L’importance de l’histoire pour la vie et l’œuvre de Chateaubriand, ainsi que l’attachement de l’auteur des Mémoires d’outre-tombe et du Congrès de Vérone à défendre un rôle et une carrière politiques qui culminèrent durant les années 1818-1830 ne peuvent être surestimés : il y allait, pour un écrivain qui s’est « rencontré entre deux siècles comme au confluent de deux fleuves », de son identité. Mais quel contraste offrent cet attachement et cette importance avec ses déclarations de détachement profond de la politique (« La chaleur de mes opinions n’a jamais excédé la longueur de mon discours ou de ma brochure ») ou ses méditations sur la vanité de l’histoire (« Les événements effacent les événements ») !
En suivant la chronologie de l’œuvre, l’auteur retrace l’élaboration progressive par Chateaubriand d’une relation difficile mais grandiose entre l’histoire générale et son histoire intime, celle de ses « songes », tendue par une réflexion sur le temps et le devenir. Cette élaboration aboutit à la création d’une figure, l’auteur-sujet des Mémoires d’outre-tombe, de part en part temporelle (« Je ne suis plus que le temps »), libre et tournée, plus encore que vers le passé, vers l’avenir, le nouveau, le possible.
Chateaubriand a toujours su exploiter ses attachements féminins, ce que confirment les correspondances inédites de ce volume adjacent à la Correspondance générale.
Avec Delphine de Custine, amie de Mme de Staël, Chateaubriand vit une liaison orageuse et passionnelle ; les lettres de l'amante exaltent le désir et la sensualité.
Avec Claire de Duras, une amitié aristocratique se noue. Femme du monde, en tant qu'épouse du duc de Duras, premier gentilhomme de Louis XVIII, elle est aussi une femme de lettres, auteur de trois romans-nouvelles (Ourika, Édouard et Olivier).
Mme de Duras tient un salon sous la Restauration et ne cessera jamais de soutenir les ambitions littéraires et politiques de Chateaubriand, pour qui elle est une sœur à l'inceste sublimé.
Vie de Chateaubriand
Ecrivain, homme politique, voyageur... Une introduction aux multiples facettes de la vie de Chateaubriand.
Pour commencer notre série sur François-René de Chateaubriand et évoquer son destin, nous recevons Bernard Degout, Docteur HDR en littérature, et directeur de la Maison de Chateaubriand (dans le Domaine départemental de la Vallée-aux-Loups). Il a consacré à Chateaubriand l’essai Je ne suis plus que le temps, paru chez Fayard en 2015, dans lequel il retrace l'élaboration progressive par l’écrivain d'une relation difficile mais grandiose entre l'histoire générale et son histoire intime, tendue par une réflexion sur le temps et le devenir.
A la charnière entre le XVIIIe et le XIXe siècle, Chateaubriand a traversé des périodes historiques et politiques pour le moins mouvementées. Il a tout côtoyé : le Directoire, le Consulat, l’Empire, le règne de Louis XVIII, celui de Charles X, de Louis-Philippe… Né sous la Monarchie absolue, il verra jusqu’à l’avènement de la IIe République, sur le point de se transformer en Second Empire.
Chateaubriand a exercé au cours de sa vie de nombreuses fonctions : Pair de France, ministre des affaires étrangères, ambassadeur à Rome et bien sûr écrivain.
Nous parlons dans cette émission de son lien avec la Bretagne, de l’Amérique, des femmes qui ont eu une influence sur sa vie, de sa carrière politique et nous commençons à évoquer avec Bernard Degout les Mémoires d’Outre-Tombe. Comment peut-on raconter la vie d’un homme qui a passé la sienne à se raconter lui-même ? Peut-on parler de mensonge et de dissimulation dans ces écrits qui comportent de nombreuses modifications de la réalité ? Une chose est sûre, Chateaubriand repense toute sa vie à partir de grandes références culturelles.
Dans les Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand a réintroduit sa propre vie dans un ensemble patrimonial, en réécrivant des passages de la Bible, de Dante, du Tasse et d’autres auteurs. - Bernard Degout
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