La pensée commune peut bien associer mystique et silence, discours
mystique et ineffable, il est difficile, après La Fable mystique de
Michel de Cerceau, de s'interroger sur ces questions sans chercher à
articuler mystique et langage. C'est l'objet de ce volume, fondé sur un
pari herméneutique qui déplace la borne temporelle situant l'avènement
de la mystique aux XVIe-XVIIe siècles, et met en confrontation Moyen Age
et première modernité.
Il adopte une démarche pragmatique qui
privilégie une réflexion sur les langues et leur aptitude à favoriser
les mécanismes d'une littérature mystique, tout en s'interrogeant sur
les modalités du langage où s'exprime le discours mystique (modalité du
silence, codes et langue poétiques, fable). Une série d'études en miroir
clôt l'ensemble : s'y voient associés, d'une manière aussi audacieuse
que fructueuse, de grands noms de la littérature mystique : Maître
Eckhart et Jean de la Croix, Bonaventure et François de Sales, Bernard
de Clairvaux et Calvin.
Jean de la Croix : La Nuit obscure et La Montée du Carmel
Pour finir cette série de Carême sur les livres spirituels, il y a une
exception. Le Cantique spirituel, La Montée au Carmel, La Nuit obscure :
plus qu´un livre, c´est une oeuvre, et même, plus qu´une oeuvre, c´est
une expérience spirituelle. Si l´on devait ne retenir qu´un mystique, ce
serait son auteur, tellement il est éblouissant et tellement il a eu de
l´importance. Jean de la Croix, cet Espagnol du xvie siècle, qui fut
accompagnateur spirituel du couvent d´Avila et qui alterna oeuvres en
prose et poésies. Dans cette émission, vous découvrirez ses textes
fulgurants, à la limite de ce qu´on peut dire de Dieu et de l´expérience
mystique en compagnie des trois invités de Régis Burnet
Geneviève
Fabry, professeur et chercheur à la Faculté de philosophie et lettres de
l'université de Louvain, Jean Canavaggio, biographe et professeur
émérite de littérature espagnole de l'université de Paris X-Nanterre, et
comme pendant tout le Carême, le père François Potez, curé de
Notre-Dame du Travail à Paris.
La Foi prise au Mot du 14/04/2019.
Le présent volume est le fruit d’une collaboration au long cours entre médiévistes et modernistes – littéraires, historiens ou philosophes – ayant pour objet le discours mystique. Il est le deuxième d’une série de quatre : langage, sujet, institution, révélation. Dans la période qui mène du XIIe siècle au seuil des Lumières, le discours mystique s’offre comme un véritable carrefour, dont l’intelligibilité se déploie autour de ces quatre pôles pour former ce que Pierre Gire nomme un carré mystique. Le pôle du sujet est crucial, si l’on songe que la mystique est souvent définie comme une « connaissance expérimentale de Dieu » (Jean Gerson), qui engage l’homme dans un processus de transformation intérieure. L’union déifiante ou la vision jouent un rôle déterminant dans cette dynamique spirituelle, où l’individu s’éprouve en rencontrant le divin. Les études ici rassemblées s’interrogent sur les rapports entre expérience mystique et écriture du sujet, au Moyen Âge et durant la première modernité.
Professeur à l’université Paris Nanterre, Véronique Ferrer est spécialiste de la littérature des réformes (XVIe-XVIIe siècle). Marie- Christine Gomez-Géraud est professeur émérite à l’université Paris Nanterre, spécialiste de la littérature de pèlerinage au XVIe siècle et de la Bible de Castellion. Jean-René Valette est professeur à la Sorbonne, spécialiste des liens entre littérature des XIIe-XIIIe siècles et histoire des idées. Outre une introduction, le volume compte vingt-et-une contributions rédigées par Jean-Pierre Albert, Isabelle Bochet, François Boespflug, Olivier Boulnois, Christophe Bourgeois, Jacqueline Cerquiglini-Toulet, Dominique de Courcelles, Ralph Dekoninck, Alain Génetiot, Marie-Christine Gomez-Géraud, Patrick Henriet, Simon Icard, Marie-Clarté Lagrée, Marielle Lamy, Piroska Nagy, Benedetta Papasogli, Patrice Sicard, François Trémolières, Christian Trottmann, François Wallerich et Michel Zink.
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