"Non, meussieur Vili, non, Claudine ce n'est pas Unetelle, ni Mme Chose, ni Mlle Truc ou Machin-Chouette... Non, meussieur Vili, Claudine, c'est moi."
Colette (1873-1954) qui signa d'abord "Gabrielle Colette", puis "Colette Willy", puis "Colette Jouvenel", puis "Colette", qui aurait pu signer "Colette Goudeket" et ne le fit jamais, a été l'un des écrivains les plus célèbres et les plus admirés de son temps. Elle a séduit les publics les plus simples comme les plus raffinés. Auteur de nombreux romans et nouvelles, elle fut aussi mime, danseuse nue, actrice, journaliste, rédactrice de journaux à scandale, conférencière, esthéticienne. Sa vie privée, une fois débarrassée de ses légendes, de ses maris, de ses amants et de ses amantes, vaut bien un roman : celui d'une "écrivaine" éprise avant tout de liberté.
Colette en scène à Dijon
Après un bref passage en 1909 au Grand Théâtre où elle interprétait le rôle titre dans une pièce tirée de ses romans Claudine, Colette revint à Dijon durant une dizaine de jours à la fin de septembre 1910 jouer La Chair, de Georges Wague, en compagnie de l’auteur et de Christine Kerf. Ce mimodrame fut présenté au music-hall The Royal Kursaal qui avait succédé au célèbre Alcazar. On voit encore le décor aux cariatides de sa façade située rue des Godrans. La Chair était en vogue depuis sa création à Paris en 1907 et tournait de ville en ville. Colette, qui pratiquait l’art du mime d’une manière personnelle, s’y montrait quelque peu dénudée à la suite d’un jeu de scène audacieux. À Dijon aussi, on la fête et on l’applaudit.
Colette la Bourguignonne est ravie de retrouver sa province natale et d’être aussi bien accueillie, comme elle l’écrit à son amie Missy : « J’ai du succès dans mon pays ! » Pour autant, la pièce, quelquefois qualifiée de « saynète luxurieuse », a-t-elle provoqué un scandale ?
La presse locale nous apprend comment les représentations où l’artiste « se dé… colette un peu plus qu’il ne siérait » ont été reçues par les Dijonnais. Au-delà de l’anecdote, révélatrice des mœurs de l’époque, on peut se demander ce qui a conduit « cette petite bourgeoise, charmante lettrée et si délicate » à se montrer aussi librement sur scène. Et, comme dans ses liaisons affichées, pourquoi elle bravait les conventions sans se soucier de respectabilité.
Elle a apporté une réponse catégorique : « Je veux faire ce que je veux. » Cette liberté revendiquée est fondamentale dans sa vie comme dans son œuvre. Colette, libérée également de la tutelle de son mari Willy, a su donner de son expérience du spectacle des ouvrages aux qualités littéraires maîtrisées, notamment son roman La Vagabonde et sa chronique romancée l’Envers du Music-hall où son passage à Dijon a laissé quelques précieuses traces.
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