À l’occasion du centenaire de la naissance d’André Pieyre de Mandiargues, la collection Poésie/Gallimard réédite en deux volumes l’intégralité de son œuvre poétique, soit l’ensemble des textes publiés par ses soins augmenté de quelques inédits. Aux côtés des romans, récits, nouvelles, pièces de théâtre et essais qui ont fait le renom de l’auteur de La Marge et du Musée noir, la poésie occupe une place essentielle, peut-être même centrale, tant elle semble, par bien des surgissements, surprises et courts-circuits, au cœur de toute l’œuvre, à la fois comme révélateur intime et comme enjeu formel.
Pieyre de Mandiargues a confié que s’il écrivait des poèmes c’était «dans l’espoir de ressentir à nouveau la fièvre qu’il avait éprouvée à la lecture d’Agrippa d’Aubigné, des élisabéthains, des romantiques allemands, de Coleridge, de Lautréamont et des surréalistes». Ces références, assez éclectiques, suggèrent une grande liberté quant au choix des thèmes et de leur transcription. On peut évoquer une tension, voire une contradiction, entre une inspiration qui laisse toute latitude à l’imaginaire et une écriture qui se veut précise et maîtrisée. André Pieyre de Mandiargues est un baroque qui ne répugne pas au classicisme. Ses poèmes se distinguent en cela et s’identifient aussitôt, comme si la plus chatoyante fantaisie langagière pouvait subtilement, et parfois avec perversité, se laisser entrevoir ou soupçonner sous une stricte parure.
Incontestablement, l’œuvre poétique de Pieyre de Mandiargues est à redécouvrir. Elle propose comme aucune autre dans le siècle cette conjonction des contraires qui ne brime pas la folie onirique au nom de la lucidité, qui ne submerge pas la visée âpre sous un déferlement verbal. «Bien moins que la dictée de l’inconscient, note-t-il, mais beaucoup tout de même, m’intéresse une certaine perfection du vers ou du verset, qui doit presque toujours au travail, sans doute, mais qui le rend incorrigible et pur comme le corps naturel dans sa nudité bouleversante, que l’on regarde avec amour.»
André Pieyre de MANDIARGUES – Un siècle d'écrivains : L'amateur d'imprudence (DOCUMENTAIRE, 2000)
Le volume contient plusieurs romans de Mandiargues autour de l'érotique
et du fantastique : Dans les années sordides, Le musée noir, Soleil des
loups, Marbre ou les Mystères d'Italie, Le Lis de mer, Feu de braise,
Porte dévergondée, Mascarets, Sous la lame, Le Deuil des roses et
Monsieur Mouton.
Il contient également plusieurs documents autour de l'auteur.
Poète, essayiste et romancier, André Pieyre de Mandiargues 1909-1991 entreprit dès
1934 l’écriture de ses premiers textes poétiques qui ne furent publiés
en recueil qu’en 1961 sous le titre L’Âge de craie.
Après la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle il publia son
premier livre, Dans les années sordides (1943), il se lia avec André
Breton et fréquenta les surréalistes, mais son imaginaire, empreint
d’onirisme et d’érotisme, son écriture, à la fois précieuse et
singulière, échappèrent néanmoins à leur influence.
Également proche du milieu de la NRF de Jean Paulhan et Marcel Arland,
André Pieyre de Mandiargues entretint des correspondances très suivies
avec nombre d’écrivains.
Dans ses nouvelles ou romans parmi lesquels Soleil des loups (1951), La
Motocyclette (1963) ou La Marge (1967, prix Goncourt), l’auteur déploie
un univers insolite, envahi de fantasmes où se mêlent des obsessions
liées au désir et à la mort.
Il écrivit également quelques pièces de théâtre, mais surtout de
nombreuses études sur des peintres (Léonor Fini, De Pisis, Chirico,
etc.), dont la plupart, avec des essais sur la littérature ou d’autres
"choses vues", ont été rassemblées dans les trois Belvédère (1958, 1962,
1971).
Grand amateur d'érotisme, il a préfacé les œuvres de Pierre Louÿs en
10/18 et possédait une impressionnante collection d'objets, jouets et
photographies pornographiques anciens. L'une de ses nouvelles fut
également adaptée comme « sketch » (avec Fabrice Luchini) dans le film
érotique Contes immoraux de Walerian Borowczyk en 1974.
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