Lamartine, un poète romantique, perdu dans les doux nuages d'une vie insouciante ?
Avouez que c'est un peu l'image que nous en donnent l'école et l'histoire littéraire.
Et, pourtant : pas du tout!
Certes un écrivain (mais qui arrêta la poésie pour faire sérieux!),
certes un auteur productif (il faut bien vivre!)… Mais, d'abord, avant
tout, une ambition politique, clairement définie dans sa tête et pas
n'importe laquelle. Dès 1830 il se confectionne une image d'homme
providentiel. S'il choisit, finalement, la République c'est parce qu'il
faut bien faire la part du feu! La "question sociale" est une bombe à
retardement qu'il veut désamorcer. Dès lors, un seul objectif : parvenir
au pouvoir suprême. Même sa gigantesque œuvre L'Histoire des Girondins
fait partie du plan de carrière!
Son heure arrive en 1848, avec cette "première résurrection de la
République", dont il sera d'ailleurs l'un des fossoyeurs inconscients.
Ayant perdu la confiance de sa classe (l'aristocratie rurale), sans
gagner celle du peuple il redescendra très vite les marches de la gloire
politique. Dès lors c'est une très longue déchéance humaine,
économique, artistique. Henri Guillemin donne ici un éclairage
impressionnant de réalisme, de conviction encore une fois aux antipodes
des idées convenues sur cette vie dramatique.
Nous avons regroupé ici : Lamartine et la question sociale (paru en 1946) et Lamartine en 1848 (paru en 1948).
Henri Guillemin raconte l'Histoire : Les 121 jours de Lamartine (1986 / France Culture)
Henri Guillemin raconte l'Histoire : Les 121 jours de Lamartine (1986 / France Culture). Réalisation : Marie Vouilloux. Émission “Les historiens racontent”, diffusée sur France Culture le 14 septembre 1986. Présentation des Nuits de France Culture : « Son programme, en 1848 : augmenter le traitement des instituteurs, supprimer le remplacement militaire, taxer le prix du charbon, imposer les successions, nationaliser les chemins de fer, créer l'impôt sur le revenu. Un homme qui propose ce programme ne peut qu'être renversé, et très vite. Il est vrai qu'en plus, Lamartine voulait faire abaisser la durée du travail quotidien à dix heures, au lieu de onze. “Scandaleux”, selon la Revue des Deux Mondes : “un attentat, une violence faite à la liberté”. Qui donc était le Lamartine politique ? Allait-il être, à son insu, celui qui pouvait endormir les “rouges” jusqu'à ce qu'on puisse les museler ? »
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