Tout le monde en France connaît l'histoire d'Oskar Schindler, qui a
sauvé un millier de juifs durant la Seconde Guerre mondiale. Mais on
connaît beaucoup moins l'exploit de Felix Kersten, et pourtant, un
mémorandum du Congrès juif mondial établissait dès 1947 que cet homme
avait sauvé en Allemagne « 100 000 personnes de diverses nationalités,
dont environ 60 000 juifs, [...] au péril de sa propre vie ». Encore, à
l'issue du récit qui va suivre, de tels chiffres sembleront-t-il
passablement sous-évalués.
Un des ouvrages les moins connus et les plus émouvants de Joseph Kessel
s’intitule Les mains du miracle. Ce roman retraçait déjà l’exploit du
thérapeute d’Himmler qui se faisait rémunérer en libérations de juifs et
de résistants sans que le lecteur puisse toujours distinguer la part de
Kessel de celle de Kersten. Pour reconstituer la véritable histoire au
travers des archives, des mémoires, des journaux, des notes et des
dépositions des principaux protagonistes, il fallait un historien
spécialiste de la Seconde Guerre mondiale, qui connaisse également
l’allemand, l’anglais, le suédois, le norvégien, le danois et le
néerlandais. Le résultat est un récit de terreur, de lâcheté, de
générosité, de fanatisme et d’héroïsme qui tiendra jusqu’au bout le
lecteur en haleine. Combien de fois dans l’existence rencontre-t-on un
périple de cette envergure – sans un mot de fiction ?
Le professeur François Kersaudy, qui a enseigné aux universités d’Oxford
et de Paris I, est connu en France pour ses ouvrages sur Winston
Churchill et sur le général de Gaulle. Mais il est également l’auteur
d’une biographie du maréchal Goering qui fait autorité, ainsi que du
best-seller Les secrets du Troisième Reich. Historien polyglotte, il
parle neuf langues et a reçu douze prix littéraires français et
étrangers.
Eduard Alexander Felix Kersten, né le 30 septembre 1898 à Tartu, alors nommée Youriev, (gouvernement de Livonie) et mort le 16 avril 1960 à Hamm (Allemagne), est un masseur3, médecin en thérapie manuelle4, qui a soigné des membres de la famille royale des Pays-Bas, ainsi que le chef des SS, Heinrich Himmler. En utilisant son influence auprès du Reichsführer-SS, il a, entre autres, obtenu la libération de milliers de prisonniers détenus dans des camps de concentration. Dans un mémorandum daté du 18 juin 1947 et cité par l'historien François Kersaudy, les représentants suédois du Congrès juif mondial ont certifié que « Kersten a sauvé quelque 100 000 personnes de diverses nationalités, dont environ 60 000 Juifs […] au péril de sa vie. »5
Joseph Kessel a écrit une biographie romancée qui lui est consacrée : Les mains du miracle. Dans sa préface au récit de Kessel, l'historien britannique Hugh Trevor-Roper dévoile qu'en tant qu'officier du Secret Intelligence Service, il eut à connaître des actions héroïques de Kersten dès la fin de la Seconde Guerre mondiale à travers les interrogatoires de Walter Schellenberg, conseiller politique de Himmler et chef du renseignement étranger au sein du RSHA (Office Central de la Sûreté du Reich), le service de sécurité SS. Trevor-Roper écrit que « Schellenberg est un témoin particulièrement valable parce qu'il a été un témoin réticent. » En effet, « menacé d'être jugé à Nuremberg pour des crimes de guerre dont il se savait effectivement coupable », il était tenté de s'attribuer les mérites de certains sauvetages obtenus par Kersten.
La réalité des actions et des affirmations de Kersten sont pour l'essentiel corroborés par l'historien français François Kersaudy dans le livre approfondi qu'il lui a consacré en 2021.
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