samedi 30 avril 2011

Conférence sur le livre de Virginie Girod - La sexualité dans la Rome antique

 

La sexualité dans la Rome antique

Les mythes fondateurs de Rome ont-ils induit des pratiques sexuelles particulières ? Ces pratiques ont-elles évolué entre la République et l'Empire ? Y a-t-il eu un bouleversement des rapports sexuels entre hommes et femmes à l'époque d'Auguste ?

Fresque érotique provenant de la maison des Vettii à Pompei, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en 1997.
Fresque érotique provenant de la maison des Vettii à Pompei, classée au Patrimoine mondial de l'Unesco en 1997. Crédits : Dea / Archivio J. Lange - Getty

Pour connaître la vie sexuelle des Romains, n'ayant pas de témoignages autobiographiques, nous sommes souvent contraints de nous appuyer sur des représentations littéraires ou des légendes, qui nous éloignent obligatoirement de la réalité vécue. On peut aussi s'appuyer sur des sources juridiques, des textes médicaux ou philosophiques, qui peuvent apporter un point de vue complémentaire, mais ce n'est dans tous les cas jamais exhaustif, comme le souligne Géraldine Puccini.

Des pratiques sexuelles romaines

Pour parler de sexualité dans la Rome antique, il faut avant toute chose se remettre en tête deux points importants, pour éviter toute forme d'anachronisme. D'abord, le fait que la sexualité romaine est totalement phallocentrique : on ne conçoit pas de sexe sans pénis et sans pénétration. Ensuite, le fait que le terme même de sexualité n'existe en réalité pas à cette époque, pas plus donc que l'hétéro- ou l'homosexualité. Ces catégories modernes ne correspondent pas du tout à la sexualité antique, en tant qu'elles sont fondées sur le sexe biologique du partenaire, alors que ce qui compte dans la Rome antique, c'est d'une part le statut social, et d'autre part le rôle (actif ou passif) joué dans la relation sexuelle.

Rappelons par ailleurs que la sexualité romaine est marquée par une forte dichotomie : les matrones romaines ne sont chargées que du sexe à visée procréative, alors que les prostituées, elles, sont chargées du sexe du plaisir - c'est à elles qu'il revient d'apaiser les pulsions sexuelles des Romains. De surcroît, des règles très strictes encadrent l'acte sexuel : il faut se retirer du regard des autres - même au bordel -, et la nudité complète ne peut être que le fait des prostituées, les matrones devant quant à elles toujours garder une nuisette.

Quant à l'apprentissage de la sexualité, il se fait pour les jeunes garçons uniquement, puisque la jeune fille romaine ne doit découvrir la sexualité que lors de sa nuit de noces - nuit où elle est conduite au lit nuptial par la pro-nuba, une matrone qui lui donne quelques conseils juste avant la rencontre avec son futur mari. Les jeunes hommes, en revanche, sont encouragés pendant leur célibat à s'éduquer auprès de prostituées, de courtisanes, ou d'affranchi(e)s : auprès de femmes qui connaissent déjà bien le sexe. 

  https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-l-histoire/histoire-de-la-sexualite-44

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