Lorsqu'en 1847 George Sand, qui a déjà fait paraître ses plus grands romans, entreprend à quarante-trois ans son Histoire de ma vie, elle définit ainsi son futur livre°: "°C'est une série de souvenirs, de professions de foi et de méditations dans un cadre dont les détails auront quelque poésie et beaucoup de simplicité. Ce ne sera pourtant pas toute ma vie que je révélerai.°" Son modèle n'est pas Rousseau, ni d'ailleurs les Mémoires d'outre-tombe qui vont commencer à être publiés et où elle voit trop de pose et de drapé. Son ambition n'est pas d'inscrire sa vie dans le mouvement de l'Histoire, mais d'offrir le récit d'une existence de femme et d'écrivain qui côtoie rapidement Balzac et Sainte-Beuve, l'abbé de Lamennais et le socialiste Pierre Leroux - et bien sûr Musset et Chopin. Le lecteur trouvera ici le tiers, environ, de cette œuvre immense dont les vingt volumes commencent à paraître en 1854 et qui occupe une place essentielle dans l'histoire de l'autobiographie. Car si d'autres femmes, avant Sand, ont écrit des mémoires, la singularité de son Histoire de ma vie est qu'on y découvre pour la première fois le récit de formation d'une jeune fille qui a voulu être artiste - mais un récit sans égotisme parce que au miroir de sa propre existence elle désire que se retrouvent tous les autres enfants du siècle : "° Écoutez°; ma vie, c'est la vôtre.°
Juliette Gréco lit "Histoire de ma vie" d'après George Sand
1963 |En 1963, Paris Inter diffusait "Le Journal de ma vie" de George Sand, une adaptation de Jacqueline Lenoir, réalisée par Marcel Sicard. Juliette Gréco faisait vivre ce texte avec la fraicheur et la liberté de ton de son auteure. Ce récit autobiographique commence le jour du décès de la grand-mère.
Ces cinq épisodes du Journal de ma vie de George Sand, adapté par Jacqueline Lenoir, évoquent la vie de l'auteure à partir de 1821 au moment de la mort de sa grand-mère. Marie-Aurore Dupin de Francueil avait obtenu la responsabilité de l’éducation de sa petite-fille, privant ainsi sa mère, Sophie-Victoire, de la présence de sa fille.
Juliette Gréco faisait vivre ce texte avec talent.
Ce jour de Noël de 1821, les dernières paroles de ma grand-mère furent pour moi. (...) "Tu perds ta meilleure amie." Oui et aussi ma seule défense contre le monde qui m’environnait et dont je ne connaissais rien.
Elle avait parfois manqué d’indulgence envers moi ma grand-mère, Marie-Aurore Dupin de Francueil. Je m’expliquais mal ces attitudes contradictoires. Je n’avais pas eu encore la curiosité de remonter dans son étrange passé. Je respectais son autorité. J’admirais son intelligence vive, tranchante, le goût qu’elle avait des beaux esprits mais la tendresse, l’affection dont j’avais eu besoin autant que n’importe quel enfant, je ne les avais pas trouvées auprès d’elle. Peut-être avait-elle été ma meilleure amie, ma ligne de protection mais comme il m’était difficile, sans cette redoutable grand-mère, de discerner mon chemin.
Dans ces épisodes relatant sa jeunesse, Juliette Greco nous fait entendre la découverte de l’amour par George Sand pour Casimir, racontée avec la liberté qui la caractérise :
Je le regarde comme un frère, quel dommage tout de même que son nez soit si long.
Je crois au bonheur dans le mariage et à ma bonne volonté.
Je n’ai jamais eu de mère ou de sœur pour sécher mes larmes.
Elle raconte le bonheur de la naissance de son fils Maurice. Et les désillusions sur son couple :
Moi aussi j'attends de lui autre chose que ce qu'il me donne. C'est un homme égoïste, charnel.(...) Il a des manières rudes qui me blessent.
- De George Sand - Adaptation Lenoir Jacqueline
- Lecture : Juliette Gréco
- Réalisation : Marcel Sicard
- Le journal de ma vie : Episodes 1 à 5 (1ère diffusion : du 21 au 25/10/1963 Paris Inter)
- Indexation web : Véronique Vecten, Documentation Sonore de Radio France
- Archive Ina-Radio France
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