Juste avant 1914, dans une petite ville bretonne, près de la cathédrale, vit l'infâme rue du Tonneau, avec ses taudis, ses maisons de prostitution, ses cafés douteux.
Une écurie sert de logis aux Nédelec, la mère, les deux enfants et le grand-père, tailleur qui fait vivre tout le monde et travaille jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis arrive la cousine Zabella, personnage haut en couleur.
La poésie, l'amour, la noblesse du cœur illumine ce récit, le plus beau peut-être qu'aient jamais inspiré l'enfance et la misère. " Je doute qu'aucun amour vaille celui des pauvres ", écrit Louis Guilloux dans Le Pain des rêves.
Le Sang noir est l'histoire d'une journée de 1917, dans une ville
provinciale de l'arrière. C'est à travers le calvaire du professeur de
philosophie Merlin, dit Cripure (à cause de la Critique de la raison
pure), le tableau d'une société de pharisiens, de grotesques, de
haïssables, en face de gentils, de révoltés, de victimes. Cripure, lui,
s'il a été un révolté, ne l'est plus guère. Il est la caricature d'un
homme à la fin d'une civilisation, un homme extrêmement pitoyable. Moqué
par ses élèves, vivant avec une gothon, sachant qu'une révolution se
lève à l'Est, trop tard pour lui, haï par tous les patriotes de
l'arrière, il veut se battre en duel, dans un dernier sursaut. Et, comme
on le prive de ce duel et de son honneur, il ne lui reste plus que le
suicide.
Cripure qui, la nuit, dans son sommeil, entend une voix de femme lui
demander : " Pourquoi as-tu envie de pleurer ", est une des figures les
plus présentes qu'un romancier ait jamais créées. Il a beau sortir du
roman, grotesquement vautré dans une troïka lamentable, agonisant,
lentement escorté à travers la ville, jusqu'à l'hôpital, par deux agents
cyclistes, il ne sera jamais oublié. Bien que retentissant des
problèmes de 1917, Le Sang noir est un roman métaphysique, plus que
politique. Cette dimension métaphysique et le foisonnement des
personnages : Cripure, Maïa, Nabucet, Moka, Lucien... font du Sang noir
le roman le plus dostoïevskien de la littérature française.
- Louis Guilloux, l'insoumis -
Portrait de l'écrivain Louis Guilloux.
Documentaire réalisé par Rolland Savidan et Florence Mahé - 2009 -
Durée : 1H10mn
Musique :Eric Trochu
Film indispensable pour découvrir Louis Guilloux.
Ce documentaire retrace le parcours de l'écrivain et relate la portée de
son œuvre à partir de nombreux témoignages de "compagnons" qui l'ont
connu et côtoyé tant à St-Brieuc qu'à Paris. Le documentaire donne à
voir et à entendre des moments majeurs de la vie de l'écrivain.
Louis Guilloux lui même, nous fait part de ses réflexions et de ses
engagements tout au long du siècle qu'il a traversé.
Tous droits réservés : Rolland Savidan Florence Mahé
Louis Guilloux est un écrivain français né à Saint-Brieuc le 15 janvier 1899 et décédé le 14 octobre 1980 dans la même ville.
Son père était cordonnier et militant socialiste, comme Guilloux l'a raconté dans la Maison du Peuple (1925).
Au lycée, il se lie d'amitié avec le professeur de philosophie Georges Palante, dont il s'inspirera pour composer le personnage de Cripure, pathétique héros du Sang Noir (1935) qui est considéré comme son chef-d'œuvre. Il a pour ami d'adolescence le philosophe Jean Grenier.
Louis Guilloux exerce divers métiers (dont journaliste à L'Intransigeant), se marie en 1924, publie La Maison du Peuple en 1927. Il est le traducteur du roman Home to Harlem de l'auteur noir américain Claude McKay, publié en 1932 sous le titre Ghetto Noir. Il traduit aussi John Steinbeck (les Pâturages du ciel, 1948), Margaret Kennedy, et avec Didier Robert, une partie de la série des Hornblower, romans de marine de C. S. Forester.
En 1972, il signe pour la télévision l'adaptation des Thibault de Roger Martin du Gard, et en 1973 celle de deux récits de Joseph Conrad, La Ligne d'ombre et La Folie Almayer .
En 1927, il signe la pétition, parue le 15 avril dans la revue Europe, contre la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre qui abroge toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion. Son nom côtoie ceux d'Alain, Raymond Aron, Lucien Descaves, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine… Il a été secrétaire du 1er Congrès mondial des écrivains antifascistes en 1935, puis responsable du Secours Rouge International (plus tard Secours populaire), qui vient en aide aux réfugiés de l'Allemagne hitlérienne, puis aux républicains espagnols.
Suite à une discussion chez Ilya Ehrenbourg, André Gide l'invite à l'accompagner dans son célèbre voyage en URSS en (1936), voyage auquel participera également Eugène Dabit. Il se refuse à écrire lui aussi un Retour de l'U.R.S.S..
Le Pain des Rêves, qu'il écrit pendant l'Occupation, lui vaut le Prix du roman populiste 1942.
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