Jeune lecteur de Walter Scott, Jacques Le Goff est parti très tôt à la
recherche du Moyen Age. Ce fut le début d'une longue aventure humaine,
spirituelle et concrète. Très vite il eut l'intuition de rencontrer un
monde à la fois très proche et très lointain.
Il nous offre aujourd'hui une synthèse de ses travaux et de sa longue fréquentation d'un millénaire capital. Refusant la légende « noire » du Moyen Age, comme les rêveries trop idéalisées, il fait revivre l'intense richesse d'une civilisation, marquée par l'Eglise chrétienne. Insistant sur la capacité d'innovation d'une culture qui se disait hostile à toute nouveauté, il n'hésite pas à évoquer de multiples « renaissances ».
Ce livre passionnant et très accessible dessine un Moyen Age ignoré, novateur, effrayé par les millénarismes et pourtant largement porté par l'espoir. Jacques Le Goff montre avec un immense talent que l'humanisme n'a pas attendu la Renaissance pour apparaître. Et que l'Europe à venir ne saurait s'inventer en oubliant son passé.
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Spécialiste internationalement renommé du Moyen Age, Jacques Le Goff,
héritier de l'Ecole des Annales, a été directeur d'études à l'Ecole des
Hautes Etudes. Ses ouvrages les plus célèbres sont La Civilisation de
l'Occident médiéval (Arthaud), La Naissance du Purgatoire (Gallimard),
Saint Louis (Gallimard), etc.
Ce livre a été réalisé avec la collaboration de Jean-Maurice de
Montremy. Journaliste, celui-ci collabore régulièrement à La Croix,
Livres Hebdo et au Magazine Littéraire.
Racines chrétiennes : le point de vue de Jacques Le Goff
Revendiquer les racines chrétiennes de l’Europe ou les nier ? Ce pseudo-débat, anachronique, revient régulièrement sur la scène médiatique. Alors que politiques et éditorialistes s’y écharpent, il serait bon de rappeler que le sujet relève avant tout du travail d’historien.
Le passé est ce qu’il est, ni plus ni moins. Reconnaître l’influence de
l’Eglise médiévale dans la société européenne ne veut pas dire vouloir
la reconduire, encore moins la juger. Laissons aux historiens le travail
de description de notre passé, et demandons à nos décideurs de
réfléchir plutôt à l’avenir – il y a largement de quoi faire.
Il s'agit en fait d'un entretien avec Le Goff (mené par Jean-Maurice de Montrémy).
D'abord sur les origines de sa passion pour le moyen-âge : Le Goff cite
ses professeurs, ses "maîtres" et influences, puis explique son cursus
universitaire et professionnel. Il parle également du métier de
médiéviste (difficulté de dater le début et la fin du moyen-âge,
importance des sources ... au passage, intéressant raisonnement sur la
délimitation d'époques en fonction du type de support écrit : pierre,
parchemin, papier ...)
Puis, à travers quelques grands thèmes (les marchands, le diable, le
rire ...), Le Goff nous expose les problématiques de ses principaux
livres. On a donc pour chacun d'entre eux, une sorte de résumé avec les
thèses abordées, les questions qui se sont posées au moment de son
écriture ... et bien sûr, à travers cette bibliographie commentée,
énormément d'informations sur le moyen-âge.
J'ai trouvé que Le Goff insistait énormément sur les apports de l'Eglise
à ce qu'il appelle la civilisation médiévale (il se présente pourtant
comme agnostique convaincu !). Il insiste sur le fait que l'Eglise du
moyen âge, en occident, n'est pas la totalité de l'Eglise. Les exégèses
de Thomas d'Aquin, St Augustin, St Anselme ... ont eu des répercutions
fondamentales sur les sociétés médiévales. Par exemple, l'incarnation
(rôle du fils dans la trinité) a une importance extrême, avec un souci
du concret, du matériel, de l'attente de la résurrection ... qui
caractérisent bien le XII-XIIIe siècle. Également, le positionnement de
l'Eglise par rapport au commerce et à l'argent.
Autre point important du livre : une réflexion sur la renaissance, ou
plutôt sur les renaissances qui ont marqué le moyen-âge (renaissance
carolingienne, puis au XIIe avec l'essor du commerce, etc). On retrouve
ici la même idée que chez Régine Pernoud : on attribue trop souvent à la
renaissance du XVIe et XVIIe les progrès du moyen-âge; alors que
l'humanisme s'est développé 400 ans plus tôt.
En bref, ce livre permet de parcourir les ouvrages de Le Goff en
comprenant leurs problématiques, ainsi que la problématique globable
dans laquelle ils s'inscrivent. Il ne reste ensuite qu'à les lire !
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