La nuit obscure " Plus les choses divines sont en soi claires et manifestes, plus elles sont naturellement obscures et cachées à l'âme. Il en est ici comme de la lumière naturelle : plus elle est claire, plus elle éblouit et obscurcit la pupille du hibou ; plus on veut fixer le soleil en face, et plus on éblouit la puissance visuelle et on la prive de lumière ; cette lumière dépasse la faiblesse de l'oeil. De même quand cette divine lumière de la contemplation investit l'âme qui n'est pas encore complètement éclairée, elle produit en elle des ténèbres spirituelles, parce que non seulement elle la dépasse, mais parce qu'elle la prive de son intelligence naturelle et en obscurcit l'acte. Voilà pourquoi saint Denis et d'autres théologiens mystiques appellent cette contemplation infuse un rayon de ténèbres. " Saint Jean de la Croix
--Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Le Cantique spirituel, c'est l'heure de l'aube mystique. Après le renoncement, le vide, le rien de La Nuit obscure, après la mortification que l'âme s'est imposée, vient le moment de la rencontre joyeuse avec Dieu, celle de l'âme " épouse " avec l'" Epoux ". Le Cantique spirituel est un poème du désir, une célébration de la sortie de la nuit vers la joie de l'exaucement, le passage des dernières angoisses à l'union des fiançailles et du mariage spirituels. " Là [mon bien aimé] me donna son coeur Là il m'enseigna une science pleine de suavité, Et moi je lui donnai en réalité Tout ce qui est à moi, sans rien me réserver, Là je lui promis d'être son Epouse "
Dans la Montée du Carmel, saint Jean de la Croix évoque ce qu'est pour lui l'itinéraire menant au Dieu vivant. Cet itinéraire est rude, mais cela ne signifie pas que l'ascèse soit un but. Si le dépassement du sensible est nécessaire pour atteindre au plein équilibre de l'homme, de même le dépassement de l'intelligence est nécessaire pour atteindre à l'illumination de l'esprit ; et c'est encore par le dépassement de la volonté, par la purification de la joie, de l'espoir, de la douleur et de la crainte, que peut être approché l'amour véritable.
Nul n'a mieux que Jean de la Croix parlé de la Nuit -- nuit des sens, nuit de l'esprit, nuit de la foi -- dans cet itinéraire qui débouche sur "la divine lumière qui surpasse tout entendement".
[RARE] JEAN DE LA CROIX – Une Vie, une Œuvre : De la mystique et de la Poésie (France Culture, 1985)
Saint Jean de la Croix Fontiveros 1542- Úbeda 1591 (en espagnol, Juan de la Cruz) a été un grand instructeur spirituel espagnol, contemporain et ami de Sainte Thérèse d'Avila; mystique, réformateur et poète, il a laissé une forte emprunte.
Juan de Yepes est né en Castille en 1542, à Fontiveros. Il perd son père très tôt, ce qui entraîne sa famille dans la misère.
Il fait d'abord ses études au collège des Jésuites. Il est très doué pour la peinture et la poésie. En 1563, il entre au couvent des Carmes et prend le nom de frère Jean de Saint-Mathias. Il fait des études à Salamanque et est ordonné en 1567.
Il rencontre alors Thérèse d'Avila, et ce sera une étroite collaboration entre les deux saints pour la réforme du Carmel, doublée d'une profonde amitié. Il quitte le drap des mitigés pour la bure de la réforme et prend le nom de Jean de la Croix.
En 1572, il est envoyé à Avila comme confesseur du monastère des carmélites mitigées de l'Incarnation, dont Thérèse avait dû accepter la charge de prieure. Mais la querelle entre réformés et mitigés se trouve relancée et se traduit, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1577, par l'enlèvement de Jean de la Croix. Il est emprisonné au couvent de Tolède.
Un beau jour, son gardien est remplacé par le frère Jean de Sainte Marie, qui lui procure du papier, de l'encre, puis du fil, une aiguille et des ciseaux. C'est grâce à lui que Jean de la Croix va pouvoir écrire dans un premier temps, puis s'enfuir plus tard. Il compose dans ces conditions difficiles quelques-uns de ses plus beaux poèmes, en particulier le Cantique spirituel.
De 1582 à 1588, il est prieur du couvent des Martyrs à Grenade et va produire une grande partie de son œuvre. Il sera béatifié en 1675, canonisé en 1726 et docteur de l'Église en 1926.
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