mercredi 13 avril 2011

Livre - Les guerres de religion, 1559-1629 - Nicolas Le Roux


 De 1559 à 1629, le royaume de France vécut une séquence historique particulièrement dramatique. Le Roi Très-Chrétien, qui s'engageait lors de son sacre à défendre l'Église et à exterminer les hérétiques, régnait désormais sur un pays profondément divisé par la question religieuse. Les protestants constituaient environ 10 % de la population française au début des années 1560. Les monarques étaient des jeunes gens incapables de gouverner par eux-mêmes ou des princes déconsidérés aux yeux de leurs sujets. En dépit des efforts de Catherine de Médicis et du chancelier Michel de L'Hospital, qui accordèrent aux protestants la liberté de culte, le royaume sombra dans un chaos sans précédent. Les exactions se multipliaient, les batailles se succédaient et les massacres culminèrent en 1572, au moment de la Saint-Barthélemy. On assista même par deux fois à cette forme inouïe de violence qu'est le régicide, avec l assassinat d Henri III en 1589 et celui d Henri IV en 1610. Grâce à l édit de Nantes, les protestants finirent par bénéficier d'un régime de tolérance limitée, mais la religion de Calvin était désormais réduite à une toute petite minorité de fidèles dont le nombre ne cessa de décroître. Les troubles reprirent dans les années 1620, quand l'esprit de croisade souffla de nouveau, mais l'énergie de reconquête prit aussi d'autres formes, moins belliqueuses, et l'on assista, au cours des premières décennies du XVIIe siècle, à un renouvellement remarquable des formes de la piété catholique. Temps de crise sans précédent, les guerres de Religion constituent paradoxalement le creuset de la monarchie absolue d'Ancien Régime, qui se construisit justement sur les ruines d un royaume déchiré par l'intolérance. Il fallait que le pouvoir royal soit désormais investi d une puissance transcendante incontestée capable d'assurer la stabilité de l'État par-delà les questions confessionnelles. Henri IV était ainsi parvenu à reconstituer l'unité du royaume autour de l'idéal d'obéissance à la figure royale, et son fils, Louis XIII, bénéficia de ses succès pour achever de créer une monarchie puissante capable de s imposer sur la scène européenne. C'est l'histoire de ces déchirures et de ces mutations que ce livre retrace.

 

 


1 Cet ouvrage de l’historien Nicolas Le Roux s’inscrit dans un grand projet éditorial : la publication d’une Histoire de France en 13 volumes sous la direction de Joël Cornette visant à tirer parti des acquis les plus récents de la recherche et de l’historiographie pour apporter un regard renouvelé sur chaque période concernée. La chronologie choisie ici n’est pas classique, du moins pour sa borne postérieure. En effet, s’il est coutumier de faire remonter l’origine des « troubles » à la mort accidentelle du roi Henri II lors d’un tournoi festif, on considère généralement que c’est la signature de l’édit de Nantes en avril 1598 qui consacre la fin des conflits et le retour de la concorde. Toutefois, des germes de dissension subsistent et la cohabitation des deux religions ne s’opère pas sans mal. Sous le règne de Louis XIII, des foyers de révolte se rallument dans les villes à majorité protestante de l’Ouest et du Midi, alors que des émeutes éclatent dans certains centres urbains. L’assassinat d’Henri IV lui-même sous le couteau d’un fanatique exalté n’a pas été exempt de mobiles religieux, même si on a pu y déceler d’autres causes. C’est pour ces motifs que le responsable éditorial et le rédacteur de l’ouvrage considèrent que c’est avec la prise de La Rochelle, dernier grand bastion de la résistance, en octobre 1628 et avec la signature de l’édit de grâce d’Alès l’année suivante que les guerres de Religion en France prennent vraiment fin.

2 Pour analyser cette période dramatique, pleine de « bruit et de fureur », et, contrairement au héros shakespearien, tenter d’en dégager une signification, Nicolas Le Roux a choisi une présentation chronologique détaillée avec plus de 330 pages de textes décrivant avec précision et clarté les événements qui se sont succédé de l’avènement du jeune et maladif roi François II en 1559 à la reddition des Huguenots cévenols révoltés en 1629, tandis que le principal chef protestant, Rohan, s’exile à Venise. C’est sans doute la meilleure voie pour percevoir les caractéristiques de ces conflits successifs à durée variable (huit pour la période « classique » s’étendant de 1562 à l’édit de Nantes, puis quelques campagnes menées par Louis XIII et son ministre Richelieu) et discerner les éléments clés des différentes étapes. Ainsi, par exemple, le massacre de la Saint-Barthélemy radicalise les positions des factions et fait naître de nouveaux discours promouvant un droit de résistance et une monarchie mixte ; la mort du frère cadet d’Henri III, le duc d’Anjou, en juin 1584, déclenche une grave crise de succession qui ne pourra se résoudre que par la conversion d’Henri de Navarre. Ce récit est agrémenté en outre par 126 illustrations, qui nous montrent de nombreux visages de l’époque (dont les magnifiques dessins de l’atelier de Clouet), des scènes dramatiques ou festives, des créations artistiques, par 26 encadrés qui nous rapportent les points de vues des contemporains sur les événements (extraits de lettres, de mémoires, d’actes officiels ou de pamphlets) et par 14 cartes qui permettent principalement de suivre les opérations militaires. Le lecteur trouvera également en fin de volume 84 notices biographiques des principaux acteurs de la période, les généalogies des derniers Valois, des Bourbons, des Montmorency et des Lorraine-Guise, 8 pages de repères chronologiques et 15 pages de bibliographie recensant les ouvrages les plus récents. Un seul regret dans un ensemble aussi précis et aussi documenté : quelques erreurs se sont glissées dans les légendes de trois cartes, ce qui diminue un peu leur lisibilité. Ainsi, dans celle relatant la troisième guerre de Religion, la bataille d’Arnay-le-Duc, datée de septembre 1570 (au lieu de juin), semble se dérouler après la conclusion de l’édit de pacification de Saint-Germain (8 août) (p. 109) et, dans celle relatant la cinquième guerre, les villes marquées d’un carré jaune sont désignées comme « Place de sûreté accordée par l’édit de Saint-Germain », alors qu’il s’agit de l’édit de Beaulieu (1576) (p. 169).

3 Les recherches antérieures de Nicolas Le Roux l’ont rendu familier avec cette période et plus précisément avec la Cour du dernier des Valois, Henri III. Dans son volumineux ouvrage, La faveur du roi. Mignons et courtisans au temps des derniers Valois (vers 1547 – vers 1589), paru aux éditions Champ Vallon en 2000, l’historien s’est, en effet, attaché à analyser le système de la faveur royale loin des clichés qu’avaient suscités une abondante littérature pamphlétaire où mignons fraisés et surpoudrés jouent au bilboquet. Une enquête passionnante a dévoilé un monarque soucieux d’instaurer de nouvelles techniques gouvernementales lui permettant de contrôler les réseaux et les clientèles et de court-circuiter les pouvoirs concurrents (princes du sang et nobles les plus influents). Puis, plus récemment, dans Un régicide au nom de Dieu. L’assassinat d’Henri III, paru chez Gallimard en 2006, Nicolas Le Roux a analysé les circonstances et les discours qui ont rendu possible cet acte inouï : un moine portant la main sur l’oint du Seigneur le 1er août 1589. Si, comme le dit Joël Cornette en préface, la connaissance historique de la période des guerres de Religion « a été profondément renouvelée depuis vingt-cinq ans » (p. 7), les personnages de Catherine de Médicis et de son fils Henri III ont été parmi les grands bénéficiaires de cette reconsidération. Ainsi Nicolas Le Roux s’inscrit dans cette lignée d’historiens, tels Pierre Chevallier, Jacqueline Boucher et Jean-Marie Constant, qui ont tendu à réhabiliter l’image du dernier des Valois, mal aimé et mal compris, victime d’une légende noire alimentée aussi bien par les écrits réformés que par ceux des ligueurs. Une large partie du chapitre 4 du présent ouvrage, intitulé « Majesté et Pénitence », est d’ailleurs consacrée à la personnalité de ce souverain qui conserve ses zones de mystère et d’ambiguïté. Catholique fervent, s’adonnant à des pratiques pénitentiaires souvent extrêmes, voire sacrificielles, il est incompris de ses contemporains, devient même un objet d’opprobre pour les ligueurs qui le diabolisent. Son opinion élevée de la fonction royale et les réformes qu’elle entraîne lui aliènent une large portion de la noblesse, attachée à ses privilèges. L’image de son successeur, le Vert Galant, le « bon roy Henry », bénéficie du contraste et sa popularité, née notamment de ses succès militaires, en sort renforcée. Sa personnalité n’est cependant pas aussi transparente qu’elle pourrait sembler à première vue, puisque l’on peut notamment s’interroger sur la sincérité de ses convictions religieuses.

4 Cette excellente connaissance des acteurs de la période permet à Nicolas Le Roux de brosser leur portrait en quelques traits précis, de comprendre les réseaux (les liens du sang ou les mariages jouent souvent un rôle non négligeable), les alliances, les défections, les hésitations. On peut aussi se familiariser avec le parcours de certains personnages moins connus, ainsi cette femme de ligueur parisien, Madame Acarie, qui travaillera à l’établissement des carmélites réformées en France et viendra grossir leur rang sous le nom de Marie de l’Incarnation. Elle sera béatifiée en 1791, bien que la vigueur de sa foi s’accorde mal avec notre conception contemporaine de tolérance et de charité chrétienne : elle s’exclama en effet : « O que si j’avais le dernier hérétique au cas qu’il ne se voulût convertir, je l’écraserais avec ma potence ». Des exemples personnels, particuliers, emblématiques, viennent enrichir le tableau des événements historiques : on apprend ainsi comment Philippe Duplessis-Mornay et Charlotte Arbaleste, deux jeunes huguenots tous deux pris au piège parisien de la Saint-Barthélemy, parviennent à échapper au massacre, suite à de nombreuses péripéties, pour se rencontrer deux ans plus tard à Sedan, place forte aux mains d’un réformé, le duc de Bouillon, et devenir mari et femme. Le parcours de François Le Clerc du Tremblay, plus connu sous le nom de père Joseph, l’« éminence grise » du cardinal de Richelieu, et sa vocation exemplifient l’élan de piété de nombreux catholiques à la fin du XVIe et début du XVIIe siècle et le rôle joué par l’ordre qu’il rejoint, les Capucins, dans l’élan de reconquête tendant à évangéliser les campagnes et à obtenir la conversion des réformés.

5 On dénote de la part de l’auteur une grande sensibilité au domaine de la symbolique : celle des mots – explication étymologique des termes « huguenot » (p. 16) ou « massacre » (p. 69) – aussi bien que celle des objets, des couleurs, des attitudes. Cela lui permet de commenter non seulement une grande partie de la riche iconographie – par exemple le superbe Triomphe de l’hiver du peintre Antoine Caron, qui s’inscrit dans l’imagerie de l’harmonie retrouvée –, mais également de décrire, avec une précision cinématographique, de grands moments du rituel de la Cour : l’entrée de Charles IX à Paris après son mariage avec Elisabeth d’Autriche, les fêtes pour les noces d’Henri de Bourbon et de Marguerite de Valois ou celles qui suivent les noces du duc de Joyeuse et de Marguerite de Lorraine-Vaudémont, au cours desquelles le Ballet comique de la Reine consacre la défaite de Circé et le triomphe de la Raison et des Vertus. Cette profusion de détails n’obéit pas à un souci esthétisant, mais vise à nous faire appréhender les cadres de pensée des hommes vivant à cette époque. C’est à cette même fin que visent les lignes consacrées aux œuvres littéraires marquantes de la période : les Essais de Montaigne, l’Astrée d’Honoré d’Urfé ou, dans un autre registre, l’Introduction à la vie dévote de Saint François de Sales. Nous présentant, d’une part, l’idéal de concorde prôné par la monarchie, un idéal qui doit beaucoup aux préceptes néoplatoniciens, Nicolas Le Roux rapporte, d’autre part, les violences catholiques – de la Saint-Barthélemy à la Ligue parisienne – à un horizon d’angoisse eschatologique où elles ont une fonction purificatrice. Du côté huguenot, les exactions obéissent à un motif pédagogique en « touchant des cibles exemplaires » : églises, tombeaux, images, mais également prêtres et religieux. Cette vision s’inscrit dans la lignée des travaux de l’historien Denis Crouzet.

6 Les deux transformations les plus notables de cette période, décrite comme un « moment clé de l’histoire de France », concernent la figure du souverain et la modification des pratiques religieuses. La royauté, affaiblie sous les règnes des derniers Valois, aux prises avec les attaques virulentes des monarchomaques après les massacres de 1572, désacralisée et diabolisée suite au meurtre des Guise, sort renforcée sous les Bourbons et s’engage dans la voie de l’absolutisme. Monarque de droit divin, resacralisé par ses victoires et la paix instaurée, nouveau David, Mars ou Hercule, Henri IV se présente comme « seul maître de la loi », mais aussi « seul garant de l’ordre ». L’obéissance du sujet devient une vertu indispensable au maintien de l’équilibre retrouvé. La piété, quant à elle, prend des voies plus intimes et plus personnelles, même hors des milieux réformés. Elle tend « à se replier sur elle-même », quittant de plus en plus la sphère publique pour rejoindre le domaine privé.

7 En accord avec le projet éditorial, le livre se conclut par un dernier chapitre intitulé « L’atelier de l’historien. Ecrire l’histoire des guerres de Religion », dont l’objectif est de voir comment se construit l’histoire, comment naissent les problématiques et les débats et comment ils évoluent soit par l’enrichissement en nouveaux matériaux, soit par de nouvelles interrogations qui reflètent les préoccupations d’une période ultérieure. Il est composé de trois volets. Le premier est consacré aux sources. Comme celles-ci constituent un corpus volumineux pour l’époque étudiée, Nicolas Le Roux a préféré s’intéresser à un seul type, les mémoires, particulièrement abondants pour une période que ses contemporains ont perçue comme exceptionnelle. On possède ceux de personnages célèbres, proches de la Cour, tels le capitaine Blaise de Montluc, le secrétaire d’Etat Villeroy, les compagnons d’Henri IV Duplessis-Mornay et Sully, Marguerite de Valois, le chancelier Cheverny, Agrippa d’Aubigné, mais aussi de simples particuliers, comme ceux de ce tanneur catholique du Puy-en-Velay, Jean Burel, ou de Claude Haton, curé de Provins. Les auteurs revendiquent sincérité et spontanéité, à l’encontre du travail des historiens décrit comme une mise en forme fabriquée des événements. Il faut toutefois tenir compte, bien sûr, du point de vue hautement subjectif de celui qui écrit et, parfois, du laps de temps écoulé entre les faits relatés et leur rédaction. Une section entière est consacrée à la biographie et à l’œuvre du Parisien Pierre de l’Estoile. Ses registres-journaux couvrent une période qui s’étend du 30 mai 1574 (mort de Charles IX) au 27 septembre 1611 (une dizaine de jours avant sa propre mort). Dans ce qu’il appelle le « magasin de mes curiosités », il collectionne de nombreux imprimés et tracts qui circulent dans la capitale, prend des notes durant les sermons, relate ses impressions et appréciations personnelles, puis dès 1606 tient un véritable livre de raison, revendiquant les Essais de Montaigne comme modèle. Elevé dans la religion catholique, qu’il ne devait pas renier, mais instruit par des maîtres protestants, L’Estoile, gallican et politique, a été assimilé à ces catholiques non confessionnels, à ces « fidèles entre deux chaires » pour reprendre l’expression de l’historien Wanegffelen.

8 Le deuxième volet traite de l’historiographie des guerres de Religion. Les premiers historiens contemporains des troubles, qu’ils soient réformés ou catholiques pacifistes, les présentent comme des guerres civiles « sous le prétexte de Religion ». Le véritable motif serait la soif de pouvoir de certains nobles (les Guise) ou le désir d’assouvir des vengeances privées (ce sont les points de vue d’Etienne Pasquier ou de Jean de Serres, notamment). Pour La Popelinière, le caractère naturellement belliqueux des Français serait en cause : ils auraient besoin d’un exutoire après la signature du traité de Cateau-Cambrésis. Du côté protestant, on trouve aussi l’édition de martyrologes et de compilations favorables à leur cause (les célèbres Mémoires de l’Estat de France sous Charles IX de Simon Goulart). La monumentale Histoire universelle de Jacques-Auguste de Thou incrimine elle aussi les ambitions mondaines des Grands. Catherine de Médicis, souhaitant maintenir la division, serait l’agent principal de la discorde. Henri III est présenté comme un roi faible, mené par sa mère et ses favoris, « méprisable à ses sujets », alors qu’Henri IV, cet « homme qui combat de pied ferme », fait figure de héros. Ce discours devient la vulgate des historiens écrivant sous les Bourbons, quoiqu’on puisse entendre quelques voix discordantes : celles d’Aubigné réfugié à Genève et du catholique François Racine de Villegomblain vantant les qualités du dernier Valois au détriment de son successeur. Alors qu’au XVIIe siècle on attribue à ces guerres des motifs politiques, au XVIIIe siècle, notamment sous l’influence de Voltaire, l’aspect religieux revient au premier plan : elles sont l’abominable fruit du fanatisme. C’est à ce moment que les troubles acquièrent définitivement l’étiquette de « guerres de Religion ». Et c’est sous cet éclairage que les lira Michelet au siècle suivant, identifiant protestantisme et Lumières, la Gaule Françoise de Hotman au Contrat social de Rousseau. A la même époque s’effectue un important travail d’édition de sources : mémoires, correspondances de souverains, d’ambassadeurs... Cela permet d’ouvrir le champ des recherches à d’autres domaines : à la diplomatie, aux académies de Charles IX et Henri III, à la piété pratiquée par ce dernier. Ces travaux ont fait figure de pionniers. La période porte toutefois encore souvent la marque d’une opposition entre esprit éclairé et positif des temps nouveaux et obscurantisme religieux de l’Ancien Régime. L’utilisation des nouvelles sources a cependant orienté les recherches et permis de renouveler la lecture de la période, notamment, comme cela a été dit plus haut, des figures royales (Catherine de Médicis, Henri III), mais également d’événements comme par exemple la Saint-Barthélemy.

9 Le troisième volet de cet atelier vise à présenter les recherches et les débats actuels, dont Nicolas Le Roux précise les thèmes privilégiés : « anthropologie de la violence », « conditions du choix religieux », « formes d’engagement et de révolte ». Emblématique de cette violence, on retrouve le massacre du 24 août 1572. Bien que le déroulement des événements puisse pratiquement être retracé instant après instant, il reste beaucoup de zones d’ombre : responsabilité des Guise, du duc d’Anjou, de l’Espagne, influence de la flambée des prix sur l’élément populaire, etc. Toutefois, aujourd’hui, loin de représenter une victoire du machiavélisme florentin, on n’hésite pas à voir dans la Saint-Barthélemy « le plus grand échec de Catherine de Médicis » (p. 519). Les historiens se sont aussi beaucoup penchés sur ces figures de l’accommodement que sont, dans un premier temps, les Moyenneurs, puis les Politiques (Etienne Pasquier, Pierre du Beloy), s’interrogeant dans quelle mesure leur action a contribué à créer une sphère politique autonome. Cette question a également suscité un examen attentif du régime de tolérance mis en place par l’édit de Nantes : pourquoi celui-ci a-t-il pu être accepté et appliqué alors que cela n’avait pas été le cas pour tous ceux qui l’avaient précédé, à compter de l’édit de janvier 1562 pourtant très proche dans sa teneur ? A cet effet, certains historiens (par exemple Mack P. Holt) ont analysé les mutations culturelles intervenues après quarante ans de cohabitation plus ou moins forcée au niveau des communautés urbaines. Un autre domaine de recherche est celui des formes d’expression du pouvoir monarchique, à travers ses manifestations publiques et son administration (étude du Parlement, des financiers, de la diplomatie). Le rôle de la noblesse – une classe subissant une profonde mutation – sa culture, ses formes de sociabilité, ses valeurs ont également fait l’objet de diverses recherches. Finalement, l’étude des pratiques et des sensibilités religieuses au sein de diverses communautés urbaines ou régionales se révèle également un champ fructueux permettant de mieux cerner les cadres mentaux des contemporains d’Henri III et d’Henri IV.

10 Prudent dans son approche, Nicolas Le Roux a brossé un tableau complet de la période, cherchant à y apporter les couleurs les plus exactes et les plus précises. Il offre un excellent instrument à l’amateur éclairé pour mettre à jour ses connaissances et au chercheur pour orienter ses investigations.

 

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