En 1832, Aurore Dudevant signe son premier roman Indiana, du nom de George Sand. Pourquoi faire ce choix d'un pseudonyme, et d'un nom d'homme ? A travers la question d u pseudonymes, Martine Reid tente ici de démêler les liens complexes que George Sand entretenait avec sa famille, son histoire et son nom, ainsi qu'avec le métier d'écrivain qu'elle avait choisi.
A partir de l'étonnant roman familial de George Sand, tel que le conte Histoire de ma vie, elle étudie l'ensemble romanesque produit entre 1832 et 1876 pour en dégager quelques caractéristiques essentielles : bisexualité des figures féminines, famille recomposée, utopie communautaire. Elle analyse enfin une autobiographie où la difficulté d'être soi, femme et écrivain, se fait entendre avec une netteté particulière. Histoire, histoire littéraire et psychanalyse contribuent à mettre en lumière la singularité des positions de George Sand, mais aussi à en étendre le champ. Entre Sand et Germaine de Staël, Colette et Marguerite Duras, des liens se tissent, ainsi qu'avec toutes celles et ceux qui font de la littérature leur véritable raison d'être
Actualité de George Sand
Nous avons accoutumé ici de nous interroger, de temps en temps, sur l’actualité de telle ou telle haute personnalité du passé et de nous demander, de son temps jusqu’au nôtre, ce qu’elle peut avoir encore à nous dire. Et ce matin c’est de George Sand que nous allons nous saisir, en compagnie de Michelle Perrot – familière aux auditeurs de France culture – qui la connaît admirablement, et qui notamment a publié naguère une belle édition de ses écrits politiques, des polémiques auxquelles elle s’est livrée. Le destin de George Sand recouvre et recoupe tous les tumultes du XIXe siècle, depuis la Révolution de Juillet 1830 jusqu’aux débuts de la Troisième République. Au moment de ses obsèques, Victor Hugo s’est écrié : « Elle est morte, la voici vivante ! » Vivante toujours en effet, et jusqu’à nos jours, c’est ce que nous allons nous attacher à démontrer. Sur la République, dont elle s’est faite très tôt le thuriféraire enthousiaste, sur le socialisme, qu’elle a rallié explicitement un peu plus tard, sur le féminisme, dont elle s’est voulue une propagandiste déterminée, elle a beaucoup à nous dire. Quelle République, portée par le Peuple, un peuple à la fois abstrait et concret ? Quel socialisme, entre fraternité et solidarité, doctrinaire ou évangéliste ? Quel féminisme, souvent critiqué pour avoir privilégié les droits sociaux aux dépens des droits politiques ? Je gage, en tout cas j’espère, que lorsque l’heure qui s’ouvre se sera écoulée, la science et la sagacité de Michelle Perrot nous auront aidé à donner une réponse à ces interrogations, en éclairant l’héritage très actuel d’une femme qui fut, en vérité, hors de pair. Jean-Noël Jeanneney
Programmation sonore :
- Lettre de George SAND adressée au comte Albert GRZYMALA en 1838 , une lecture de Sylvia MONTFORT, enregistrée en 1969.
- Lettre de Honoré de BALZAC adressée à Ève HANSKA en 1838 , lecture diffusée sur la radio nationale le 16 décembre 1958.
- Extrait d’un Bulletin de la République de Geroge SAND, publié en 1848 , une lecture de Nadine ALARI dans le cadre de l’émission Chroniques sauvages de Robert ARNAUT, sur France Inter, le 13 juillet 1991.
- Interview d’Aurore SAND, petite-fille de George SAND , par Eveline SCHLUMBERGER, le 10 juin 1954.
- Lettre de George SAND au prince Napoléon Jérôme datée du 25 novembre 1870 , une lecture de Christiane REYGNAULT, diffusée sur la radio nationale le 23 décembre 1958.
Bibliographie :
- George SAND, Politique et polémiques (1843-1850) , présentation de Michelle PERROT , Belin, 2004.
- Martine REID, George Sand , Gallimard, 2013.
- Martine REID, Signer Sand , Belin, 2004.
- Michelle PERROT, Histoire de chambres , Seuil, 2009.
- Michelle PERROT, Mélancolie ouvrière , Grasset, 2012.
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