devenu un livre qu'il importe à
chaque membre de l'espèce humaine d'avoir lu pour que la nuit et le
brouillard de l'oubli ne recouvrent pas à tout jamais le souvenir de
l'innommable, pour que jamais plus la question de savoir "si c'est un
homme" ne se pose.
De ce devoir de mémoire, l'auteur s'est acquitté avant de mettre fin à
ses jours, tant il semble difficile de vivre hanté par les fantômes de
ces corps martyrisés et de ces voix étouffées.
Primo Levi (1919-1987), l’homme en soi : Une vie, une œuvre (France Culture)
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