Giovanni Drogo a choisi la carrière des armes. Dans une forteresse oubliée, aux confins de la frontière du Nord, il attendra de longues années, face à l'étendue aride, le début d'une guerre improbable. Jusqu'au jour où les mirages du désert s'animeront.
Traduite dans le monde entier, cette vision allégorique saisissante de notre condition, de nos illusions et de nos rêves, est devenue l'un des classiques du XXe siècle.
Les rêves de gloire du jeune officier Giovanni Drogo s'arrêtent brusquement au fort Bastiani, dernière sentinelle d'une "frontière morte". Que faire ? Rester et taire les tentations de la jeunesse, ou partir et avouer sa faiblesse devant l'épreuve qui l'attend ? La vanité militaire l'emportera et avec elle l'espoir d'un destin héroïque, mais c'est au confortable quotidien inlassablement identique qu'il va aliéner sa vie. Il ne se passera rien au fort qui puisse susciter tant d'espoir, rien qui puisse justifier l'absurde attente, si ce n'est l'emprise du désert. Lorsque, enfin, sonnera l'alarme, Drogo sera trop vieux et trop malade. Alors, résigné, il guettera serein son ultime ennemi... Dans cette spirale étourdissante où tout est scellé d'avance, l'ironie répond à la fatalité et Buzzati signe ici un ouvrage admirable de désespoir.
Le désert des Tartares de Dino Buzzati
À travers l’histoire de Giovanni Drogo, un jeune militaire rêvant d’une
gloire qui ne viendra jamais, c’est une véritable quête existentielle à
laquelle nous convie l’écrivain. Récit de guerre sans bataille, récit
d’aventure sans action, l’auteur signe une œuvre singulière, paradoxale,
d’autant plus passionnante qu’il ne s’y passe rien !
Car le vrai sujet du roman n’est pas la vie de garnison, mais le passage
inexorable du temps, avec son cortège de désillusions. Le vrai héros
n’est pas le conquérant, mais l’homme humble qui baisse les armes et se
prépare pour l’ultime épreuve de la mort.
En 1975, trois ans après la disparition de Dino Buzzati, un lecteur
passionné vient faire la promotion de ce roman à la télévision, dans la
célèbre émission de Bernard Pivot, Apostrophe. Ce critique littéraire
inattendu, qui parle du Désert des Tartares comme d’un chef d’œuvre
absolu, n’est autre que François Mitterrand, pour qui le livre est une
métaphore politique... Il dit à l'antenne : La citadelle imprenable,
c’est le socialisme.
Emission du 17 mars 2018 France inter ÇA PEUT PAS FAIRE DE MAL
Guillaume GallienneProducteur
Xavier PestuggiaRéalisateur
Estelle GappAuteur, Productrice, Attachée de Production
Claire TeisseireAttachée de Production
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