De 1840 à 1867, la vie fait L'Éducation sentimentale de Frédéric Moreau
et de toute une jeunesse idéaliste qui a préparé dans la fièvre la
révolution de 1848. Le roman s'ouvre sur des rêves exaltés et s'achève
sur la médiocrité des uns et des autres. Entre temps, la vie s'est
écoulée autour de Frédéric, qui semble n'avoir pas plus participé aux
mutations de son temps qu'à l'édifice de sa propre destinée potentielle.
Au cours de cette existence, Madame Arnoux, dont les apparitions sont
autant de surgissements mystiques, tient lieu au jeune homme d'absolu
insaisissable. Lui qui rêvait de terres lointaines et d'ouvrages
romantiques déchirants dont il se voyait l'auteur génial, se retrouve,
en guise de destination exotique, à Nogent, la ville de son enfance. Au
terme de son parcours, que peut-il faire d'autre que ponctuer sa
conversation avec Deslauriers, le pragmatique non moins malheureux, de
"te souviens-tu" ? Flaubert éclaire ses personnages d'une lumière tantôt
ironique, tantôt sympathique, et s'il adopte parfois une vision
panoramique des choses, c'est semble-t-il pour mieux se couler dans
l'esprit de son héros afin de faire vivre au lecteur les velléités de
son caractère.
Intervenants :
- Déborah Boltz (doctorante à l’Université Paris VII)
- Pierre-Marc de Biasi (plasticien, écrivain, critique littéraire,
chercheur spécialiste de Flaubert et de génétique des textes)
C’est l’histoire sans intérêt d’un jeune homme qui les vaut tous, dont
l’égoïsme est un viatique et dont la vie a tout raté, même son propre
échec.
« Elle défit son peigne ; tous ses cheveux blancs tombèrent. Elle s’en
coupa, brutalement, à la racine, une longue mèche.
— "Gardez-les ! Adieu !"
Quand elle fut sortie, Frédéric ouvrit sa fenêtre. Mme Arnoux, sur le
trottoir, fit signe d’avancer à un fiacre qui passait. Elle monta
dedans. La voiture disparut. Et ce fut tout. »
Flaubert, L’Education sentimentale.
Lecture des textes : Georges Claisse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire