Lorsque Jan van Toch, capitaine de navire hollandais, découvre, à l’ouest de Sumatra, une espèce de salamandre douée d’une certaine forme d’intelligence et susceptible de l’aider dans l’exploitation des perles, il est loin d’imaginer que cette découverte sera à l’origine d’un bouleversement complet de l’ordre mondial. Et pourtant…
Publié en 1936, lors de la montée du national-socialisme et du stalinisme, La guerre des salamandres brosse, avec un regard plein d’humour, une satire sans concession des individus et de la société. Mêlant la parodie au récit fantastique, ce roman se révèle être, sous une apparente légèreté de ton, extrêmement lucide et sombre. Parmi les thèmes abordés, il s'attaque au capitalisme, au nationalisme et au militarisme mais aussi à la science, au journalisme et même à l'industrie du cinéma !
Théâtre
"La Guerre des salamandres", une satire qui fait apparaître l'espèce humaine dans la nudité d'une de ses vérités.
"La Guerre des salamandres", La Maison des Métallos, Paris
Dans "la Guerre des salamandres" du tchèque Karel Čapek, les hommes habitants terrestres de la Terre rencontrent des sauriens occupants de la mer, des salamandres douées d'intelligence. Les hommes sont plongés dans la jouissance d'un monde qu'ils vivent comme un spectacle et un divertissement fournisseurs de richesses.
Les salamandres dociles au plus proche des huîtres perlières sont
exploitées et mises au labeur forcé. Robotisés*. Mais les salamandres
apprennent vite les méthodes de leurs exploiteurs et avancent
silencieusement dans la civilisation, se lancent irrésistiblement à la
conquête des continents qu'elles finissent par recouvrir. La planète
Terre est devenue leur, la planète Mer.
La fable est transparente. Écrite en 1936, elle met à nu les relations de domination et la toute-puissance présentes dans l'état du monde sous la montée du nazisme. Anticipant également les problèmes écologiques la pièce avance comme un conte presque enfantin, avance dans l'Histoire. Sans heurts, elle devient un récit dans lequel la rage et le rire se mêlent. "La Guerre des salamandres" est une satire qui fait apparaître l'espèce humaine dans la nudité d'une de ses vérités.
Les petits sauriens verts qui hantent les rivages dans la proposition théâtrale de Robin Renucci ne sont jamais montrés. Le metteur en scène suscite leur présence par quelques bruitages et reflets marionnettiques. Mais s'appuyant sur le texte, dans la manière scénique, il guide le spectateur jusque dans les coulisses de l'œuvre et de la représentation. Il accompagne le développement du texte en jouant avec les chromos, les archétypes des années folles, avec le début du journalisme, de la publicité, de la photo, du cinéma, les images des vedettes et financiers oisifs sur leurs yachts…
La fable est transparente. Écrite en 1936, elle met à nu les relations de domination et la toute-puissance présentes dans l'état du monde sous la montée du nazisme. Anticipant également les problèmes écologiques la pièce avance comme un conte presque enfantin, avance dans l'Histoire. Sans heurts, elle devient un récit dans lequel la rage et le rire se mêlent. "La Guerre des salamandres" est une satire qui fait apparaître l'espèce humaine dans la nudité d'une de ses vérités.
Les petits sauriens verts qui hantent les rivages dans la proposition théâtrale de Robin Renucci ne sont jamais montrés. Le metteur en scène suscite leur présence par quelques bruitages et reflets marionnettiques. Mais s'appuyant sur le texte, dans la manière scénique, il guide le spectateur jusque dans les coulisses de l'œuvre et de la représentation. Il accompagne le développement du texte en jouant avec les chromos, les archétypes des années folles, avec le début du journalisme, de la publicité, de la photo, du cinéma, les images des vedettes et financiers oisifs sur leurs yachts…
Et subtilement par les moyens de ce théâtre ostensiblement simple
il avance dans la complexité du propos et conduit l'histoire au temps
présent. Les citations historiques, la machine théâtrale, le jeu mais
aussi le sujet même de la pièce, se fondent dans une mémoire commune,
prend une allure prémonitoire.
En ces temps de crise climatique, les résonances avec le monde contemporain sont du coup saisissantes.
Le spectateur s'immerge ainsi dans une fiction, entre en réflexion, s'amuse, se divertit, apprend, comprend. Dans cette proposition, la pièce de théâtre se met en scène. Le théâtre est comme une conscience de soi, intime.
Et le spectateur ressent la possibilité d'une fragilité, d'une inquiétude, la probabilité d'une fin d'un monde qui se dessine et se discerne.
Il comprend qu'une certaine idée d'un progrès continu est révolue. Et qu'il faut penser et agir autrement l'usage des ressources que l'on ne peut plus présupposer comme infinies. Les écolocoptères, les croisiéristes de l'extrême, les jouisseurs de l'ultime qui croient que la Terre n'est qu'un terrain de jeu n'ont qu'à bien se tenir.
* Le mot robot a été créé par les frères Karel et Joseph Čapek dans une autre pièce de théâtre, "R U R". Le mot renvoie à l'état d'êtres vivants assumant le labeur que d'autres ne veulent pas effectuer plutôt qu'à des automates, des artefacts.
L'usage du mot robot préféré à celui d'outil ou de machine révèle un rêve d'asservissement, d'exploitation… "La Guerre des salamandres" illustre parfaitement le point de vue.
En ces temps de crise climatique, les résonances avec le monde contemporain sont du coup saisissantes.
Le spectateur s'immerge ainsi dans une fiction, entre en réflexion, s'amuse, se divertit, apprend, comprend. Dans cette proposition, la pièce de théâtre se met en scène. Le théâtre est comme une conscience de soi, intime.
Et le spectateur ressent la possibilité d'une fragilité, d'une inquiétude, la probabilité d'une fin d'un monde qui se dessine et se discerne.
Il comprend qu'une certaine idée d'un progrès continu est révolue. Et qu'il faut penser et agir autrement l'usage des ressources que l'on ne peut plus présupposer comme infinies. Les écolocoptères, les croisiéristes de l'extrême, les jouisseurs de l'ultime qui croient que la Terre n'est qu'un terrain de jeu n'ont qu'à bien se tenir.
* Le mot robot a été créé par les frères Karel et Joseph Čapek dans une autre pièce de théâtre, "R U R". Le mot renvoie à l'état d'êtres vivants assumant le labeur que d'autres ne veulent pas effectuer plutôt qu'à des automates, des artefacts.
L'usage du mot robot préféré à celui d'outil ou de machine révèle un rêve d'asservissement, d'exploitation… "La Guerre des salamandres" illustre parfaitement le point de vue.
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