Rome : un fantasme, une énigme, un grand livre d’images qui a traversé les siècles, jusqu’aux séries d’aujourd’hui, aux jeux vidéo ou aux bandes dessinées. Dès la Renaissance, artistes et écrivains n’ont cessé en effet de puiser à la source intarissable de l’Antiquité. Gustave Flaubert dédia plusieurs années de son existence à la rédaction de Salammbô, Federico Fellini retrouva son énergie créatrice lors du tournage du Satyricon, Cléopâtre, Spartacus ou Jules César donnèrent au cinéma ses plus grands succès publics, l’empereur Hadrien fournit à Marguerite Yourcenar la matière d’un best-seller et Oscar Wilde érigea l’éphèbe Antinoüs au rang de porte-étendard homosexuel…
C’est l’objet de cet ouvrage que de montrer, à travers une dizaine d’œuvres d’art, comment la référence à l’histoire romaine a nourri l’imaginaire collectif occidental, dessiné les contours de notre univers culturel, structuré nos représentations politiques, notre conception de la religion, du destin, ou encore des rapports entre l’homme et la femme. Et comment l’effondrement de l’Empire n’a cessé d’être un miroir dans lequel les sociétés projetaient les angoisses de leur temps.
Rome, cette évidence...
Les mythes et les légendes ont la vie dure, surtout lorsqu'on parle de
Rome. Comment distinguer le vrai du faux dans une histoire qui se
confond avec la littérature ?. Pour Tite-Live il semble que c’est la
finalité didactique de l’histoire qui importe : « Ce qui est le plus
important et le plus profitable dans la connaissance de l’histoire,
c’est qu’elle fournit des exemples instructifs que l’on peut examiner
comme un monument du passé qui serait exposé en pleine lumière. » Peu
importe alors l’imprécision et l’inexactitude du récit ? Peu importe la
part de légende ? Il n’est pas toujours facile d’avoir une idée exacte
de la réalité du monde antique. Simplement parce qu'encore aujourd’hui
on a hérité de certains historiens, de certains poètes, de certains
artistes d'une coutume, celle de faire de Rome une œuvre d’art : un
espace d’éclosion de l’imaginaire, une tragédie dont le déroulement est
tout entier déterminé par la fin, un film qui nous fait passer par
toutes les émotions, une toile aux couleurs franches mais aux contours
flous qui nous saisit et nous interpelle. Bref, l’antiquité et
particulièrement l'antiquité romaine est un chef d’œuvre. Jean-Noël
Castorio, auteur de Rome réinventée, est interrogé par Mari-Gwenn
Carichon.
L'invité : Jean-Noël Castorio vient de publier Rome réinventée,
l'Antiquité dans l'imaginaire occidental, de Titien à Fellini aux
éditions Vendémiaire (448 pages, 24 €), qu'il introduit par le propos
choc suivant: L’antiquité n’existe pas. Il est maître de conférence en
histoire ancienne à l’université du havre et notamment connu pour deux
biographies : Messaline, la putain impériale (Paris, Payot, 2015, 463
pages, 26,00€) et Caligula au cœur de l’imaginaire tyrannique (Paris,
Ellipses, 2017, 480 pages, 24.50€).
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