Avec la publication des Méditations, en 1820, la poésie lamartinienne
marque la renaissance du lyrisme. Or, ce qui produit cette révolution
silencieuse dans la poétique des Lumières, tout en conservant le canon
classique, c'est un autre rapport au monde et aux mots qui se joue dans
la notion d'harmonie. En effet, elle se présente comme une nébuleuse
sémantique capable d'unifier des domaines que la modernité a séparés:
poésie, musique, politique, religion. L'esthétique du poème met en
miroir dans le cours de l'histoire le rêve humanitaire et la vision du
monde, qu'elle soit élégiaque ou eschatologique. L'harmonie au XIXe
siècle, à travers le destin de Lamartine, poète et homme d'État, qui
l'incarne et la dit, offre un lieu commun. Utopie? Peut-être n'a-t-il
pas eu lieu hors du poème, qui, suivant une nouvelle esthétique de la
réceptivité, parle à chacun dans la langue du cœur et vise la mystique
par la musique des mots.
Etre lyrique, c'est d'abord, pour Lamartine, une nouvelle façon de vivre, un nouveau monde à découvrir : monde intime du "cri du coeur", monde politique d'une République à venir, où les droits de l'individu seront partout reconnus, comme dans l'espace du poème. Les Méditations inventent, sans pourtant révolutionner le vers, une expressivité hors norme destinée à chanter la vie dans son inquiétude spirituelle et à affronter sans fin le vide de la mort.
Quand le "je" se chante, la poésie médite sur elle-même, sur ses conditions d'émergence et de survie, pour donner le ton à tout un siècle et au-delà.
Aurélie Loiseleur née à Orthez en 1976, vit à Paris.
Maître de conférences en littérature à l'Université de Nantes,
elle a publié dans diverses revues.
Son premier livre de poésie, /Hommage à Poe/, est paru en 2007 (La Dame d'onze heures ).
Écrit à présent sous le nom d'Aurélie Foglia.
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