George Sand fut peintre elle-même. L'étude de sa production artistique
révélera un talent constant et une imagination des plus attachantes,
mais ce fut principalement la découverte de ses « dendrites » qui
conféra à son art une particularité et une originalité singulières. Les «
dendrites », de technique simple faisant surgir des formes végétales ou
minérales suggérées par le hasard, s'obtiennent après la préparation
d'un fond humide où sont réparties des couches de couleur auxquelles on
rajoutait de l'eau. George Sand inter-venait alors au pinceau et parfois
au pouce entouré d'un chiffon puis plaquait un carton ou une vitre
qu'elle appuyait ensuite pour obtenir un effet précisé et complété à
l'aquarelle au gré de son imagination.
La peinture fut aussi pour la romancière source d'inspiration au sein de
son expression littéraire. Les peintres exercèrent, de même, une
influence sur les écrits de George Sand, dont la vie et l'oeuvre attira
tant les peintres que les caricaturistes.
L'admiration de la jeune Aurore pour la peinture italienne fut encore
renforcée au cours de ses voyages en Italie. George Sand put alors y
découvrir les oeuvres magistrales de Michel-Ange, Titien, Raphaël et
leurs influences. La romancière se rendit également plusieurs fois aux
Salons de peinture parisiens, où elle put admirer les oeuvres de Corot,
dont elle appréciait la finesse et la poésie. Elle visita, en outre, les
ateliers d'Horace Vernet et de Delacroix ainsi que les musées du Louvre
et du Luxembourg où elle découvrit le Tintoret et Rubens.
Sa conscience intuitive et ses connaissances de l'art pictural lui
firent reconnaître le génie et pressentir l'art à venir. George Sand
côtoya ainsi de nombreux peintres de son siècle : Eugène Delacroix, la
grande figure de la peinture romantique française, Théodore Rousseau,
chef de file de l'École de Barbizon, mais aussi Eugène Grandsire, Jules
Dupré, Jules Véron, Charles Jacque, les peintres « familiers » de Nohant
: Eugène Lambert, Alexandre Manceau et Léon Villevielle, les graveurs
Luigi Calamatta et Gustave Doré ainsi qu'Eugène Fromentin, à la fois
peintre orientaliste et écrivain.
Docteur ès Arts de l'université Paris-Sorbonne, peintre, sculpteur, éprise de théâtre, Sophie Martin-Dehaye, s'attache plus particulièrement, aujourd'hui, à l'étude de la place des femmes dans l'art. Sa thèse d'histoire de l'art, intitulée George Sand et les milieux picturaux, dirigée par M. Bruno Foucart, professeur à la Sorbonne, a été récrite pour un public amateur et l'auteur nous en livre ici une version remaniée et élargie.
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