Il arriva juste au pied de la terrasse. Salammbô était penchée sur la balustrade ; ces effroyables prunelles la contemplaient, et la conscience lui surgit de tout ce qu'il avait souffert pour elle. Bien qu'il agonisât, elle le revoyait dans sa tente, à genoux, lui entourant la taille de ses bras, balbutiant des paroles douces ; elle avait soif de les sentir encore, de les entendre ; elle ne voulait pas qu'il mourût ! À ce moment-là, Mâtho eut un grand tressaillement ; elle allait crier. Il s'abattit à la renverse et ne bougea plus.
Le cycle Flaubert (1/5) : Salammbô
Intervenant : - Jacques Neefs (professeur émérite à Paris VIII, spécialiste de l’histoire et la théorie du roman aux XIXème et XXème siècles) Et si Salammbô était le plus beau livre du monde ? « Il était à genoux, par terre, devant elle ; et il lui entourait la taille de ses deux bras, la tête en arrière, les mains errantes ; les disques d’or suspendus à ses oreilles luisaient sur son cou bronzé ; de grosses larmes roulaient dans ses yeux pareils à des globes d’argent ; il soupirait d’une façon caressante, et murmurait de vagues paroles, plus légères qu’une brise et suaves comme un baiser. » Flaubert, Salammbô. Lecture des textes : Georges Claisse.
MADAME BOVARY, roman de Gustave Flaubert, est l'histoire de la jeune Emma Rouault qui rêve d'une vie mondaine. Elle épouse Charles Bovary, un petit médecin de province. Mais très vite, sa vie lui devient monotone et ennuyeuse. De nouvelles rencontres qui changent le cours de sa vie vont-elles réussir à lui apporter le bonheur auquel elle aspire ?
Faits divers en Normandie : une fille d'agriculteur rêveuse épouse un médecin décevant, s'ennuie à la campagne, prend des amants, s'endette et se donne la mort. Flaubert relève le défi de ce sujet banal. Madame Bovary ne dit pas seulement le malaise de toutes les femmes insatisfaites, de la "mal mariée" du XIXe siècle aux "desperate housewives" des feuilletons américains du XXIe siècle. Ce roman transforme en chef-d’œuvre l'une des plus grandes tristesses humaines : celle de manquer sa vie.
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Jamais Madame Bovary ne fut aussi belle qu'à cette époque... Ses convoitises, ses chagrins, l'expérience du plaisir et ses illusions toujours jeunes, comme font aux fleurs le fumier, la pluie, les vents et le soleil, l'avaient par gradation développée, et elle s'épanouissait enfin dans la plénitude de sa nature. Ses paupières semblaient taillées tout exprès pour ses longs regards amoureux où la prunelle se perdait, tandis qu'un souffle fort écartait ses narines minces et relevait le coin charnu de ses lèvres, qu'ombrageait à la lumière un peu de duvet noir.
Le cycle Flaubert (3/5) : Madame Bovary
Intervenant :
- Patrick Dandrey (docteur ès-Lettres et professeur à la Sorbonne)
« L’auteur a mis le plus grand soin, employé tous les prestiges de son
style pour peindre cette femme. A-t-il essayé de la montrer du coté de
l’intelligence ? Jamais. Du coté du cœur ? Pas davantage. Du coté de
l’esprit ? Non. Du coté de la beauté physique ? Pas même. Oh ! je sais
bien qu’il y a un portrait de madame Bovary après l’adultère des plus
étincelants ; mais le tableau est avant tout lascif, les poses sont
voluptueuses, la beauté de madame Bovary est une beauté de provocation… »
Extrait du réquisitoire d’Ernest Pinard contre Madame Bovary
Lecture des textes : Georges Claisse.
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