Dans une épigramme adressée à sa femme, Martial écrivait : "je veux bien
que tu sois une Lucrèce pendant le jour tout entier, mais c’est une
Laïs qu’il me faut la nuit". Il décrit en vers tout le paradoxe de
l’érotisme féminin dans l’antiquité romaine. Comme une même femme ne
peut pas être tout à la fois le parangon de la chasteté et une amante
débauchée, Virginie Girod montre comment les femmes furent classées en
catégories, selon leur statut social qui définissait ainsi ce qu’il leur
était possible de faire ou non dans leur vie sexuelle. La "matrone" se
trouve cantonnée dans son rôle reproducteur de l’élite, et il est rare
qu’elle soit un objet érotique. Ce dernier rôle est rempli auprès du
mâle romain par des esclaves, des affranchies, des courtisanes : il n’y a
même pas adultère en pareil cas. Le statut social détermine totalement
la sexualité et l’imaginaire qui va avec. Rien de plus étranger à cette
société dure et fermée que l’épanouissement personnel. Le corps érotique
et le corps reproducteur étaient-ils deux choses résolument différentes
ou pouvaient-ils se réunir dans une improbable symbiose ? Comment la
sexualité était-elle vécue au quotidien selon que l’on était une femme
honnête ou non ? Que représentaient en réalité la sexualité et ses
pratiques aux yeux des Romains ? Les Romains du Ier siècle ont-ils
vraiment été les personnages débauchés, prompts à commettre toutes les
transgressions pour le plaisir de leurs sens comme veulent nous le faire
croire les péplums du XXe siècle ou ont-ils été les artisans de notre
société occidentale en imaginant des normes sexuelles qui sont les
ancêtres de celles d’aujourd’hui ? A l’aide d’une documentation
considérable, Virginie Girod répond à ces questions pour apporter une
nouvelle réflexion sur ce que certains ont appelé l’émancipation
féminine des Romaines.
La sexualité dans la Rome antique (Sylvie Laigneau-Fontaine, Géraldine Puccini & Virginie
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire