"La Princesse, qui nous a écrit que Germinie l'avait fait vomir, nous attire dans un coin. Elle veut savoir, elle veut connaître, elle est infiniment intriguée que des gens comme nous fassent des livres comme cela. Elle jure ses grands dieux que cette bonne ne lui inspire aucun intérêt et que ce qui la révolte dedans, c'est qu'elle soit condamnée à faire l'amour de la même manière que ces malheureuses."
Servante auprès de la très pieuse et respectable Mlle de Varandeuil,
Germinie tombe amoureuse de Jupillon, un dépravé notoire, et lui
consacre toutes ses économies. Criblée de dettes, rejetée avec violence
par son amant, elle sombre dans une vie de débauche et d'ivrognerie.
À la mort de leur
domestique, Rose Malingre, les frères Goncourt découvrent avec effroi
qu'elle partageait sa vie entre alcool, orgies et culpabilité dévorante.
Ébranlés par cette révélation, ils décident d'écrire un drame
misérable, d'une banalité tragique : celui du peuple, jusqu'alors tenu à
l'écart de la littérature. «Ce livre vient de la rue», revendiquent-ils
en 1864 dans la préface de Germinie Lacerteux, dont le ton cru,
clinique, déclencha une vague de dégoût sans précédent chez ses
lecteurs. À travers ce roman scandaleux, le naturalisme fait une entrée
fracassante en littérature, et y insuffle déjà le frisson moderne.
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