Il était midi au cœur du désert de Mojave. Assis sur une valise de paille, Perry jouait de l'harmonica. Dick était debout au bord d'une grande route noire, la Route 66, les yeux fixés sur le vide immaculé comme si l'intensité de son regard pouvait forcer des automobilistes à se montrer. Il en passait très peu, et nul d'entre eux ne s'arrêtait pour les auto-stoppeurs...
Ils attendaient un voyageur solitaire dans une voiture convenable et avec de l'argent dans son porte-billets : un étranger à voler, étrangler et abandonner dans le désert.
Le roman culte inspiré à Truman Capote par un terrible fait divers.
"De sang-froid", le chef-d'œuvre de Truman Capote une émission de Guillaume Gallienne
Pour l'essayiste, William Styron, Truman Capote était le maître incontesté du verbe. Dans cette émission, Guillaume Gallienne nous fait découvrir le style impeccable de cet écrivain américain, dans son chef-d'œuvre, "De sang-froid", récit véridique d'un fait-divers qui marqua profondément son auteur.
Dans cette émission, Guillaume Gallienne nous emmène à la découverte
d'un des auteurs américains les plus brillants du XXe siècle, Truman
Capote, avec la lecture d'extraits de son livre, "De sang-froid, roman
culte inspiré par un terrible fait-divers.
« Truman Capote », génie du mal
Philip Seymour Hoffmann, formidable, incarne l’auteur de « De Sang froid », dans ce premier film de Bennett Miller qui relate l’éprouvante gestation de son chef-d’oeuvre littéraire.
On croit connaître cette histoire par cœur, du moins les lecteurs de « De sang-froid », le chef-d’œuvre de Truman Capote. Chacun sait que l’auteur mondain chéri du Tout-Hollywood a chroniqué dans ses moindres détails le déroulé d’une affaire judiciaire, le massacre d’une famille de fermiers dans un coin perdu du Kansas, depuis la découverte des corps jusqu’à la pendaison des deux auteurs du crime. Si le roman pousse l’ultra-réalisme jusqu’à évoquer parfois quelques éléments douloureux de sa fabrication, le film de Bennett Miller se focalise pleinement sur le processus de création toxique qui conduit son auteur sur la voie de l’autodestruction lente, comme s’il devait payer de sa santé mentale le chef-d’œuvre de sa vie. En résulte un film d’une densité inouïe, faussement calme, parcouru d’un bout à l’autre d’une violence sourde qui grignote imperceptiblement Capote (formidable Philip Seymour Hoffman), petit prédateur d’informations ironiquement happé par son propre sujet, façon boa constrictor.
Une Amérique dépeinte comme un gigantesque trou noir
Quel meilleur symbole que cette séquence muette le montrant en train de s’infiltrer dans la morgue de Holcomb, le bled de la tuerie, pour y contempler en douce les corps des victimes ? En soulevant le couvercle d’un cercueil, l’écrivain y voit un visage enturbanné dans du coton, apparition à la fois obscène et mystérieuse, boîte de Pandore littéraire dont l’effet de radiation consume néanmoins celui qui la contemple. Un peu plus tard, une autre scène clé enfonce le clou : traîné par son éditeur, Capote, honteux, défait, concède une dernière audience avec ce tueur qui lui sert d’inspiration et de reflet inversé - ce satané livre lui a tout pris, son honneur, ses principes moraux, sa place dans le monde.
Bennett Miller, dont c’était le premier long-métrage, ne s’est, lui, pas arrêté à ce coup de maître. « Le Stratège » (2011), fabrication d’une équipe de baseball par un génie des statistiques, et surtout « Foxcatcher » (2014), l’histoire vraie d’une complicité trouble unissant un mécène du sport et un athlète fragile, sont deux autres odyssées mentales qui racontent elles aussi les contrastes et les attirances souterraines d’une Amérique dépeinte comme un gigantesque trou noir.
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