mercredi 26 mai 2021

Livre - George Sand à Nohant : Une maison d'artiste - Michelle Perrot


 « Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C’est par Nohant, par sa maison, que je l’ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n’éprouvais pas d’attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d’un âge qui n’avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l’Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu’elle n’aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l’essentiel de son œuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d’un phalanstère d’artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d’échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l’écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev…), le théâtre, la conversation.
Ce lieu, Sand l’a investi. L’art y établit la communion des cœurs et des esprits. C’est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d’une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n’a réalisé son rêve. Aujourd’hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d’une histoire d’amour aux accents infinis.

 

Michelle Perrot : "George Sand était une très grande épistolière, elle est l’équivalent d’un Voltaire avec ‘Histoire de ma vie’ et sa correspondance"

2020 |La Nuit George Sand 2/2 - Entretien 1/4 avec Michelle Perrot. L'historienne, grande figure de l'histoire des femmes, spécialiste du XIXème siècle ne pouvait que s'intéresser à la femme de lettres à laquelle elle a consacré un livre, "George Sand à Nohant. Une maison d'artiste".  

Pour cette seconde Nuit d’archives consacrée à George Sand, Philippe Garbit reçoit l’historienne Michelle Perrot, à qui l’on doit un essai érudit intitulé George Sand à Nohant publié en 2018. 

Michelle Perrot explique qu’elle a découvert George Sand assez tardivement, si on met de côté les lectures faites enfant de La petite Fadette et autres classiques pour la jeunesse. A l’occasion d’une promenade dans le Berry, elle découvre la maison de George Sand à Nohant ; c’est sa petite-fille Aurore Sand qui assurait les visites : 

Le petite-fille de George Sand vivait encore, ce lieu m’a enchanté comme maison, on était seul, il y avait cette espèce de présence que l’on analysait même pas. On sentait les choses vous pénétrer. J’ai découvert George Sand d’abord par le lieu. 

Puis George Sand éveille son intérêt d'historienne :

Ensuite, en tant qu’historienne du XIXème siècle, évidemment j’ai découvert George Sand écrivaine, deux choses m’ont particulièrement fascinée (…) ‘Histoire de ma vie’ et la correspondance, publiée par Georges Lubin. Il y en a 26 volumes que j’ai lu presque intégralement, c’était une très grande épistolière elle est l’équivalent d’un Voltaire, que ce soit 'Histoire de ma vie' ou la correspondance, c’est une plongée dans le XIXème siècle. Elle a vécu de 1804 à 1976, c'est à dire qu'elle couvre les trois quarts du XIXème siècle. Elle connait tout ce qui compte dans Paris, elle est liée à Musset, plus tard à Flaubert, Liszt, Delacroix, évidemment Chopin... on ne va pas tous les énumérer. 

Dans cet entretien Michelle Perrot retrace les grandes dates de la vie de George Sand à la fois romancière, dramaturge, épistolière, critique littéraire, journaliste, féministe, républicaine et progressiste... On entend durant cet entretien une archive de Mona Ozouf, auteure d'un essai sur George Eliot, L’autre George, la romancière victorienne, qui admirait George Sand, "une admiration passionnée", au point de choisir le même prénom qu'elle. 

Les auditeurs peuvent également écouter, grâce à une archive exceptionnelle de 1954, la voix d'Aurore Sand, petite-fille de George, évoquer sa grand-mère avec tendresse et respect :

Son enseignement était très simple, très bon, très tendre, très sérieux. Elle m'a appris à lire… Quand j’étais malade elle me faisait coucher dans sa chambre et me lisait des histoires, des histoires merveilleuses, des contes de fées. 


En 1926, cinquantenaire de George Sand, Mme Aurore Sand (arrière-petite-fille) et M. Gaston Chérau de l'Académie Goncourt se rendent au monument G. Sand à Nohant. Crédits : [photographie de presse] / [Agence Rol] ; Gallica, BNF
  • Par Philippe Garbit 
  • Réalisation : Virginie Mourthé
  • Avec la collaboration de Hassane M'Béchour
  • Indexation web : Sandrine England, Documentation Sonore de Radio France
  • La Nuit George Sand 2/2 - Entretien 1/4 avec Michelle Perrot (1ère diffusion : 15/11/2020)

« George Sand à Nohant. Une maison d'artiste », le roman de Michelle Perrot

 L’historienne Michelle Perrot, grande figure de l’histoire des femmes, retrace le destin de « George Sand à Nohant », au cœur du Berry, dans sa maison de Nohant, où l’on croise Chopin, Flaubert, Dumas ou Delacroix. Elle revient sur l’importance qu’a eu sa maison dans l’œuvre de l’écrivain : maison d’artistes où musique, littérature, peinture et théâtre se faisaient la conversation. Un livre qu’elle publie aux éditions du Seuil.

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